Toujours plus de pesticides dans les cultures françaises

Le plan Ecophyto lancé en 2008 devait réduire de moitié le recours aux produits phytosanitaires en dix ans. C'est l'inverse qui se produit. L'utilisation de pesticides a augmenté de 9,4% entre 2013 et 2014 sur le territoire national.
Ce sont principalement les fongicides et les herbicides qui ont été davantage utilisés ces dernières années.

Un constat d'échec. Les chiffres publiés mercredi 8 mars par le ministère de l'Agriculture montrent l'utilisation toujours plus massive des pesticides en agriculture. Entre 2011 et 2014, les statistiques font état d'une hausse moyenne de 5,8% avant de grimper de 9,4% entre 2013 et 2014.

Un bilan qui va à l'encontre des objectifs fixés en 2008 lors du Grenelle de l'Environnement, à travers le plan Ecophyto. Face aux dangers que représentent ces produits pour la santé humaine et l'environnement, rappelés en 2013 par l'Inserm, le ministère avait fixé un cap pour 2018 : réduire de moitié l'utilisation des herbicides, fongicides et insecticides, "afin de concilier performances écologiques et économiques".

Six ans plus tard, le volume en tonnes de ces "substances actives" vendues aux agriculteurs a augmenté de 16% entre 2013 et 2014. En moyenne, les tomates d'une exploitation sont traitées 12 fois par an, 35 fois pour les pommes.

Météo défavorable

Si dans l'entourage du ministre Stéphane Le Foll on reconnait, comme le rapporte Le Monde, que "les résultats ne sont pas bons", les membres du comité Ecophyto restent optimistes. Pour l'un d'eux, Didier Marteau, également secrétaire adjoint de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture, ces déboires ne sont pas à imputer à la mauvaise volonté des agriculteurs français mais à de multiples facteurs.

La météo a été très défavorable avec des hivers trop doux qui ont permis le développement de champignons et de maladies.

Ce sont en effet principalement des fongicides et des herbicides qui ont été davantage utilisés ces dernières années. Les conditions climatiques de 2014 "ont favorisé les maladies sur les céréales et les légumes, et les ravageurs ont été particulièrement présents sur le colza et en arboriculture fruitière" détaille le ministère.

Mais les températures ne sont pas les seules responsables de cet épandage massif. Les prix satisfaisants des céréales (environ 170 euros la tonne de blé) ont encouragé les exploitants à produire davantage :

"Les agriculteurs ne veulent prendre aucun risque et ont donc facilement recours aux pesticides pour garantir leurs rendements. [...] Dans certaines régions, on va également cultiver certaines semences qui ne sont pas forcément adaptées au climat ou au sol et qui vont demander plus d'intrants chimiques".

Le 2e plan Ecophyto surveillé de près

Dans ce contexte, le plan Ecophyto II, qui doit être appliqué au printemps prochain, est surveillé de près. Ce deuxième volet a d'ores et déjà repoussé l'objectif des 50% de pesticides en moins à 2025. Le nouveau dispositif doit néanmoins réduire leurs ventes à la source en établissant un Certificat d'économie de produits phytopharmaceutiques directement avec les fournisseurs. Un objectif de réduction sera fixé pour chaque distributeur pour limiter "l'utilisation, les risques et les impacts".

L'augmentation de l'épandage de pesticides montre qu'il est urgent d'appliquer ce nouveau plan, prévient  Denis Voisin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Il faut une volonté politique forte pour changer les mentalités et les pratiques des filières.

A travers son réseau de fermes Dephy, le ministère de l'Agriculture a lui même prouvé que des méthodes moins gourmandes en pesticides et aussi rentables étaient possibles. Sur les 1 900 exploitations du dispositif, mis en place en 2012 pour expérimenter des modèles tournés vers l'agro-écologie, les recours aux pesticides ont été largement réduits : 10% de moins sur les grandes cultures, 12% en viticulture et 38% de moins en horticulture en deux ans.

Face à ce succès, Dephy devrait s'étendre dès cette année à plus de 3 000 fermes. Reste à en tirer les enseignements pour les appliquer de manière plus généralisée. "Il faudra que cela se couple à un meilleur accompagnement des agriculteurs et davantage de conseils par des ingénieurs pour mieux traiter les problèmes agronomiques" ajoute Didier Marteau. L'enjeu est de taille pour la France, deuxième consommateur de produits phytosanitaires en Europe, derrière l'Espagne.

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Commentaires 25
à écrit le 29/05/2016 à 10:14
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Jeune agriculteur, je voudrais vous dire que vous êtes tous bête! Moi le premier je voudrais faire du bio, mais ce n'est pas rentable! Le consommateur n'est pas près a payer plus cher sauf personne avec bon revenus!! Enfin la mode... on ne veut plus...

à écrit le 10/03/2016 à 14:48
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Merci la FNSEA. Vous créez de l'emploi dans la recherche médicale... @bertrand : vous n'avez pas du lire tout l'article. Il est indiqué que les fermes Dephy sont aussi rentables etfont plus propre.

à écrit le 10/03/2016 à 13:47
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Plutôt discret nos agriculteurs sur ce sujet au moment du salon de l'Agriculture , non ? Cela aurait surement modifier la vision de sympathie des français sur eux

à écrit le 10/03/2016 à 13:47
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Plutôt discret nos agriculteurs sur ce sujet au moment du salon de l'Agriculture , non ? Cela aurait surement modifier la vision de sympathie des français sur eux

à écrit le 10/03/2016 à 10:27
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Les traitements infligés aux fruits et légumes devraient être mentionnés en clair à la vente afin que le consommateur se fasse une idée de l'arsenal agro-chimique qu'il avale avec ses 5 fruits et légumes par jour. Et ainsi qu'il soit en mesure de ...

à écrit le 10/03/2016 à 9:51
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Il existe un pesticide (contre les limaces) cancérigène avéré et responsable certain de plusieurs milliers de morts et toujours en vente libre : la bière. Mais les lobbies etc. etc.

à écrit le 09/03/2016 à 23:21
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@ BONSOIR : Alors les bobos écolos encore aux abonnés absents????? Pour le dièsel vous avez su vous faire entendre surtout dans vos délires mensongers. Mais lorsque l'agro alimentaire nous empoisonne allègrement en toute tranquillité là on ne vou...

à écrit le 09/03/2016 à 23:05
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avant d'interdire un produit il faut lui trouver un remplacant !!!! les agriculteurs sont largement favorables à utiliser des solutions différentes si elles sont performantes et moins cher !!!!

le 10/03/2016 à 8:47
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Mais la solution existe bel et bien, cher bertrand. Et il y a même des milliers d’années qu’elle existe. Seulement, l’agriculture française est comme le reste du pays : toujours en retard de 25 guerres par rapport aux pays développés. Cette solution ...

à écrit le 09/03/2016 à 23:03
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vous dîtes tout et son contraire : mais vous êtes journaliste donc incompétent : sous la photo vous préciser qu'il y a plus de fongicides et dans le texte vous dîtes qu'il y a plus d'insecticides !!! faudrait savoir !!!!! le fongicide qui peut être...

à écrit le 09/03/2016 à 21:48
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Beeen.. Faut bien de la RENTABILITE, non...??

le 10/03/2016 à 10:34
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Pardi

à écrit le 09/03/2016 à 21:41
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Avec un type comme Xavier Beulin à la tête de la FNSEA, courroie de transmission des lobbies semenciers, des chimistes, (produits sanitaires et intrants), de l'industrie agro-alimentaire, l'Agriculture Française ira de dérives en déconvenues. La FNSE...

le 13/05/2016 à 8:34
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tout à fait d'accord! D'accord aussi avec la réponse du journaliste à bertrand; contrairement au dire du sus-nommé, sa réflexion est on ne peut plus pertinente.Mais elle dérange!Appât du gain, absence de réflexion, mépris de la santé des autres,ils s...

à écrit le 09/03/2016 à 19:45
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Si on veut manger une nourriture saine, il faut l'acheter à l'étranger.

le 09/03/2016 à 21:52
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75% des Allemands sont bourrés de glyfosates. Leur consommation bestiolifère d'antibiotique est même supérieure aux milliers de tonnes de notre GRAND pays. Coté pesticides, le concours s'annonce serré, eux étant plus diffus, nous, plus concentrés et ...

à écrit le 09/03/2016 à 19:17
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Comme dirait nos très chers agriculteurs, bourrés de subventions, il y a trop de normes... Quand le consommateur français s'apercevra que les produits français contiennent plus de pesticides que les produits allemands, hollandais, espagnols, voir ma...

le 09/03/2016 à 21:05
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Les Espagnols (1er consommateur de pesticides) utilisent davantage de pesticides que la France. Quand aux Hollandais, vu la taille du pays et leur si grosse production, cela m'étonnerai qu'ils se contentent d'intrants naturels. Pour la Bochie j'en pa...

le 09/03/2016 à 21:57
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les espagnols en utilisent qui sont interdits en France (mais que peuvent aller chercher les frontaliers, interdit ne veut pas dire inefficace. En espérant au moins qu'ils se protègent, ils sont les premiers exposés (en Suisse, dans les vignes, en ai...

à écrit le 09/03/2016 à 18:34
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Je ne comprends pas que les paysans se foutent la santé en l'air, payent au prix fort ces substances, polluent les cours d'eau, .... Après ils critiquent Bruxelles, la Pac, les cours, ... Qu'ils économisent sur ces produits et vendent en direct A...

le 09/03/2016 à 21:19
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Vous avez raison.. Après les paysans sont souvent éloignés des bassins de consommation, la logistique est impérative et dure à mettre en oeuvre, le produit est périssable, y avez-vous songé ..?

à écrit le 09/03/2016 à 18:11
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Je propose que l'on mette en examen Stephane Le Foll pour non assistance à personne en danger ainsi que les 5 derniers ministres qui l'ont précédé. Peut être que les choses bougeraient un peu plus ...

le 09/03/2016 à 18:47
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faites attention c'est vous qui risquez la prison en disant la vérité. En néolibéralisme plus on est puissant plus on a le droit de détruire et de tuer, moins on est puissant et moins vous êtes libre. "La société pardonne bien souvent aux cri...

à écrit le 09/03/2016 à 18:09
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les multinationales de l'agro-alimentaire sont bien trop puissantes. Afin d'en stopper l'influence seule une réforme en profondeur de notre économie pourra le faire sinon, tant que l'argent est roi, ils feront ce qu'ils voudront et continueront s...

le 10/03/2016 à 15:48
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excellent !

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