Réfugiés : l'Allemagne entre « Willkommen » et « Raus ! »

La décision généreuse d'Angela Merkel d'ouvrir les portes de l'Allemagne aux réfugiés a d'abord été saluée par la majorité de la population, consciente des besoins de main-d'oeuvre du pays. Mais 1,1 million de réfugiés plus tard, elle suscite un rejet croissant et provoque le retour de l'extrême droite.

« Wir schaffen das » (Nous y arriverons). Ce mot d'Angela Merkel prononcé en septembre 2015 après sa décision d'accueillir en Allemagne une grande partie des réfugiés qui se pressaient aux portes de l'Europe est devenu le symbole de la nouvelle politique migratoire allemande. Cette décision de la chancelière a dominé le débat européen et allemand depuis six mois. En 2015, l'Allemagne a reçu 1,1 million de réfugiés. Un chiffre exceptionnel qui a évidemment bousculé la société allemande.

Cette décision, Angela Merkel l'a prise pour plusieurs raisons. Sans doute d'abord pour des raisons morales et pratiques. Le 16 juillet 2015, la chancelière, lors d'une rencontre publique, expliquait, manifestement gênée, à une jeune réfugiée qu'elle devait retourner dans un camp au Liban. Cette position ne lui est plus apparue tenable lorsque les réfugiés ont commencé à affluer en masse, sauf à accepter une catastrophe humanitaire et à voir l'Europe se muer en forteresse. Mais cette décision prise unilatéralement n'est pas sans rapport avec la situation démographique du pays et le manque de main-d'oeuvre qui le menace dans les prochaines décennies.

Des centaines de foyers de réfugiés attaqués

Après l'enthousiasme des premiers jours, où l'on a vu des foules venir applaudir les trains de réfugiés entrant en gare, la situation s'est néanmoins tendue. Angela Merkel a sous-estimé deux éléments. D'abord, le manque de solidarité européenne qui a fait porter le poids de l'accueil sur l'Allemagne, assez logiquement cependant, puisque la plupart des autres pays ont refusé le fait accompli de la chancelière. Deuxième donnée sous-estimée : la réaction hostile d'une partie de la population et de la classe politique allemande. Ce rejet partiel a été alimenté par le poids porté par l'Allemagne, mais aussi par les événements du Nouvel An à Cologne. La forme la plus violente de ce rejet a été prise par les attaques contre les foyers de réfugiés. On en a compté près de 900 au cours de l'année 2015.

Dès lors, la chancelière s'est retrouvée en danger. Faire marche arrière eût été une défaite personnelle et aurait conduit à un désaveu du centre gauche et d'une partie de son électorat. Mais ne pas stopper le flux de réfugiés signifierait se couper de l'électorat conservateur qui reste un élément clé du succès de la CDU.

Elle a donc maintenu un discours d'accueil tout en cherchant à stopper les arrivées de réfugiés et en durcissant certaines règles. L'asile pour les pays d'Afrique du Nord et de l'ouest des Balkans n'est plus possible, les expulsions ont été facilitées. Enfin, comme le souligne Der Spiegel, il y a de « l'hypocrisie » dans le comportement d'Angela Merkel qui, tout en condamnant l'Autriche, est la « première à profiter de la fermeture des frontières. »

Soumise à une telle pression, la chancelière a tenté d'imposer sa politique, d'abord, en vain, sur les quotas, puis sur l'accord avec la Turquie.

Ce jeu d'équilibre n'a cependant pas payé électoralement. Le 13 mars, dans les trois Länder appelés à renouveler leurs parlements, le parti anti-migrants Alternative für Deutschland (AfD) a fait une nette percée, regroupant les déçus de la politique et de la CDU, pour les trois quarts. En SaxeAnhalt, dans l'ex-RDA, le parti devient le deuxième parti. En Rhénanie-Palatinat et en Bade-Wurtemberg, il est troisième avec 12% et 15% des voix. Mais il y a plus inquiétant pour la chancelière : la CDU recule partout et a aussi cédé des voix sur son centre. Même pour les électeurs favorables à la politique d'Angela Merkel, la CDU n'a pas été le choix principal. La chancelière a juré au lendemain du scrutin qu'elle ne changerait pas sa politique migratoire. Une détermination qui risque encore d'être mise à rude épreuve.

Commentaires 13
à écrit le 29/03/2016 à 21:25
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Merkel a pris une veste avec les immigrés la droite monte grâce à Merkel Merkel raus ?????????????????????

à écrit le 29/03/2016 à 19:43
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La principale motivation de et appel à l'immigration a sans doute été le besoin de main d'oeuvre , de main d'oeuvre encore moins payée qu'avec les délocalisations dans l'est de l'Europe . La vision ukrainienne de Merkel s'explique aussi comme cela . ...

à écrit le 29/03/2016 à 3:37
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Merkel raus ?

à écrit le 28/03/2016 à 16:39
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La grande astuce, c'est de dissimuler les intérêts simplement économiques derrière les grands sentiments humanistes. Là, ça a déjà fait lonf feu.

à écrit le 28/03/2016 à 12:15
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Parler de main d'oeuvre alors que la majorité des migrants sont sous-qualifiés relève de la blague à l'emporte pièce. Si l'Allemagne avait vraiment besoin de main d'oeuvre, pourquoi ne pas faire venir des centaines de milliers de français à la reche...

le 28/03/2016 à 14:58
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je suis frontalier tout le monde peut deja aller travailler en allemagne. il suffit de parler un peu allemand.combien de francais sont pret a cela ? deja aller travailler dans une autre region pose probleme alors lallemagne !

à écrit le 28/03/2016 à 11:47
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Le "manque de main d'oeuvre en Allemagne" ? Avec l'Union Européenne et la libre circulation des personnes, donc la libre circulation des millions de chômeurs de tous les pays d'Europe ? Non, Madame MERKEL veut de la main d'oeuvre à très bas prix...La...

à écrit le 28/03/2016 à 11:14
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Au sujet de l'accueil massif de migrants, l'Allemagne n'en est pas à un coup d'essai. Et tous ceux qui en parlent avec admiration ont la mémoire extrêmement courte ou sélective. Ce qui se passe aujourd'hui dans ce pays va devenir une source de prob...

le 28/03/2016 à 11:32
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Conmentaire très juste Mais pourquoi ne parle t on jamais de l Arabie Saoudite ou du Qatar qui se devraient d acceuillir une large partie des migrants?

à écrit le 28/03/2016 à 10:29
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L EXODE DES MIGRAND FUYANT LES GUERRES ET UNE AFFAIRE MONDIALE? ET IL FAUT UNE SOLUTION MONDIALE QUE FAIT L O N U???

le 28/03/2016 à 11:09
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Que font les différents pays et ligues arabes parfois richissimes pour accueillir leurs "frères" musulmans ?

à écrit le 28/03/2016 à 8:41
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Pauvre journaliste! Les allemands n ont pas dit willkommen aux refugies parce qu ils etaient conscients d avoir besoin de travailleurs mais parce que - et ca n entre biensur pas dans la conception mesquine et depassee de notre journaliste - ils sont...

le 28/03/2016 à 9:52
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Un peuple avec une conscience? Ou plutôt une société ravit d acceuillir de la main d oeuvre pas chére etcéduquée? Vive le modèle social allemand! 1€ job etc.

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