Dette : les États-Unis sont à sec, Yellen somme les républicains d'arrêter de jouer avec le feu

Par latribune.fr  |   |  650  mots
(Crédits : JONATHAN ERNST)
Les États-Unis sont dans l'incapacité à émettre de nouveaux emprunts pour se financer si la limite actuelle de 28.400 milliards de dollars n'est pas rehaussée. Dimanche, la secrétaire américaine au Trésor a lancé un nouvel avertissement au Congrès pour les exhorter à relever le plafond de la dette, au risque de provoquer le "shutdown", et à sa suite, "une crise financière historique".

La situation devient alarmante, l'opposition systématique du GOP (Grand Old Party, comprendre le parti républicain) commence à donner des sueurs froides à l'administration Biden. Dimanche, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, a lancé un nouvel avertissement au Congrès des États-Unis pour exhorter ses représentants à cesser la guerre de tranchées et à voter de manière bipartite le rehaussement du plafond de la dette des Etats-Unis, au risque de provoquer "une crise financière historique".

Dans un éditorial publié par le Wall Street Journal, elle a rappelé au Congrès que son inaction en 2011, sous Obama, avait provoqué une menace de défaut de paiement qui avait entraîné une dégradation de la note du pays.

Fin juillet déjà, dans une lettre au Congrès, Janet Yellen avait averti que la dette du pays atteindrait sa limite légale le 1er août, et que, le temps que les législateurs reviennent de leurs vacances d'août, les États-Unis pourraient se retrouver dans la terrible perspective de manquer à leurs obligations. Elle estimait que le département du Trésor pourrait être à court d'argent d'ici au mois d'octobre, dans quelques jours donc.

Le plafond de la dette - la limite actuelle est de 28.400 milliards de dollars-, a été atteint en  le 1er août, et seul le Congrès a la prérogative de le relever. Tant que ce plafond n'est pas rehaussé, il interdit aux Etats-Unis d'émettre de nouveaux emprunts pour se financer.

"Les États-Unis n'ont jamais fait défaut"

"Cela précipiterait probablement une crise financière historique (...). Le défaut pourrait déclencher une flambée des taux d'intérêt, une chute brutale des cours des actions et d'autres troubles financiers", écrit la ministre des finances de Joe Biden.

Ce relèvement fait régulièrement l'objet de bras de fer politiques au Congrès. Depuis les années 60, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu quelque 80 fois.

Face au danger de cette impasse, les analystes de Wall Street et les chefs d'entreprise, ont émis ces dernières semaines des avertissements pour alerter l'opinion et les élus d'un risque croissant de défaut technique, dans lequel le gouvernement pourrait ne pas être en mesure d'effectuer tous ses paiements réguliers dans leur intégralité et à temps. La menace d'un tel défaut pourrait faire dérailler les marchés et nuire durablement à la croissance économique américaine.

Des millions d'Américains pourraient être à court de cash en quelques jours

De fait, Janet Yellen ne décrit pas autre chose dans son éditorial: c'est une cascade de catastrophes financières qui attend le pays si la capacité d'emprunt des Etats-Unis, afin de pouvoir honorer ses échéances, n'est pas relevée.

En quelques jours, des millions d'Américains seraient à court de cash (...). Près de 50 millions de personnes âgées ne recevraient plus leur chèque de retraite et les soldats ne seraient plus payés", écrit-elle.

"Nous sortirions de cette crise une nation durablement affaiblie", a encore affirmé la secrétaire au Trésor.

Un retard "pas tolérable"

Même si les Etats-Unis n'ont jamais fait défaut -- "pas une fois", souligne Mme Yellen--, elle rappelle l'épisode de 2011 "qui a conduit l'Amérique au bord de la crise".

Sous l'administration Obama, l'impasse politique au Congrès avait conduit l'agence de notation Standard and Poor's à retirer la note "AAA" à la dette américaine, provoquant une onde de choc sur les marchés.

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"Tarder davantage" à relever la capacité d'endettement des Etats-Unis "n'est pas tolérable", ajoute Mme Yellen. "Ces 17 derniers mois ont mis à l'épreuve la force économique de notre pays. Nous sortons tout juste de la crise. Il ne faut pas se replonger dans une situation, tout-à-fait évitable", conclut-elle.

(avec AFP)