Brésil : le premier bilan économique de Bolsonaro entaché par un PIB décevant

Par AFP  |   |  528  mots
Le gouvernement est plus optimiste pour 2020, prévoyant une croissance de 2,4%, mais cette perspective devrait être revue à la baisse en raison de l'impact de l'épidémie de coronavirus sur l'économie mondiale. (Crédits : Reuters)
Alors que le président d'extrême droite avait admis, peu de temps après son investiture, que son équipe n'avait "pas le droit à l'erreur" sur l'économie, ce dernier doit faire face à une faible croissance du Produit intérieur brut en 2019.

Les chiffres officiels du PIB du Brésil en 2019 devraient confirmer, ce mercredi, une troisième année consécutive de croissance faible, voire pire que les deux exercices précédents, pour la première année de mandat de Jair Bolsonaro.

Les analystes consultés par le quotidien économique Valor tablent sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 1,1% en 2019, contre 1,3% en 2017 et en 2018, après deux années de récession historique (-3,5% en 2015 et -3,3% en 2016).

Le gouvernement est plus optimiste pour 2020, prévoyant une croissance de 2,4%, mais cette perspective devrait être revue à la baisse en raison de l'impact de l'épidémie de coronavirus sur l'économie mondiale.

Si l'Institut des statistiques (IBGE) confirme ce mercredi une croissance faible en 2019, alors que les prévisions du début d'année tournaient autour de 2,5%, il s'agira d'un revers important pour le gouvernement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro. Peu après son investiture, ce dernier avait admis que son équipe n'avait "pas le droit à l'erreur", sous peine, selon lui, de voir la gauche revenir au pouvoir.

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Après "l'euphorie", la "douche froide"

Son ministre de l'Économie ultra-libéral Paulo Guedes avait suscité l'euphorie des marchés il y a un an en promettant de mettre en place un ambitieux programme alliant cure d'austérité et privatisations pour assainir les finances publiques.

Il a obtenu un succès important en octobre en parvenant à faire approuver l'épineuse réforme des retraites, mais cela n'a pas suffit pour attirer un grand nombre de nouveaux investisseurs.

En novembre, d'importantes enchères pétrolières ont été snobées par les majors étrangères en raison de problèmes de transparence.

"Peut-être qu'il y a eu trop d'euphorie après l'approbation de la réforme des retraites. Les enchères pétrolières n'ont pas attiré de nouveaux investissements, une vraie douche froide", a expliqué à l'AFP Victor Beyrute du cabinet de consultants Guide Investimentos.

"Les gens commencent à comprendre que le Brésil est dans une période de transition et que les problèmes ne peuvent pas être résolus en un an", ajoute-t-il.

Sonnette d'alarme

En attendant que l'économie redécolle, ce pays de 210 millions habitants compte encore près de 12 millions de chômeurs.

Les résultats du troisième trimestre 2019 étaient pourtant encourageants, avec une croissance à 0,6%, alors que la plupart des analystes tablaient sur 0,4%.

Mais le PIB de l'an dernier devrait être plombé par un quatrième trimestre moins reluisant, à +0,5%.

La sonnette d'alarme avait déjà été tirée début février, avec les résultats de la production industrielle, en baisse de 1,1% en 2019, après deux années de hausse.

L'épidémie de coronavirus pourrait avoir un fort impact sur le PIB de 2020, affectant notamment les exportations de matières premières vers la Chine, premier partenaire commercial du Brésil.

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Plusieurs banques internationales ont déjà réduit leurs prévisions de croissance à la baisse, parfois même sous les 2%.