Crise mer d'Oman : l'Iran accuse les Etats-Unis

Par AFP  |   |  488  mots
(Crédits : KYODO Kyodo)
Ali Larijani, président du parlement iranien, a directement mis en cause Washington dans les attaques des deux tankers en mer d'Oman. Il estime qu'il s'agit d'un coup monté par les Etats-Unis en réaction à l'inefficacité du retour des sanctions économiques.

Le président du Parlement iranien a insinué dimanche que les Etats-Unis étaient derrière les attaques "suspectes" ayant visé jeudi deux navires en mer d'Oman, dans la région du Golfe, selon l'agence de presse officielle iranienne Irna.

"Il semble que les actions suspectes sur des tankers en mer d'Oman complètent les sanctions économiques [américaines contre l'Iran] car [les Etats-Unis] n'ont atteint aucun résultat avec ces sanctions", a déclaré Ali Larijani dans un discours au Madjles (Parlement) tel que rapporté par Irna et l'agence de presse semi-officielle Isna.

Comparaison avec Pearl Harbor

Selon ces deux médias, M. Larijani a soutenu cette insinuation en affirmant que durant "la Seconde Guerre mondiale", les Etats-Unis "visaient leurs propres bateaux près du territoire japonais afin de pouvoir justifier leur hostilité" envers Tokyo, qui était un allié du régime nazi d'Hitler.

Pays non-belligérant au début du deuxième conflit mondial, les Etats-Unis sont entrés en guerre après le raid surprise de l'aviation japonaise du 8 décembre 1941 contre la base américaine de Pearl Harbor à Hawaii, dans l'océan Pacifique.

Un méthanier japonais, le Kokuka Courageous, et un tanker propriété de la compagnie Frontline cotée à la Bourse d'Oslo, le Front Altair, transportant du naphta, ont été stoppés jeudi en mer d'Oman par des explosions d'origine inconnue alors qu'ils faisaient route vers l'Extrême-Orient.

Ryad fait bloc derrières Washington

Dès jeudi, Washington a accusé Téhéran d'être responsable de ces attaques, qui ont eu lieu alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe se trouvait à Téhéran pour des discussions destinées selon lui à faire baisser les tensions entre les ennemis jurés que sont la République islamique d'Iran et les Etats-Unis.

En échos, l'Arabie Saoudite a également menacé l'Iran. "Le régime iranien n'a pas respecté la présence du Premier ministre japonais à Téhéran et a répondu à ses efforts en attaquant deux pétroliers, dont l'un était japonais", a déclaré le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, dans une interview au quotidien Asharq al-Awsat publiée dimanche.

"Nous ne voulons pas une guerre dans la région (...) Mais nous n'hésiterons pas à réagir à toute menace contre notre peuple, notre souveraineté, notre intégrité territoriale et nos intérêts vitaux", a-t-il averti.

Téhéran évoque "une coïncidence suspecte"

Téhéran dément toute implication dans ces attaques. Jeudi, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, avait jugé hautement suspecte la coïncidence entre l'attaque des tankers et la visite de M. Abe à Téhéran, la première d'un chef de gouvernement japonais en Iran depuis 1978.

Le lendemain, M. Zarif avait déclaré que la rapidité avec laquelle Washington avait accusé l'Iran d'être derrière les attaques en mer d'Oman dénotait une volonté manifeste de "sabotage diplomatique".