Johnson veut suspendre le Parlement : un "coup d'État" dénonce le Labour

Par latribune.fr  |   |  550  mots
(Crédits : Reuters)
La décision du Premier ministre britannique Boris Johnson de limiter la durée de la session parlementaire avant la date prévue pour le Brexit constitue un coup d'Etat contre le Parlement, a déclaré mercredi la porte-parole du Parti travailliste pour les Affaires intérieures.

[Article publié le 28.08.2019 à 12:03, mis à jour à 14:25 avec déclaration de Diane Abott]

La rentrée parlementaire, qui s'annonce houleuse, est prévue pour mardi. Le Premier ministre a demandé à la reine Elizabeth II de suspendre le Parlement la semaine suivante, après les débats du 9 septembre, et jusqu'au 14 octobre. La session parlementaire reprendrait alors avec le traditionnel discours de la Reine, dans lequel elle expose le programme de son gouvernement.

Mais pour la porte-parole du Parti travailliste pour les Affaires intérieures, cette décision de Boris Johnson de limiter la durée de la session parlementaire avant la date prévue pour le Brexit constitue un "coup d'État contre le Parlement", a-t-elle déclaré.

La réduction des débats, coup dur pour les anti-Brexit

En clair, Boris Johnson annoncera son nouveau programme législatif le 14 octobre, ce qui revient mettre le Parlement hors session à partir de la mi-septembre et réduirait à un peu plus de 15 jours le temps qu'auront les députés à partir du 14 octobre pour tenter de bloquer un Brexit sans accord.

La date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est prévue pour le 31 octobre et le successeur eurosceptique de Theresa May a fait savoir qu'il respecterait cette date, avec ou sans accord ("no deal") de sortie avec l'UE.

"Boris Johnson vise un coup d'État contre le Parlement. Contre vous, les électeurs, et contre vos représentants politiques. Pour un "no deal" désastreux", a déclaré Diane Abbott dans un tweet.

La rébellion touche même les rangs conservateurs: le président de la Chambre des communes, le conservateur John Bercow, a ainsi parlé d'"un affront à la Constitution".

Evidemment, le Parti unioniste démocrate (DUP) nord-irlandais, qui soutient le Premier ministre, s'est en revanche félicité de la décision de Boris Johnson.

Chute de la livre sterling

Cette suspension jusqu'au 14 octobre, à deux semaines de la date prévue du Brexit (le 31 octobre) fait hurler l'opposition, et les déclarations du gouvernement britannique l'assure, qui jure que n'est pas pour empêcher l'opposition de faire capoter son plan pour le Brexit n'ont pas convaincu du contraire. Johnson avait ainsi assuré dans une déclaration à la télévision Sky:

"Les députés auront amplement le temps de débattre."

Ce n'est pas ce qui a fait remonter la livre qui avait chuté à cette annonce ni calmé l'opposition qui fustige ici une manoeuvre pour empêcher les députés de stopper un Brexit sans accord le 31 octobre.

Un "No deal" mettrait le pays à la merci de Trump, selon Corbyn

Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a fait savoir qu'il ferait tout son possible pour empêcher un Brexit sans accord. Une telle éventualité, a-t-il dit, mettrait le Royaume-Uni à la merci du président Donald Trump et des entreprises américaines.

Boris Johnson a fait savoir que le Royaume-Uni quitterait l'UE le 31 octobre, avec ou sans accord.

Corbyn est en train de réussir à unifier l'opposition

Les partis d'opposition ont d'ailleurs annoncé mardi un accord de coopération en vue de prévenir un "no deal", après des discussions entre Jeremy Corbyn, le Parti national écossais (SNP), les libéraux-démocrates, le Parti Vert et le Groupe indépendant pour le changement.

(Avec AFP et Reuters)