Brexit : un accord historique au pied du sapin

Après dix mois de négociations harassantes, l'Union européenne et le Royaume-Uni ont conclu jeudi un accord historique sur leur future relation commerciale, qui leur permettra d'éviter in extremis un "no deal" dévastateur pour leurs économies en fin d'année.
(Crédits : TOBY MELVILLE)

Un "bon accord, équilibré" et "juste" pour chaque partie selon Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne. Deux sources européennes ont confirmé à l'AFP que les négociateurs des deux camps, lancés depuis mercredi dans d'ultimes tractations, avaient trouvé un terrain d'entente. "Un accord est conclu", a indiqué une source du gouvernement britannique. La présidente de la Commission européenne et le négociateur européen Michel Barnier devaient donner une conférence de presse, a indiqué un porte-parole de l'exécutif européen.

L'aboutissement de ces laborieuses discussions, débutées en mars, permettra aux deux parties de s'épargner un "no deal" aussi embarrassant sur le plan politique que dommageable au niveau économique. Les négociations étaient depuis lundi entre les mains d'Ursula von der Leyen et du Premier ministre britannique Boris Johnson, qui ont échangé à plusieurs reprises pour tenter de sortir de l'impasse sur la pêche, ultime point d'achoppement des discussions.

Malgré son faible poids économique, le secteur de la pêche revêt une importance politique et sociale pour plusieurs Etat membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark ou l'Irlande. Mais les Britanniques veulent reprendre le contrôle de leurs eaux et en ont fait le symbole de leur souveraineté retrouvée après le divorce.

Les tractations se sont concentrées sur le partage des quelque 650 millions d'euros de produits pêchés chaque année par l'UE dans les eaux britanniques et sur la durée de la période d'adaptation pour les pêcheurs européens. Les Européens proposaient de renoncer à 25% de ce montant sur une période de six ans, selon une source européenne.

Dans leur dernière offre, les Britanniques accepteraient ce pourcentage, à l'issue d'une période de transition de cinq ans et demi, avec ensuite une renégociation annuelle des règles d'accès réciproque aux zones de pêche, selon une source proche de la négociation. L'accord entre la Commission européenne et le Royaume-Uni devra encore être validé par les Etats membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours.

"Une prouesse"

Il reste en théorie suffisamment de temps pour qu'un éventuel traité entre en application provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, aura définitivement abandonné le marché unique. Le texte, de près de 2.000 pages, serait alors validé a posteriori par le Parlement européen.

Sans accord, les échanges entre l'UE et Londres auraient été régis par les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane, de quotas, ainsi que de formalités administratives susceptibles d'entraîner des embouteillages monstres et des retards de livraison.

Un scénario noir pour le Royaume-Uni, déjà malmené par une variante plus virulente du coronavirus qui l'a isolé du reste du monde. Les autres sujets problématiques - la manière de régler les différends et les mesures de protection contre toute concurrence déloyale - avaient été réglés ces derniers jours.

La conclusion d'un texte en à peine dix mois -quatre ans et demi après le référendum de juin 2016 sur le Brexit - constitue une prouesse pour Londres et Bruxelles, surtout pour un accord de cette envergure qui prend en général des années.

Deux ans et demi avaient été nécessaires pour négocier le traité de retrait scellant le départ britannique, conclu fin 2019, un texte fournissant une sécurité juridique aux expatriés des deux côtés de la Manche et des garanties pour le maintien de la paix sur l'île d'Irlande.

Avec cet accord, l'UE offre à son ancien Etat membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommateurs.

Mais cette ouverture sera assortie de strictes conditions: les entreprises d'outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d'environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping. Des garanties existent aussi en matière d'aides d'Etat.

Un mécanisme permettra aux deux parties d'activer rapidement des contre-mesures, comme des droits de douane, en cas de divergences sur ces normes.

En cas de "no deal", le Royaume-Uni aurait perdu beaucoup plus que l'Europe: les Britanniques exportent 47% de leurs produits vers le continent, quand l'UE n'écoule que 8% de ses marchandises de l'autre côté de la Manche.

Commentaires 32
à écrit le 26/12/2020 à 19:22
Signaler
Accord à première vue équilibré. Le Royaume-uni n'aura pas le beurre et l'argent du beurre et c'est le principal.

à écrit le 25/12/2020 à 11:28
Signaler
Chacun se gargarise d'un accord historique ou celui qui dit que grace à lui…… En fait seul l'avenir nous dira ce que vaut l'accord. Je note deux commentaires qui montrent une grande différence de vision l'accord. Mme Merkel écrit "un bon accord ...

à écrit le 25/12/2020 à 10:44
Signaler
C'est d'abord le triomphe de la bureaucratie. Des centaines de milliers d'heures vont être payées à des experts pour "régler" les chicanes qui vont se multiplier. L'accord sur la pèche sera le seul respecté. Il fallait revenir à la situation d'ava...

à écrit le 25/12/2020 à 10:34
Signaler
Espérons que pour conclure un accord le jour de Noël 2020, ce symbole ne l'aura été dans la vitesse et la précipitation.

à écrit le 25/12/2020 à 9:44
Signaler
Finalement , pour un britannique, cela valait-il la peine de sortir de l'UE pour au final avoir les mêmes contraintes, fiscalité, normes, droit du travail etc...Ils vont récupérer dans 5 ans leur pêche, tout ça pour ça !

le 25/12/2020 à 11:06
Signaler
L' indépendance est un gros mot qui vous fait si mal que ça ? On ne peut vouloir à la fois : - une "nation indépendante" = dirigée par son peuple - une "nation européenne" = dirigée par des milliardaires via Bruxelles, Francfort, Washin...

à écrit le 25/12/2020 à 9:21
Signaler
Historique !?! .....pour cette pantalonnade interminable ? ...et la frontière migratoire elle va rester en France ? ....a Calais et alentours ? Les accords étant faits pour ne pas etre respectés (spécialité anglo-saxonne ! ) , il n'y a ...

le 25/12/2020 à 10:00
Signaler
Vous voulez donc une sortie de la France de L'UE pour arriver au même résultat que vous dénoncez dans votre commentaire ?

à écrit le 25/12/2020 à 1:52
Signaler
Comme quoi il était vain de vouloir effrayer les gens ! Le Royaume-Uni a voté son départ de l’UE. Eh bien il est parti. Et zéro droit de douane finalement pour accéder au marché de l’UE. Souveraineté retrouvée, liberté, contrôle repris. À nous de cho...

le 25/12/2020 à 10:05
Signaler
"Souveraineté retrouvée, liberté, contrôle repris. À nous de choisir notre destin." @ Gédéon. Avez-vous lu l'article ? Nos amis britanniques restent contraints au niveau du droit, de l'environnement et de la fiscalité par les normes européennes....

le 25/12/2020 à 10:55
Signaler
Oui j' ai bien lu l' article, propagandes pour ne pas se voiler la face, les anglais ont tout gagné et se gardent même le droit de fermer les frontières maritimes si aucun accord est trouvé dans un an. Les Échos rapportent avec dépit que l'accord...

le 26/12/2020 à 14:10
Signaler
La France aussi voudrait tous les avantages avec zéro inconvénient. Perfide Albion. Merkel et Barnier pilotent pour protéger les avantages des Allemands. Ils ont trahi les autres pays. A bas l'UE. Et ses carpettes eurocrates.

à écrit le 24/12/2020 à 21:18
Signaler
Pas de dumping économique pour les britanniques mais pas de problème pour les membres de l'UERSS tels que l'Irlande où résident les bulles techno américaines ou la TVA de 16 % pratiquement au plancher en Allemagne en exploitant des soviets de l'Est e...

à écrit le 24/12/2020 à 19:15
Signaler
LES BRITANNIQUES PROUVENT QUE L'UTOPIE EUROPÉENNE A UNE FIN Conformément à l'histoire millénaire, le Brexit confirme le rôle pionnier du Royaume-Uni dans la défense des Libertés et de la Démocratie et que ses choix préfigurent ceux des autres pays ...

à écrit le 24/12/2020 à 19:12
Signaler
"Avec cet accord, l'UE offre à son ancien Etat membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommateurs." Je ne comprends pas cette phrase... Est ce que cela veut dire que le Royaume-Uni continue d'a...

le 24/12/2020 à 20:09
Signaler
Si il y a accord commercial, c'est bon pour tout le monde, y compris l'UE.

le 25/12/2020 à 9:24
Signaler
.....le seul avantage sera pour les anglais qui ne seront plus soumis aux diktats de Bruxelles et continueront a commercer sans changements énormes .......Cherchez les pigeons ..........

le 25/12/2020 à 9:31
Signaler
.....le seul avantage sera pour les anglais qui ne seront plus soumis aux diktats de Bruxelles et continueront a commercer sans changements énormes ni droits de douane alors que l'UE paiera une taxe sur la pèche de 25 % ....!!! C'est un accord...

à écrit le 24/12/2020 à 19:07
Signaler
Un échec des négociations aurait été politiquement désastreux pour les deux camps. Il valait mieux donner le change et laisser le temps faire son œuvre. Cet accord bâclé est un pis aller qui ne durera ce que dure les engagements politiques, l'espace ...

le 25/12/2020 à 11:08
Signaler
Le XIXe me siècle et la guerre de l'opium sont terminés depuis bien longtemps. Lorsque vous vendez presque 50% de votre production à un marché bien plus grand que le votre, devinez qui a les plus gros moyens de pression en terme de normes, de lois...

le 25/12/2020 à 15:39
Signaler
C'est parce que vous raisonnez à petite échelle et à courte vue comme, hélas, la plupart des hommes politiques. Rdv dans dix ans.

à écrit le 24/12/2020 à 17:59
Signaler
Qui a bien négocié ? On devrait bientot le savoir : si le Royaume Uni commence à signer de gros accords commerciaux avec des pays hors EU, cela voudra dire qu'il pourra introduire leurs produits en EU par la frontière poreuse de l'Irlande du Nord. D...

le 25/12/2020 à 20:27
Signaler
Faut arrêter les psychotropes! Ca fait si mal que ça ?

le 25/12/2020 à 20:59
Signaler
@ Bara Vous écrivez: "l'UE aura à ses portes un contrebandier redoutable qui collera "made in UK" sur tout ce qui viendra des USA, du Japon, de Chine, Inde, etc." Citation des echos à propos du deal: "Parmi les exceptions possibles (à l'a...

à écrit le 24/12/2020 à 17:58
Signaler
Comme si ça pouvait finir différemment vus les enjeux ! suspense à 2 balles ; on nous prend vraiment pour des jambons ... ou alors serions nous des veaux ?

à écrit le 24/12/2020 à 17:47
Signaler
Enfin le feuilleton se termine! A qui le prochain? Pas aux français, on les a bien manipulé par un clivage interne, ils ne feront pas le rapprochement !

le 24/12/2020 à 22:06
Signaler
Les Français ? Impossible. Nous avons besoin de l'Euro. Nous sommes trop drogués à la dépense publique et trop payé pour une production de moyenne gamme. Avec toutes ces tares, si on revient au Franc, notre monnaie s'écroulera en un éclair. Les Angl...

à écrit le 24/12/2020 à 17:39
Signaler
Les détails svp de cet accord fabuleux.... On pourra juger sur pièce

le 25/12/2020 à 9:33
Signaler
Vous risquez d'etre TRES déçu ! les pigeons sont toujours a Bruxelle !

à écrit le 24/12/2020 à 17:01
Signaler
Ben voilà c'est pas bien compliqué de sortir de l'UE

à écrit le 24/12/2020 à 16:58
Signaler
On aimerait avoir les détails de cet "accord historique".

le 25/12/2020 à 7:51
Signaler
@ONC. Les peuples n'ont pas voix au chapitre. Faudra vous le rappeler combien de fois ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.