La fermeté affichée jeudi 3 septembre par Mario Draghi a contribué à fragiliser l'euro. La monnaie européenne baissait nettement jeudi soir face au dollar, après les propos du président de la Banque centrale européenne (BCE), qui s'est montré très attaché à la politique interventionniste de l'institution.
Vers 23h00 à Paris, l'euro valait 1,1127 dollar, contre 1,1225 dollar mercredi vers la même heure. Vendredi matin à 7h24, la valeur affiché sur le site de La Tribune était de 1,113 euro pour un dollar. La devise européenne baissait fortement aussi face à la monnaie nippone, à 133,53 yens contre 135,06 yens mercredi.
"Aucune limite" à la politique de rachat d'actifs
Omer Esiner, de Commonwealth Foreign Exchange, explique:
"On a surveillé avec beaucoup d'attention la réunion de la BCE", jeudi. "Le président de la BCE, Mario Draghi, a adopté un ton franchement interventionniste dans sa conférence de presse (...) et a insisté sur le fait que la banque poursuivrait ses 60 milliards d'euros de rachats d'actifs mensuels au moins jusqu'en septembre 2016." Draghi a affirmé jeudi ne se fixer "aucune limite" dans cette politique, contredisant "certains cambistes qui avaient parié sur une conclusion anticipée de ce programme, et les poussant à quitter leur positions", observe Esiner.
Or, ces rachats d'actifs, engagés en mars afin de soutenir l'économie et relancer l'inflation, ont pour effet collatéral de diluer la valeur de l'euro. L'institution de Francfort maintient par ailleurs sans surprise son taux directeur à un niveau presque nul.
Une perspective divergente de ce celle de la Fed
De plus, le président de la BCE a fait part des préoccupations de l'institution quant à la dégradation des perspectives de croissance et d'inflation en zone euro. "En prenant un ton inquiet quant aux risques qui pèsent sur l'économie de la région, M. Draghi a souligné que les pespectives (de la BCE) divergeaient de celles de la Réserve fédérale (Fed), qui est sur la voie d'un relèvement de ses taux d'intérêt", souligne Joe Manimbo, de Western Union.
Les cambistes se demandent si la banque centrale américaine va relever dès ce mois-ci ses taux, ce qui rendrait le dollar plus rémunérateur, et n'ont pas semblé se préoccuper d'un encouragement du Fonds monétaire international à attendre avant de normaliser ainsi sa politique. D'après Omer Esiner., ils se sont plutôt fixés sur "des chiffres américains qui étaient plutôt bons ce matin": des inscriptions hebdomadaires au chômage qui, malgré une petite hausse, restent proches de leur plus bas niveau depuis 30 ans, et des chiffres sur la balance commerciale des Etats-Unis témoignant du déficit le moins élevé depuis cinq mois, "ce qui est de bon augure pour le produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre".
Les cambistes attendent désormais les chiffres officiels sur l'emploi américain en août, que doit publier vendredi le gouvernement américain.
(Avec AFP)
