Avion russe abattu : malgré la faute de l'armée syrienne, la Russie menace Israël de représailles

Par latribune.fr  |   |  636  mots
L'Iliouchine Il-20 est un quadrimoteur russe de transport militaire. (Crédits : Kirill Naumenko / via Wikipedia (CC BY-SA 3.0))
Ce mardi matin, la Russie accusait directement la France et Israël d'être responsables de la mort des 14 personnes (15 en fait) qui se trouvaient à bord d'un de ses avions militaires abattu alors qui volait au large de la Syrie. La France avait démenti catégoriquement, Israël à son habitude ne faisant aucun commentaire. Mais les États-Unis avaient pointé du doigt un tir fautif de la défense antiaérienne syrienne. En début d'après-midi, la Russie a fini par en convenir mais rejette quand même la faute sur Israël.

[ Article publié le 18.09.2018 à 9:17, mis à jour à 13:48 avec nouvelle version russe]

Après avoir accusé dans un premier temps Israël et la France, le ministère russe de la Défense admettait finalement en début d'après-midi que l'appareil russe disparu des écrans radar cette nuit en Syrie, un Iliouchine Il-20, qui transportait 15 soldats, avait effectivement été abattu par une batterie antiaérienne de l'armée syrienne mais de façon accidentelle, confirmant ainsi très exactement l'interprétation donnée précédemment par les services américains.

Pourtant, la Russie, s'appuyant sur le fait que l'armée syrienne avait abattu l'appareil de l'allié russe de façon accidentelle, persistait à accuser Israël d'être responsable de la destruction de cet avion de reconnaissance russe, et convoquait dans la foulée l'ambassadeur israélien à Moscou pour évoquer cet incident qualifié d'acte hostile.

Menaces de représailles russes contre Israël

Moscou estime que l'aviation israélienne a délibérément créé une situation "dangereuse" dans le secteur de Lattaquié, alors que l'avion russe s'apprêtait à atterrir sur la base de Hmeymim, située dans la province du même nom.

"Nous considérons comme hostile cette initiative de l'armée israélienne", a dit Igor Konachenkov, porte-parole du ministère, dans un communiqué. "Du fait des actes irresponsables de l'armée israélienne, 15 militaires russes ont trouvé la mort. Ce n'est absolument pas conforme à l'esprit du partenariat russo-israélien."

Dans une déclaration à la télévision russe, Konachenkov concluait en ces termes :

"Nous nous réservons le droit de réagir par des mesures équivalentes."

La France sortie du collimateur russe ?

La France, qui avait démenti être la cause de la disparition de l'avion russe en Syrie, ne semble donc plus être la cible des autorités russes.

"Nous démentons toute implication", avait déclaré à Reuters le colonel Patrik Steiger, porte-parole de l'état-major des armées françaises, face aux premières accusations russes.

Des F-16 israéliens et la frégate française "Auvergne", accusés ensemble

Pour mémoire, ce mardi matin, à Moscou, le ministère russe de la Défense avait annoncé que l'un de ses avions militaires avec 15 personnes à bord avait disparu des écrans radar à environ 35 km des côtes syriennes, alors que les forces israéliennes et françaises menaient cette nuit des frappes aériennes contre des objectifs dans le pays.

Le ministère russe de la Défense avait déclaré que l'avion retournait à la base aérienne russe de Hmeymim, située dans la province syrienne de Lattaquié quand il a disparu des écrans radar vers 23h00, heure de Moscou (20h00 GMT).

"La trace de l'Il-20 sur les radars de contrôle aérien a disparu lors d'une attaque par quatre avions israéliens F-16 sur des installations syriennes dans la province de Lattaquié", a indiqué le ministère selon l'agence Tass, l'agence officielle d'information de la Russie.

Mais l'accusation s'était faite beaucoup plus précise pointant du doigt une possible responsabilité directe de l'armée française :

"Parallèlement, les radars du contrôle aérien russe ont détecté des tirs de roquettes à partir de la frégate française Auvergne repérée dans ce secteur."

Le sort des 15 personnes à bord de l'avion manquant reste inconnu. Une opération de sauvetage a été organisée à partir de la base de Hmeymim, a indiqué le ministère.

Un "tir ami" : l'interprétation des États-Unis était la bonne

Tôt ce matin, pour répondre aux accusations russes frappant la France et Israël, les États-Unis avaient affirmé que, d'après leurs observations, l'avion, un turbo-propulseur Iliouchine Il-20, avait été abattu par inadvertance par l'artillerie anti-aérienne du gouvernement syrien, qui faut-il le rappeler est l'allié de Moscou.

(Avec Reuters)