Allemagne : la coalition SPD-Verts-FDP prête à gouverner avant la fin de l'année

Par latribune.fr  |   |  736  mots
La dirigeante des Verts Annalena Baerbock, le leader du SPD Olaf Scholz (au centre) et le responsable du FPD Christian Lindner lors de leur conférence de presse ce vendredi 15 octobre. (Crédits : Reuters)
La coalition "feu tricolore", couleurs du SPD, des Verts et des libéraux du FDP, annoncent ce vendredi un accord préliminaire en vue de gouverner ensemble. Parmi les mesures : pas de hausse d'impôts, respect des règles en matière d'endettement public et sortie du charbon avancée à 2030 contre 2038.

Les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux du FDP ont déjoué tous les pronostics. Alors que l'on n'attendait pas avant la fin de l'année la formation d'une coalition tant les vues entre les trois partis, gagnants du scrutin législatif du 26 septembre, semblaient difficiles à rapprocher, ce vendredi, ils ont annoncé avoir signé un accord préliminaire pour constituer un gouvernement dont le chancelier sera probablement le SPD Olaf Scholz.

Parmi les mesures négociées : l'absence de hausse d'impôts, le respect des règles d'endettement, ou encore la sortie avancée du charbon.

Sur la base du document présenté vendredi, les trois formations vont approfondir leurs pourparlers et ouvrir des négociations officielles abordant, point par point, tous les détails d'une future alliance.

La décision de formaliser les négociations est suspendue à des consultations des cadres des partis concernés, avec notamment un mini-congrès des Verts ce week-end, mais le résultat ne fait guère de doute. Si les tractations aboutissent, une coalition entre ces trois partis devrait prendre les commandes de l'Allemagne d'ici la fin de l'année.

L'union conservatrice CDU-CSU d'Angela Merkel risque fort de rejoindre les bancs de l'opposition, après 16 années au pouvoir, et de connaître des mois difficiles, entre règlements de compte et définition d'une nouvelle ligne politique.

Coalition inédite

"Nous avons effectivement réussi à nous mettre d'accord sur un document. C'est un très bon résultat, cela montre clairement qu'un gouvernement peut être formé en Allemagne", a salué le social-démocrate Olaf Scholz, lors d'une déclaration à la presse avec les dirigeants des partis écologiste et libéral.

"Nous avons réussi hier soir, au cours de discussions intensives jusqu'au petit matin, à mettre sur la table une proposition de coalition de réforme et de progrès pour que la prochaine décennie soit réellement une décennie de renouveau", a renchéri la co-présidente du parti écologiste, Annalena Baerbock.

"Après ces entretiens, nous sommes convaincus qu'il n'y a pas eu depuis longtemps une occasion comparable de moderniser la société, l'économie et l'État", s'est de son côté réjoui le patron du parti libéral, Christian Lindner, possible futur grand argentier du gouvernement.

Les trois partis, qui formeraient une coalition inédite à la tête de l'Allemagne, ont élaboré un document d'une douzaine de pages récapitulant leurs points d'accord et les réformes qu'ils entendent mener dans les quatre années qui viennent.

Les trois partis s'engagent à ne pas augmenter les impôts, une autre ligne rouge tracée par les libéraux, arrivés quatrième de l'élection mais en position, avec les "Grünen", de faiseurs de rois. Les Verts, eux, ont arraché une sortie du charbon avancée à 2030, contre 2038 initialement prévu. Une limitation de la vitesse sur l'autoroute, une des demandes des écologistes, n'est en revanche pas retenue.

Coalition approuvée par deux tiers des Allemands

Une telle coalition, baptisée "feu tricolore" en raison des couleurs associées à chaque parti, est souhaitée par près des deux tiers des Allemands (62%), selon un sondage publié vendredi. La cote de popularité de Olaf Scholz est encore plus élevée, puisque trois personnes sur quatre disent qu'il serait "bien" qu'il devienne chancelier.

Si la coalition parvient au pouvoir, elle aura fort à faire, dans un contexte délicat pour l'économie allemande, fragilisée par les pénuries de matières premières et de composants. L'objectif de baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre va de surcroît nécessiter d'énormes investissements dans la construction et les transports.

Verts et FDP, qui ne sont pas des alliés naturels, vont voir s'ils peuvent surmonter leurs différences sur des questions telles que la protection du climat, la fiscalité et les dépenses publiques. Mais les deux partis ont déclaré vouloir "construire des ponts" afin de gouverner.

Les trois partis veulent à tout prix éviter une répétition de 2017, lorsque le FDP avait quitté de façon spectaculaire les négociations de coalition avec les conservateurs et les Verts, entraînant des mois de tractations et de paralysie en Europe. "Dans l'ensemble, on peut sentir qu'un nouveau départ est possible ici, soutenu par les trois partis qui se réunissent ici", a résumé Olaf Scholz.

(avec AFP)