L'AIEA tire la sonnette d'alarme à Tchernobyl : le niveau de radioactivité sur le site nucléaire est « anormal »

Par latribune.fr  |   |  608  mots
(Crédits : POOL New)
Le niveau de radioactivité sur la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine est "anormal", a estimé mardi le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, en visite sur place.

Nouvelle alerte à Tchernobyl. Selon le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, le niveau de radioactivité du site de la centrale nucléaire ukrainienne est « anormal ». Ces propos ont été tenus alors que Rafael Grossi est en visite sur le site pour "intensifier les efforts visant à prévenir le danger d'un accident nucléaire", selon un communiqué de l'AIEA diffusé vendredi. Le chef de l'AIEA est accompagné d'une équipe d'experts de l'instance onusienne "pour livrer des équipements vitaux" (dosimètres, combinaisons de protection, etc.) et effectuer "des contrôles radiologiques et autres". Le jour de cette visite n'est pas neutre. Ces experts doivent "réparer les systèmes de surveillance à distance, qui ont cessé de transmettre les données vers le siège" de l'AIEA à Vienne (Autriche) peu après le début de la guerre. Le 26 avril n'est autre que date de l'anniversaire du désastre de 1986.

Occupation russe pendant plus d'un mois

Pour rappel, le site de Tchernobyl, à 150 kilomètres au nord de Kiev, était tombé aux mains des Russes le 24 février, au premier jour de leur invasion, et avait été ensuite victime d'une coupure d'électricité et des réseaux de communications. L'occupation du site de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine par l'armée russe jusqu'à fin mars, était "très, très dangereuse", a dénoncé le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

"La situation était absolument anormale et très, très dangereuse", a déclaré Rafael Grossi à des journalistes

Depuis le départ des troupes russes, la situation revient progressivement à la normale, d'après les comptes rendus quotidiens de l'AIEA établis sur la base des informations du régulateur ukrainien.

Rafael Grossi, lui, s'était déjà rendu en Ukraine, fin mars, pour jeter les bases d'un accord de fourniture d'assistance technique. Il avait visité la centrale méridionale de Ioujno-Oukraïnsk, avant de rencontrer de hauts responsables russes à Kaliningrad sur les bords de la Baltique.

15 réacteurs en Ukraine

L'Ukraine compte 15 réacteurs dans quatre centrales en activité, outre les dépôts de déchets comme celui de la centrale de Tchernobyl. Un réacteur de Tchernobyl a explosé en 1986 contaminant une bonne partie de l'Europe mais surtout l'Ukraine, la Russie et le Bélarus. Baptisé zone d'exclusion, le territoire dans le rayon de 30 kilomètres autour de la centrale est toujours fortement contaminé et il est interdit d'y habiter en permanence.

L'Union européenne a d'ailleurs mis en garde mardi contre une nouvelle catastrophe nucléaire en Ukraine, en raison de l'offensive russe et a demandé à Moscou de s'abstenir de toute action contre les installations du pays.

Incendie sur le site de la centrale de Zaporojie

Les forces russes entrées en Ukraine contrôlent la centrale ukrainienne de Zaporojie, la plus grande d'Europe, visée durant l'offensive déclenchée fin février par des tirs d'artillerie qui avaient provoqué un incendie dans des bâtiments annexes et fait craindre une catastrophe.

"L'agression illégale et injustifiée de la Russie en Ukraine met à nouveau en péril la sûreté nucléaire sur notre continent", ont averti le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et la commissaire à l'Energie Kadri Simson dans une déclaration commune.

Les deux responsables européens accusent les forces russes d'avoir "endommagé imprudemment les installations" des sites nucléaires attaqués.

"L'occupation illégale et l'interruption des opérations normales, notamment en empêchant la rotation du personnel, compromettent le fonctionnement sûr et sécurisé des centrales nucléaires en Ukraine et augmentent considérablement le risque d'accident", ont-ils ajouté.