Les pays du Golfe condamnés à l'austérité !

Par latribune.fr  |   |  539  mots
La modeste reprise des prix du brut est loin de combler les déficits budgétaires des monarchies pétrolières du Golfe, a estimé le Fonds monétaire international (FMI), soulignant la nécessité de comprimer davantage les dépenses publiques.

Les prix du pétrole ont connu une reprise timide, tournant actuellement autour de 50 dollars le baril après avoir touché un plus bas en 10 ans à 30 dollars en janvier, très loin des pics à plus de 100 dollars en 2014.

Cette reprise des cours "va certainement aider en termes de statistiques financières cette année" dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a déclaré le directeur du FMI pour le Moyen-Orient, Masood Ahmed. Mais, "cela ne va pas vraiment changer les perspectives fondamentales des pays du CCG ou les défis qu'ils affrontent", a-t-il ajouté.

Les prix du pétrole devraient à moyen terme se stabiliser autour de 60 dollars/baril, a-t-il prédit, un prix inférieur au niveau nécessaire pour un équilibre budgétaire dans certaines monarchies du CCG. D'une manière ou d'une autre, les pays du CCG devront réduire leurs dépenses au cours des cinq prochaines années et trouver des moyens d'augmenter leurs revenus non-pétroliers, a dit le responsable du FMI.

"Austérité saoudienne"

Les prix élevés du brut des années passées ont favorisé un développement économique rapide de ces monarchies, leurs gouvernements ayant investi massivement dans des projets d'infrastructure. La chute des recettes pétrolières a poussé ces gouvernements à geler plusieurs projets et à prendre des mesures d'austérité sans précédent, dont une réduction des subventions sur les carburants.

"Maintenant, nous entrons dans des sphères parmi les plus difficiles, à l'instar de la masse salariale dans le secteur public", qui représente une grande part des dépenses dans les monarchies du Golfe, a relevé M. Ahmed.

L'Arabie saoudite a annoncé le mois dernier des mesures drastiques, réduisant de 20% les salaires des ministres et amputant les indemnités des 160 membres du Majles al-Choura (conseil consultatif) et les avantages accordés aux fonctionnaires.

De telles mesures représentent un des moyens que les monarchies du Golfe peuvent se donner pour "rééquilibrer leurs budgets", a estimé M. Ahmed. Selon lui, "ces mesures ne sont pas faciles à mettre en œuvre mais elles sont nécessaires et doivent être prises" pour parer aux déficits déficitaires.

Un rééquilibrage salarial public-privé nécessaire

A long terme, les monarchies du CCG devront oeuvrer pour réduire la masse salariale en encourageant leurs ressortissants à travailler dans le secteur privé "au lieu de penser automatiquement que leur avenir est lié à la fonction publique", a-t-il ajouté. Le secteur privé dans la plupart des monarchies du Golfe est dominé par des expatriés, majoritaires dans certains de ces pays, dont les ressortissants optent pour des emplois bien rémunérés dans le secteur public, nécessitant souvent peu de travail.

"Plus de deux millions de jeunes vont arriver sur le marché du travail au cours des deux prochaines années dans le CCG", a-t-il prévenu, prônant "un secteur privé compétitif" pour créer des emplois.

Il a salué la décision des monarchies du CCG, dans leurs efforts pour diversifier leurs revenus, d'introduire à partir de 2018 une TVA de 5%, une mesure qui, selon lui, ne devrait pas décourager les expatriés, attirés actuellement par l'absence de taxes.

(Avec AFP et Reuters)