L'indice de développement humain fait un grand bond en arrière (ONU)

Pour la première fois depuis sa création il y a plus de 30 ans, l'Indice de développement humain, qui prend en compte espérance de vie, éducation, et niveau de vie, a reculé deux années de suite, en 2020 et en 2021. Conséquence : selon l'ONU, « le monde est revenu cinq ans en arrière en matière de développement humain », avec une espérance de vie qui ne cesse de baisser.
Les inégalités entre pays sont toujours flagrantes. En haut de la liste, se trouvent toujours la Suisse, la Norvège et l'Islande. Et tout en bas, le Soudan du Sud, devant le Tchad et le Niger.
Les inégalités entre pays sont toujours flagrantes. En haut de la liste, se trouvent toujours la Suisse, la Norvège et l'Islande. Et tout en bas, le Soudan du Sud, devant le Tchad et le Niger. (Crédits : Omar Faruk)

La crise sanitaire a fait des dégâts considérables dans le monde qui, selon l'ONU, est revenu cinq ans en arrière en matière de développement humain, alimentant « méfiance » et « frustration ». L'institution s'appuie sur l'Indice de développement humain, qui prend en compte espérance de vie, éducation et niveau de vie.

Pour la première fois depuis deux ans cet indice a reculé deux années de suite, en 2020 et en 2021, alerte le Programme de l'ONU pour le développement (Pnud) dans un rapport.

« Cela veut dire que nous mourons plus tôt, que nous sommes moins éduqués et que nos revenus baissent », énumère son patron Achim Steiner lors d'un entretien avec l'AFP. « Avec ces trois paramètres, vous pouvez avoir une idée de pourquoi les gens commencent à être désespérés, frustrés, inquiets pour l'avenir ».

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Le Covid loin d'être l'unique responsable

Alors que l'indice progressait de façon continue depuis des décennies, il est revenu en 2021 à son niveau de 2016, « effaçant » des années de développement. En cause : le Covid, mais aussi les catastrophes climatiques qui se multiplient et des crises qui se superposent sans donner le temps aux populations de reprendre leur souffle.

« Nous avons vécu des catastrophes avant, nous avons eu des conflits avant, mais la confluence de ce à quoi nous sommes confrontés aujourd'hui est un recul majeur pour le développement de l'humanité », insiste le patron du Pnud.

Ce recul est quasi universel, touchant plus de 90% des pays de la planète, même si les inégalités entre pays sont toujours flagrantes. En haut de la liste, se trouvent toujours la Suisse, la Norvège et l'Islande. Et tout en bas, le Soudan du Sud, devant le Tchad et le Niger.

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Un recul tiré par la baisse de l'espérance de vie

Et si certains pays commencent à se remettre des impacts de la pandémie, beaucoup d'autres - en Amérique latine, en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud ou dans les Caraïbes - n'ont pas eu le temps de se relever que s'abattait déjà une nouvelle crise : la guerre en Ukraine.

Avec son impact majeur sur la sécurité alimentaire et énergétique, « sans aucun doute, la perspective pour 2022 est sombre », relève Achim Steiner.

Le recul de l'Indice de développement humain est en grande partie tiré par la baisse de l'espérance de vie de plus d'un an et demi entre 2019 et 2021 (71,4 ans en 2021 contre 73 ans en 2019) alors que quelques mois sont en général gagnés chaque année.

« Malgré la reprise importante de l'économie en 2021, l'espérance de vie continue à décliner », a noté l'auteur du rapport Pedro Conceiçao lors d'une conférence de presse, qualifiant ce déclin de « choc sans précédent ». Ainsi, « aux États-Unis, il y a eu une baisse de deux ans de l'espérance de vie, dans d'autres pays la chute est encore plus grande ».

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Le rapport décrit aussi un monde et une population « perturbés » par ces crises qui s'accumulent et « l'incertitude » qui en découle. « Nos voisins deviennent parfois la principale menace, que ce soit au niveau local ou entre les nations. Et cela nous paralyse », estime Achim Steiner, craignant que toutes ces « frustrations » ne mènent certains sur la voie des extrêmes et de la violence.

Pour sortir de cette spirale infernale, le rapport suggère notamment de se concentrer sur trois axes : investissements notamment dans les énergies renouvelables et la préparation aux futures pandémies, assurance pour absorber les chocs et innovations pour renforcer les capacités à faire face aux prochaines crises.

Le Pnud appelle également à ne pas poursuivre la récente tendance à la baisse de l'aide au développement destinée aux pays les plus vulnérables. Ce serait une « grave erreur », qui réduirait « nos capacités à travailler ensemble », insiste Achim Steiner. Alors que « changement climatique, pauvreté, cybercriminalité, pandémies nécessitent que nous travaillions ensemble, en tant que communauté internationale ».

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ZOOM : LA POLLUTION DE L'AIR RACCOURCIT LA DUREE DE VIE DE PLUS DE DEUX ANS

Selon une étude publiée en juin dernier, la pollution de l'air aux particules fines, liée en majorité à la combustion d'énergies fossiles, raccourcit la durée de vie de plus de deux ans en moyenne dans le monde.

Ces microparticules (dites PM2,5, soit inférieures à 2,5 microns, le diamètre d'un cheveu), classées cancérigènes par les Nations unies en 2013, pénètrent en profondeur dans les poumons et s'introduisent dans le sang. Elles peuvent provoquer maladies respiratoires et cardiovasculaires.

L'OMS recommande que la densité de PM2,5 dans l'air ne dépasse pas les 15 microgrammes par mètre cube sur toute période de 24 heures, et reste inférieure à cinq microgrammes par mètre cube en moyenne sur un an, des seuils renforcés l'an dernier face aux preuves de leur impact sur la santé.

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Presque toutes les régions habitées du monde dépassent les recommandations de l'OMS, mais l'Asie détient le record. Les niveaux sont 15 fois supérieurs au Bangladesh, 10 fois supérieurs en Inde et neuf fois supérieurs au Népal et au Pakistan. En Asie du Sud, une personne pourrait vivre cinq ans de plus si le niveau de particules fines dans l'air respectait les normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Dans les États indiens de l'Uttar Pradesh et de Bihar, où vivent 300 millions de personnes, les maladies causées par ces particules réduisent l'espérance de vie de huit ans, et jusqu'à dix ans dans la capitale New Delhi. La situation en Chine s'améliore. La pollution y a baissé de 40% entre 2013 et 2020, ajoutant deux ans d'espérance de vie à ses habitants. Mais l'espérance de vie reste réduite de 2,6 ans en moyenne dans le pays.

Au niveau mondial, la pollution aux microparticules PM2,5 n'a pas baissé en 2020 par rapport à l'année précédente, malgré un ralentissement brutal de l'économie et une baisse des émissions de CO2 liés à la pandémie de Covid et aux confinements. Statistiquement, la mortalité due à la pollution par les PM2,5 est comparable à celle causée par la consommation de tabac, trois fois supérieure à celle liée à la consommation d'alcool et six fois plus que la mortalité liée au VIH, selon le rapport.

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(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 09/09/2022 à 9:53
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La photo d'illustration serait-elle issue du parc zoologique de Kawéni (Mayotte)?

à écrit le 08/09/2022 à 19:23
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"L'espérance de vie ne cesse de baisser". Voilà une bonne, une excellentissime nouvelle pour notre Macron II. Car moins de retraités parce qu'ils décanillent plus vite, moins de pensionnaires dans les EPHAD donc moins besoin de personnel médical d...

à écrit le 08/09/2022 à 15:30
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Olivier Véran publie son livre « Par-delà les vagues »…il oublie de dire que les vagues c’est lui qui les a provoquées. Lui au caractère autoritaire, cassant voire vengeur : n’est-ce pas lui qui a brisé le professeur Didier Raoult ? N’est-ce pas lui ...

à écrit le 08/09/2022 à 15:30
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Olivier Véran publie son livre « Par-delà les vagues »…il oublie de dire que les vagues c’est lui qui les a provoquées. Lui au caractère autoritaire, cassant voire vengeur : n’est-ce pas lui qui a brisé le professeur Didier Raoult ? N’est-ce pas lui ...

à écrit le 08/09/2022 à 8:42
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Pour illustrer votre article en tant que média occidental (donc ayant une réflexion et une vision toujours limitées et partiales des choses), vous montrez encore et toujours des africains pauvres. A croire qu'il n'y a que les Africains qui sont pauvr...

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