L’« Inflation Reduction Act » des Etats-Unis aura un impact limité sur l'Europe, selon le CEPII

Le Cepii, un groupe de réflexion gouvernemental, estime que le plan de relance américain Inflation Reduction Act (IRA) jugé comme trop protectionniste et anti-concurrentiel par les Européens pourrait ne pas avoir de fortes conséquences sur la délocalisation des entreprises européennes aux Etats-Unis. Ce plan pourrait même avoir une « efficacité limitée ».
Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne et en première ligne pour proposer une réponse européenne à l'Inflation reduction act américain.
Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne et en première ligne pour proposer une réponse européenne à l'Inflation reduction act américain. (Crédits : JOHANNA GERON)

Le si contesté plan de relance américain nommé Inflation reduction act par Joe Biden, pour avoir une « efficacité limitée », selon une note du Cepii, un groupe de réflexions gouvernemental, publiée ce mardi 21 février. Une information qui détonne avec les inquiétudes des dirigeants du Vieux Continent qui alertent depuis plusieurs mois sur les risques de délocalisations industrielles liées à l'Inflation Reduction Act (IRA), un grand plan qui subventionne généreusement des filières stratégiques (batteries, panneaux solaires) pour autant qu'elles localisent leur production aux Etats-Unis.

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Ce plan de relance d'outre-Atlantique dédié à la lutte contre l'inflation, le verdissement des activités économiques et la croissance américaine prévoit notamment que des subventions à l'achat d'un véhicule électrique, pouvant aller jusqu'à 7.500 dollars, soient accordées uniquement aux véhicules américains, donnant ainsi un coup de pouce aux constructeurs locaux aux dépens des entreprises européennes exclues des aides.

Mais d'après le Centre d'études prospectives et d'informations internationales: « la localisation d'une activité de production dépend de nombreux facteurs et l'Union européenne a des atouts en termes d'attractivité des investissements directs étrangers » (taille du marché, qualité des institutions, capital humain...).

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Des critères trop restrictifs

Le Cepii avance un autre argument pour nuancer l'impact de l'IRA: « si, d'un côté, la loi (américaine) donne des incitations fiscales attractives, d'un autre, les critères techniques associés pour respecter des obligations de contenu local sont restrictifs. » Autrement dit, les entreprises qui pourraient bénéficier de ces subventions sont limitées. Une étude du Trésor américain a d'ailleurs établi en août 2022 qu'à peine une voiture électrique sur cinq était éligible au crédit d'impôt de 7.500 dollars prévu par l'IRA pour les acquéreurs de ces véhicules. « Comme la loi prévoit une augmentation des pourcentages-seuils de contenu local, il sera de plus en plus difficile pour les entrepreneurs de respecter ces critères », anticipe le Cepii.

Sans compter que l'IRA interdit l'utilisation de composants issus de Chine, d'Iran, de Russie ou de Corée du Nord, des fournisseurs clés pour certains métaux stratégiques comme le lithium ou le cobalt.

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Le plan France 2030 proportionnellement aussi puissant

Mais il faut aussi prendre en compte, d'après le Cepii, que les 391 milliards de dollars fléchés par les Etats-Unis vers les industries vertes représentent seulement 0,17% du produit intérieur brut américain.

« La France fait proportionnellement autant que l'IRA en termes de subventions avec le plan France 2030, qui équivaut à 2% du PIB français sur dix ans », soit 0,2% chaque année en moyenne. Par ailleurs, « les dépenses de l'IRA représentent moins de la moitié de celles de l'UE » dans le même domaine, évaluées par le Cepii à 0,5% du PIB européen. « Un financement substantiel des industries européennes existe déjà », en conclut le Cepii dans sa note, qui appelle à améliorer le cadre européen des aides d'Etat et à rendre les subventions « plus accessibles et prédictibles ».

L'UE cherche une réponse à l'IRA

Cette analyse met en perspective les déclarations et les actions des dirigeants européens pour répondre à la menace venue de l'Ouest. Mercredi 1er février, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a en effet proposé de simplifier l'octroi de permis pour construire des usines, l'extraction et le conditionnement de métaux critiques sur le sol européen et surtout les aides d'Etat aux industries vertes (qui existent donc déjà en Europe), y compris par des incitations fiscales.

Mais face a ces annonces, la Confédération européenne des syndicats (CES) a de son côté critiqué les plans de l'UE pour répondre à l'IRA et a demandé à Bruxelles de prévoir des clauses sociales et environnementales dans leur futur plan de soutien. Si les subventions envisagées ne sont pas conditionnées au respect de standards sociaux et environnementaux, a averti la CES le 9 février, « 250 milliards d'euros de fonds européens et des milliards d'aide publique nationale pourraient être accordés à des sociétés qui tirent vers le bas » ces standards. « Augmenter l'investissement public dans l'industrie verte est la bonne chose à faire, mais les dirigeants (politiques, NDLR) ont la responsabilité de s'assurer que l'argent public est utilisé au service du bien commun », a ainsi affirmé Esther Lynch, la secrétaire générale de la CES.

(Avec AFP)

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