Un journaliste d'investigation américain accuse les Etats-Unis d'avoir saboté les gazoducs Nord Stream 1 et 2

Par latribune.fr  |   |  683  mots
Selon Seymour Hersh, qui ne s'appuie que sur une source anonyme, des plongeurs de l'US Navy, aidés par la Norvège, ont posé des explosifs sur ces gazoducs reliant la Russie à l'Allemagne sous la mer Baltique en juin 2022. (Crédits : RITZAU SCANPIX)
Selon le journaliste d'investigation, Seymour Hersh, les sabotages des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre dernier dans la mer Baltique sont l'œuvre des Etats-Unis et non de la Russie comme l'accusaient plusieurs de pays occidentaux.

Article publié le 8 février à 23h12 et mis à jour le 9 février à 14h40

Les Etats-Unis ont-ils saboté Nord Stream 1 et 2 ? Pas sûr que la vérité soit un jour connue. Mais désormais, le doute existera à jamais. Publiée ce mercredi sur son blog, l'information d'un journaliste d'investigation, Seymour Hersh, fait l'effet d'une bombe. Selon lui, les sabotages des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre dernier dans la mer Baltique sont l'œuvre des Etats-Unis et non de la Russie comme l'accusaient plusieurs pays occidentaux.

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Selon Seymour Hersh, qui ne s'appuie que sur une source anonyme, des plongeurs de l'US Navy, aidés par la Norvège, ont posé des explosifs sur ces gazoducs reliant la Russie à l'Allemagne sous la mer Baltique en juin, les déclenchant trois mois plus tard. Joe Biden, le président américain, aurait lui-même décidé de faire exploser ces gazoducs afin de priver Moscou des revenus de ses ventes de gaz à l'Europe.

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Washington a toujours été hostile à Nord Stream

Le journaliste rappelle que les Etats-Unis considéraient aussi que Nord Stream 1 et 2 donnaient à Moscou un important moyen de pression sur l'Allemagne et les pays d'Europe de l'Ouest. Washington a toujours été hostile à Nord Stream 1, mis en service en 2012, puis à Nord Stream 2 qui ne l'avait pas été avant sa suspension au début du conflit en Ukraine.

Seymour Hersh assure que l'idée avait été évoquée en décembre 2021, avant que le plan ne soit conçu par la CIA. Après ces explosions, dont les images saisissantes avaient fait le tour du monde, nombre de suspects avaient été évoqués. Hormis la Russie et les Etats-Unis, les noms de l'Allemagne, de l'Ukraine ou de la Pologne avaient été cités. Le président russe Vladimir Poutine avait imputé ce sabotage aux « Anglo-Saxons ».

L'information a été démentie par Washington. Elles sont « totalement fausses » et relèvent de la « pure fiction », a rétorqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Même son de cloche du côté de la CIA, où un porte-parole a assuré que l'article était « absolument faux ». Le ministère norvégien des Affaires étrangères a lui aussi nié l'implication de son pays, jugeant les allégations « fausses ».

Les pays occidentaux avaient accusé la Russie d'être responsable de ces impressionnantes fuites précédées d'explosions sous-marines, ajoutant à la colère visant Moscou après son invasion de l'Ukraine. Mais les enquêtes menées par les autorités suédoises, danoises et allemandes n'ont pas encore permis de déterminer de responsabilités.

Agé de 85 ans, Seymour Hersh est l'un des plus célèbres reporters d'investigation américains. Il a notamment révélé le massacre commis par des militaires américains dans le village de My Lai pendant la guerre du Vietnam. Mais plusieurs de ses articles ont suscité la controverse ces dernières années, d'autres journalistes l'accusant de propager des théories du complot

Pour Moscou, cet article montre « une fois de plus la nécessité d'une enquête internationale transparente sur cet attentat sans précédent » ; a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Pesko, précisant qu'« il n'y avait pas beaucoup de pays dans le monde qui puissent commettre de tels actes de sabotage ».

« Certaines choses (dans cette publication) sont contestables, d'autres ont besoin d'être prouvées, mais l'article est remarquable par son analyse profonde et son exposé harmonieux. Il serait au moins injuste de ne pas y prêter d'attention, surtout pour un pays comme l'Allemagne qui a été privée de cette infrastructure énergétique cruciale à la suite de l'attentat » en septembre, a-t-il estimé.

(Avec AFP)