Renouer avec la Corée du Nord, le défi du nouveau président sud-coréen

Ancien avocat des droits de l'Homme, Moon Jae-in a été élu président de la Corée du Sud mardi avec 41,1% des suffrages. Cheville ouvrière du rapprochement entre Séoul et Pyongyang dans les années 2000, il veut de nouveau s'atteler à l'apaisement des tensions entre les deux pays.
Anaïs Cherif
Moon Jae-in, nouveau président de la Corée du Sud, après son investiture à Séoul le 10 mai 2017.

Une page se tourne. La victoire du démocrate Moon Jae-in à l'élection présidentielle sud-coréenne ouvre une période d'alternance... et signe l'occasion de relancer les négociations avec la Corée du Nord, après une campagne sous haute tension dans la péninsule. Issu du parti Minjoo (centre-gauche), cet ancien avocat des droits de l'Homme a remporté l'élection présidentielle mardi avec 41,1% des suffrages. Le taux de participation s'est élevé à 77,2%, du jamais vu depuis 20 ans. À 64 ans, Moon Jae-in arrache ainsi la Maison Bleue - l'équivalent de l'Elysée - aux conservateurs, au pouvoir depuis près de dix ans.

Parmi ses priorités, le nouveau président souhaite s'attaquer au dossier brûlant de la Corée du Nord. Objectif : apaiser les tensions dans la péninsule. Une priorité affichée tout au long de sa campagne, et rappelée ce mercredi lors de son discours d'investiture. "S'il le faut, je m'envolerai directement pour Washington. J'irai à Pékin et à Tokyo et, si les conditions sont réunies, à Pyongyang aussi", rapporte Reuters. Le président fraîchement élu en a fait une affaire personnelle, alors que ses parents ont fui le régime communiste nord-coréen pour s'établir au sud avant sa naissance. "Lorsqu'adviendra une réunification pacifique, la première chose que je veux faire est d'emmener ma mère de 90 ans dans sa ville natale", a-t-il écrit dans un livre publié en janvier.

Ressusciter la "politique du rayon de soleil"

Pour œuvrer au rapprochement des deux pays, Moon Jae-in s'entoure de Lee Nak-yon, au poste de Premier ministre, et de Suh Hoon, à la Direction des services du renseignement. Comme lui, ils ont activement participé à la "politique du rayon de soleil", à la fin des années 90. Cette démarche consistait au dialogue, à l'envoi d'aide humanitaire et de projets économiques communs. Elle a abouti à une période de détente avec la Corée du Nord, avec les rencontres en 2000 et 2007 entre les deux dirigeants de l'époque. Entre 2003 et 2008, Moon Jae-in rejoint le cabinet du président Roh Moo-hyun, son mentor. Les tentatives de rapprochement avec la dictature voisine se solde par l'ouverture du parc industriel intercoréen de Kaesong en 2004. Fermé en 2016 après un essai nucléaire de Pyongyang, Moon Jae-in a annoncé pendant sa campagne vouloir le rouvrir.

Le suicide de son mentor, en 2009, pousse l'ancien avocat à briguer une fonction élective. En 2012, il remporte un siège de député avant d'être battu de peu la même année face à Park Geun-hye, destituée en mars dernier pour abus de pouvoir et corruption. Sa victoire a été saluée par Xi Jinping, son homologue chinois. La Maison-Blanche quant à elle s'est "associée au peuple sud-coréen dans la célébration de sa transition politique pacifique et démocratique", dans un court communiqué publié mardi.

La Corée du Sud doit savoir dire "non" à Washington

Le nouveau président sud-coréen prône pourtant une prise de distance avec Washington. Dans son livre, il estime que la Corée du Sud doit apprendre à dire "non" à son allié américain. S'il dit vouloir collaborer avec les États-Unis, il assure que son pays "doit être leader sur les sujets impactant la péninsule coréenne car [la Corée du Sud] est directement impliquée", confiait-il début mai au Washington Post. Résultat : il s'est opposé à Donald Trump lors du déploiement sur le sol sud-coréen du système antimissile américain THAAD, opérationnel depuis la semaine dernière.

Durant sa campagne, Moon Jae-in s'est pourtant prononcé en faveur de la pression et des sanctions imposées par les États-Unis et la Chine. Mais cela reste insuffisant pour celui qui souhaite renouer le dialogue et tisser des liens économiques avec son voisin du nord. "Nous devons imposer des sanctions, coopérer et mettre la pression sur le plan international", a-t-il admis lors de sa campagne, rapporte le Wall Street Journal. "Mais même ces sanctions et cette pression sont à des fins de négociation. Le simple fait de blâmer la Corée du Nord n'aboutira à rien." Pour Moon Jae-in, "l'intégration économique" de la Corée du Nord permettra de créer un "nouveau moteur de croissance" pour la Corée du Sud, rapporte le Time. Un autre défi, alors que le pays voit sa croissance ralentir depuis plusieurs années.

Anaïs Cherif
Commentaires 5
à écrit le 11/05/2017 à 12:38
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Revenir sur ce qui a différencier la séparation de ce peuple , la cause originelle du début de la guerre sous l'influence de Mao . L'interdiction de la religion comme en Russie en 1917 et l'adoration de mécréants .

à écrit le 11/05/2017 à 10:01
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Enfin un vrai President democrate. Mais Moon J-I. aura fort a faire deja avec sa population. En effet durant la courte campagne suite au Choi-gate, les "anciens", ceux qui ont vecu la guerre entre les deux Corees, l'on pretendu communiste ! Ce qui a ...

à écrit le 11/05/2017 à 8:49
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Il est évident que la réunification commence à devenir urgente d'un point de vue économique pour la Corée du sud, même si cela reste cocasse comme situation convenons en, espérons quand même que ce président soit plus amoureux de la paix que de la ma...

le 11/05/2017 à 10:06
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Tant que la Chine sera gouvernee par la clique actuelle (et ca risque de durer) aucune reunification ne sera possible. La raison : La Chine n'acceptera jamais l'oncle Sam a sa porte. Par ailleurs une tres large frange de la population au sud ne souh...

le 11/05/2017 à 11:13
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"Economiquement, ce serait un suicide" Vous dites n'importe quoi puisque si l'allemagne est si puissante actuellement c'est grâce à sa réunification dont tout le monde disait comme vous à l'époque pourtant, "c'est un suicide économique". Merc...

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