Etats-Unis : les agressions contre les musulmans ont explosé

Les agressions recensées par les forces de l'ordre à l'encontre de la communauté musulmane se sont multipliées en 2015. Avec l'élection de Donald Trump, les observateurs craignent encore une recrudescence des actes islamophobes cette année.
Grégoire Normand
Les propos haineux de Donald Trump à l'égard des musulmans ne devraient pas calmer les tensions.

Le climat est loin d'être apaisé aux Etats-Unis. Les crimes de haine ont augmenté de 7% en 2015 aux Etats-Unis selon les derniers chiffres publiés par le FBI. L'administration a enregistré 5.850 crimes de haine en 2015 contre 5.479 en 2014. Si ces chiffres sont à interpréter avec prudence, l'augmentation de ces actes peut en partie s'expliquer par une forte hausse des agressions contre la communauté musulmane.

Le FBI définit un crime de haine "comme une attaque criminelle contre une personne motivée (en partie ou dans son intégralité) contre une race, une religion, un handicap, une orientation sexuelle, l'appartenance ethnique, le genre."

Presque un record

Les actes recensés par les forces de l'ordre contre la communauté musulmane auraient augmenté de 67%, passant de 154 agressions en 2014 à 257 en 2015. Selon Mark Potok, chercheur au Southern poverty law center et spécialiste des groupes extrémistes :

"C'est le chiffre le plus élevé depuis 2001, quand les attaques d'Al Qaida à New-York et ailleurs ont conduit les chiffres à un niveau jamais atteint, 481 crimes de haine."

L'universitaire tient à rappeler que cette forte hausse est intervenue dans un contexte particulier. Les attaques de l'Etat islamique en Europe et les déclarations de Donald Trump contre la communauté musulmane durant la campagne présidentielle ont pu alimenté des actes de haine. Le président fraîchement élu avait notamment déclaré au mois de juin dernier que les forces de l'ordre devaient davantage recourir au contrôle au faciès pour les musulmans. Il avait également proposé des mesures de profilage des musulmans pour lutter contre de potentielles attaques. Et même si des tentatives d'apaisement récentes ont été exprimées par Trump, les associations de défense des citoyens s'inquiètent des actes à caractère raciste exprimés sur les réseaux sociaux.

Les crimes de haine contre les autres minorités sont également en hausse selon le rapport du FBI. Les actes antisémites ont augmenté de 9%, les actes contre les noirs de 8% et ceux contre la communauté LGBT de près de 5%. Les actes contre les juifs représenteraient d'ailleurs la majorité des actes antireligieux.

Des crimes de haine en majorité contre les couleurs de peau

Les chiffres du FBI sont basés sur des informations collectées par plus de 15.000 équipes de force de l'ordre. Ensuite, le FBI établit des statistiques en fonction des types d'agressions et en fonction des motifs. Les forces de l'ordre ont ainsi recensé plus de 5.850 incidents liés à des crimes de haine en 2015 sur des motifs précis.

Selon les données recueillies par l'agence fédérale, plus de 56% des crimes de haine sont motivés par la couleur de peau. Sur les 3310 incidents enregistrés concernant des crimes racistes, plus de 52% sont adressés contre la communauté noire. Le second motif le plus fréquemment rencontré concerne les agressions pour motif religieux comme peut l'illustrer le graphique ci-dessous.

Une vision partielle

Les chiffres publiés par l'administration sont à interpréter avec précaution. Les statistiques du FBI n'offrent qu'une vision partielle des actes criminels outre-Atlantique. Comme le souligne Marc Potoc, ces chiffres sont "seulement une indication des tendances récentes" :

"En raison d'une diversité de raisons techniques, comprenant le manque de crimes rapportés par les victimes à la police, le nombre réel de crimes de haine est bien plus élevé que celui indiqué par le FBI. Plusieurs études gouvernementales ont récemment montré que le niveau réel des crimes de haine aux Etats-Unis est proche de 260.000 ces dernières années. Soit une estimation 25 à 40 fois plus élevé que les chiffres du FBI."

De son côté, le FBI plaide en faveur d'une amélioration de la collecte des données par une plus grande participation des commissariats au niveau local. Le directeur de l'agence James Comey reconnaît d'ailleurs que "nous avons besoin de faire un meilleur travail pour localiser et rapporter les crimes de haine pour comprendre pleinement ce qui se passe dans nos communautés et comment faire pour les arrêter (ndlr : ces crimes)".

Depuis l'élection de Donald Trump, les dénonciations d'actes à caractère raciste, antisémite ou homophobe se multiplient. Les violences physiques à l'égard des minorités sont médiatisées. Les organisations américaines de défense des droits craignent que l'élection de Donald provoque une libération de la parole raciste ou d'agressions physiques. Avec la nomination de l'ultra-conservateur Steve Bannon comme conseiller à la Maison Blanche et connu pour ses liens avec les suprématistes, les actes xénophobes et les dérapages pourraient s'accroître.

Grégoire Normand
Commentaires 5
à écrit le 16/11/2016 à 9:23
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En France la parole raciste s'est extrêmement développée parce que la présence médiatique du front national a explosé depuis que marine le pen est présidente du fn, on entend même des commentaires de reportages déraper vers le racisme. Si cette i...

à écrit le 16/11/2016 à 2:58
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Comment pouvez vous lier les discours de campagne de Trump avec les chiffres de 2015 alors même qu'il n'etait pas encore nominé par le parti républicain? ?? Etrange analyse. ...

à écrit le 15/11/2016 à 21:34
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Et ce n'est qu'un prélude! Attendez la suite......

à écrit le 15/11/2016 à 21:22
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end hate speech? oui c'est curieux quand on entend les discours de certains, qu'on retrouve facilement a hyde park corner sur marble arch..... on n'est pas sur du sens de cette inscription pas vrai?

à écrit le 15/11/2016 à 19:12
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Si les musulmans avaient depuis longtemps pris faits et causes contre les terroristes islamiques, la serait peut-être différente, mais force est de constater que leurs protestations furent hélas à la fois bien tardives bien discrètes.

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