La complémentarité franco-chinoise se joue aussi dans le nucléaire

VU DE CHINE. Le nucléaire ne représentant en Chine que 4,75 % du mix électrique, la transition chinoise vers davantage d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables converge avec les orientations stratégiques d'EDF. Par Chunylan Li, auteure du livre "Reussir sur le marché chinois" (Eyrolles).
Paris, le 25 mars 2019. Jean-Bernard Lévy (au premier plan, à dr.), PDG d'EDF, lors d'une cérémonie de signature de deux accords portant sur des projets bas carbone en Chine.
Paris, le 25 mars 2019. Jean-Bernard Lévy (au premier plan, à dr.), PDG d'EDF, lors d'une cérémonie de signature de deux accords portant sur des projets bas carbone en Chine. (Crédits : Reuters)

L'Empire du Milieu accueille déjà la moitié des nouvelles capacités nucléaires mondiales. Avec 47 réacteurs en exploitation, soit une capacité installée de 48,7 gigawatts (GW), et 11 en construction au premier semestre 2019, la Chine disposera bientôt d'une production nucléaire plus importante que celle de la France (58 réacteurs sur 19 sites, soit une capacité installée de 63,1 GW). D'ici à 2030, ce chiffre pourrait atteindre entre 120 et 150 GW sur le territoire chinois. En juin dernier, le deuxième EPR installé en Chine a été couplé au réseau électrique à Taishan (à 120 km de Hong Kong, dans la province du Guangdong), après neuf ans de construction, contre plus de onze ans en Finlande et en France.

Avantages réciproques

« C'est la complémentarité entre la force de l'industrie chinoise et la connaissance de la technologie EPR d'EDF et de Framatome qui a permis au chantier de Taishan d'avancer à un rythme plus soutenu, et dans le respect des meilleurs standards en matière de sûreté et de qualité », explique Fabrice Fourcade, le président d'EDF Chine.

Taishan a bénéficié du dynamisme de la filière nucléaire chinoise et surtout de l'expérience de la centrale de Flamanville 3 : beaucoup des équipements mis en place à Taishan ont été qualifiés en France, ce qui a représenté un gain de temps pour le projet, les deux équipes ayant d'ailleurs engagé des échanges réguliers et nourris. Les avantages sont aussi réciproques : « L'expérience du projet Taishan représente une contribution majeure pour tous les projets EPR d'EDF, à commencer par Flamanville 3 », précise Fabrice Fourcade. En particulier, la France n'a pas construit de centrale depuis celle de Civaux 2, dans la Vienne, mise en service en 2002, alors que Taishan 1 a été, en 2018, le premier EPR au monde à entrer en exploitation commerciale.

Lire aussi : Nouveaux EPR : un coût estimé à 46 milliards d'euros sur vingt ans par EDF

Marché stratégique

La Chine est clairement un marché stratégique pour le groupe français, qui y est présent depuis 1983 et a notamment participé à la construction des centrales de Daya Bay et Ling Ao, toutes deux situées dans le district de Shenzhen, au nord de Hong Kong.

« Les synergies tissées durant ces trois décennies sont très fortes : on partage les mêmes codes de construction et d'exploitation de centrales et les mêmes standards en matière de sûreté et de radioprotection. Nous sommes aujourd'hui, avec Taishan, le premier et le seul exploitant nucléaire étranger ici », commente Fabrice Fourcade.

Le nucléaire ne représentant en Chine que 4,75 % du mix électrique, la transition chinoise vers davantage d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables converge avec les orientations stratégiques d'EDF. L'électricien français possède un portefeuille de projets ou de solutions sur mesure diversifiés en Chine, en plus du nucléaire : éolien terrestre et en mer, solaire distribué, réseau de chauffage, efficacité énergétique... La complémentarité nucléaire franco-chinoise s'étend également hors de Chine. Au Royaume-Uni, EDF et China General Nuclear Power Corporation mènent des projets communs : les centrales EPR d'Hinkley Point C et de Sizewell C  en Angleterre ; ils vont aussi codévelopper le projet Bradwell B qui accueillera un réacteur Hualong, la technologie chinoise de troisième génération. Il ne reste plus qu'à jouer sur cette complémentarité, pour avancer ensemble, encore plus loin !

Lire aussi : EDF en marche vers un « nouveau nucléaire » ?

Commentaire 1
à écrit le 20/12/2019 à 13:09
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Dommage que l'on est pas été performant dans ce domaine, dommage que les japonais ai eu la très mauvaise idée de privatiser leurs centrales nucléaires, sinon cette énergie aurait eu bien meilleur réputation permettant une croissance économique conséq...

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