Brexit : les négociations patinent, Michel Barnier "déçu et préoccupé"

Alors que de nouvelles négociations avaient lieu cette semaine entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne sur leur future relation, les chances d’arriver à un compromis s’amenuisent. Londres et Bruxelles s'accusent mutuellement de mauvaise volonté.
Michel Barnier est le négociateur en chef de la Commission chargé de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni
Michel Barnier est le négociateur en chef de la Commission chargé de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni (Crédits : YVES HERMAN)

Londres et Bruxelles se sont rejeté mutuellement la faute du manque de progrès pour trouver un accord sur leur relation post-Brexit vendredi, les Européens pointant "une perte de temps précieux" tandis que les Britanniques les accusaient de rendre les négociations "inutilement difficiles".

"A ce stade, un accord avec le Royaume-Uni et l'Union européenne semble peu vraisemblable. Je ne comprends tout simplement pas pourquoi nous gâchons un temps précieux", a lancé le négociateur européen Michel Barnier, à l'issue de la 7e séance de négociations, se disant "déçu et préoccupé".

Lire aussi : Accord post-Brexit: Berlin en appelle au "sens des réalités" de Londres

Au même moment son homologue britannique David Frost a reproché aux Européens de "rendre inutilement difficiles" ces discussions en voulant imposer à Londres "une continuité" des mêmes règles sur les aides d'Etat, qui font partie des conditions de concurrence, et la pêche, deux points durs des discussions, avant d'avancer sur les autres sujets de l'accord.

"Les négociations bloquent sur l'insistance de l'UE à nous faire accepter leur position (sur ces deux points), donc c'est gelé", a commenté un négociateur britannique.

"Pour les Européens, il est hors de question de laisser les conditions de concurrence équitable et la  pêche pour la fin des négociations. On ne peut pas continuer à avancer sur les autres sujets quand on a un trou béant sur les sujets centraux", a souligné une source européenne.

Pourtant le temps presse depuis le divorce le 31 janvier 2020 entre le Royaume-Uni et l'UE. Un accord doit être trouvé au plus tard fin octobre, le temps notamment des ratifications par le parlement européen et britannique, avant la fin de la période de transition fin 2020 pour avoir un accord en place le 1er janvier 2021.

Tout en reconnaissant l'impasse dans laquelle se trouvent les discussions, les deux négociateurs jugent toujours un accord possible.

Comme depuis le départ, les négociations butent sur les conditions de concurrence (normes sociales, environnementales, fiscales et aides d'Etat), l'UE refusant de voir surgir à sa porte une économie dérégulée, et le dossier de la pêche, essentiel pour plusieurs pays européens dont la France alors que Londres veut reprendre le contrôle de ses eaux poissonneuses.

Lire aussi : Brexit : l'espoir d'un accord avec l'UE cet été s'éloigne encore

Nouveau rendez-vous en septembre

Pour illustrer ces profondes divergences sur les conditions de concurrence, Michel Barnier a pris l'exemple des transports routiers, affirmant que les Britanniques ne voulaient pas que certaines règles s'appliquent à leurs chauffeurs lorsqu'ils circulent sur le continent européen comme les temps de conduite ou de repos alors que celles-ci s'imposent aux Européens.

"Il n'y aura pas d'accès à la carte au marché unique" européen, a-t-il averti.

Faute d'accord avant le 31 décembre, les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avec leurs droits de douane élevés et leurs contrôles douaniers poussés, s'appliqueraient aux relations commerciales entre l'Union et son ancien partenaire.

Le prochaine session de discussions doit avoir lieu à Londres à partir du 7 septembre. Dans l'intervalle, MM. Barnier et Frost seront "en contact étroit", a assuré le négociateur britannique. Un échec à trouver un compromis aurait des conséquences potentiellement désastreuses pour des économies déjà frappées de plein fouet par la pandémie de Covid-19.

Le Royaume-Uni a en effet subi au deuxième trimestre une chute record de 20,4% de son économie et, sur les six premiers mois de l'année, sa pire récession jamais enregistrée. Quant à la zone euro (19 pays de l'UE), elle a elle aussi vu son PIB plonger de façon vertigineuse entre avril et juin (- 12,1%).

Lire aussi : En Europe, l'économie repart... en ordre dispersé

Commentaires 38
à écrit le 24/08/2020 à 14:40
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La négociation trébuche sur des préliminaires étranges pour le commerce : les règles applicables sur les eaux territoriales et à la cour de récréation ("playing field"). Ce sont pourtant des questions largement traitées par le droit international. Qu...

à écrit le 24/08/2020 à 12:17
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Vu la dévaluation dans laquelle Macron et Merkel (m&M) viennent de plonger l'Europe, les anglais vont pouvoir racheter la Normandie à bas prix pour eux. Ils avaient déjà commencé. Ce qui serait intelligent , c'est de faire un Frexit et après de nous...

à écrit le 24/08/2020 à 11:55
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SI Barnier se dit "déçu et préoccupé" c'est surtout pour son ego, car "le Futur" n'est toujours pas écrit!

à écrit le 24/08/2020 à 9:15
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L'Europe n'a pas apprécié le départ des Anglais et Barnier leurs cherche des poux. C'est pas nouveau cette attitude de l'Europe

à écrit le 23/08/2020 à 12:17
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Depuis le début je dis que les Britishs regrettent leur vote pour le brexit (les décideurs, politiques, entrepreneurs...bien entendu). C'est la raison pour laquelle ils font trainer les choses. Et c'est pas fini!

à écrit le 23/08/2020 à 11:18
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que pensent les opinions publiques des autres pays de l'UE du déroulement des négociations avec la Grande Bretagne et qu'en espèrent t-elles ?

à écrit le 23/08/2020 à 10:59
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La vérité, c'est qu'il n'y a pas grand chose à négocier. L'exemple des camionneurs est révélateur de la situation. Les britanniques ont quitté l'Union Européenne (UE), non pas pour être "plus indépendants" (version officielle et Politiquement Correct...

à écrit le 22/08/2020 à 20:30
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Il me semble que ce sont les britanniques qui ont décidé de partir ; qu'ls souffrent , ça ne va pas m'empecher de vivre , dormir et consommer . Les régles de l'OMC sont plus pénalisantes pour l'ile britannique que pour le continent , tant mieux pou...

à écrit le 22/08/2020 à 19:02
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Mais non, l'Union Européenne ne peut pas être "déçue et préoccupée" si elle n'a rien à perdre comme on nous l'explique depuis le début...

le 23/08/2020 à 13:50
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Tant mieux si ils partent on récupéra la compensation de s marches en l euro en Europe ! Un comble quand on pense que le pays n estpas dans l euro! La reine d Angleterre ne pourra plus toucher les aides européennes agricole pour ses domaines ag...

à écrit le 22/08/2020 à 18:42
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"Ouin ouin ! Nous sommes européens !"

à écrit le 22/08/2020 à 17:04
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Ce doit être pénible et fatigant de négocier avec des un gouvernement anglais populiste qui veut s'affranchir des règles communes pour leur seuls intérêts complétement utopistes ( créer des zone franches et des Singapours à la porte de l'Europe... ) ...

le 23/08/2020 à 12:59
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c'est pas comme si, on ne pouvait pas renvoyer vos "arguments" au gouvernement français qui a été très à la hauteur, heu, en matière de donneur de leçon "économique et sanitaire" pouvez-vous nous faire savoir pourquoi "Barnier" est compétent ? je vou...

à écrit le 22/08/2020 à 13:54
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Les anglais veulent poursuivre avec le marché commun comme à son origine. Mais il a été dénaturé pour aboutir à un fédéralisme européen que les citoyens britanniques rejettent comme leurs homologues européens. César, Napoléon, Hitler n'ont pas réussi...

le 23/08/2020 à 10:13
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Nous vivons déjà dans une UE quasi fédérale. Certes , différente d'une fédération telle les USA et pourtant...nos états ont conservé quelques pouvoirs régaliens tels les armées, la diplomatie mais nos états sont imbriqués de façon aussi poussée que v...

le 25/08/2020 à 8:45
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On nous rabat les oreilles tous les jours avec l'égalité. Cela signifie donc que nous sommes rien de plus que les autres. La France est revenu à son point de départ : une agglomération de communautés qui s'entendent de moins en moins - Le tribalisme....

à écrit le 22/08/2020 à 11:06
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Pauvre Barnier , toujours à se plaindre !Quelle entreprise , organisation , voudrait embaucher ce gars là ? L'UE uniquement .La complainte de Barnier continue , comme tout ce qu'il fait cela n'aboutira à rien .

à écrit le 22/08/2020 à 10:51
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Je ne comprends pas l'obstination des européens à rechercher un accord à tout prix. J'aurai très certainement fait un mauvais diplomate, mais nos voisins anglais ne comprennent que le chantage. Alors au lieu de chercher un terrain d'entente, m Barnie...

le 22/08/2020 à 20:34
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200 % d'accord . On a d'autres priorités que BOJO .

à écrit le 22/08/2020 à 10:12
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Nouveau round de négociations, nouvel échec. Selon David Frost, négociateur en chef britannique, à ce stade, un accord est possible « uniquement si le pays renonce à sa souveraineté » et ça n' est pas pour demain après l' avoir regagnée de ...

à écrit le 22/08/2020 à 9:39
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On peut discuter du fond savoir quels sont les objectifs de l'UE, mais dans la forme nous savons que Barnier et son équipe ont été excessivement mauvais. certes on comprend bien que dans un premier temps ils ont joué la montre, espérant un nouveau ré...

à écrit le 22/08/2020 à 0:12
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La GB a réussi le tour de force a cumuler le pire bilan en nombre en décès du COVID avec la pire récession économique du G7. Trop fort, les brexiters !

à écrit le 21/08/2020 à 23:28
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Ah ils ont pas froid aux yeux les Brit, comme s'ils étaient en position de force: leurs routiers ne devraient plus respecter les règles européennes sur les routes européennes, comme les tps de conduite et de repos par ex. Ben voyons! Pour compenser l...

à écrit le 21/08/2020 à 20:42
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La GB a une position et ne veut pas bouger d'un millimètre [une île ça ne se déplace pas comme ça :-) ], c'est à l'UE d'aller vers elle, mettre de l'eau dans son vin (sacrilège ! :-) ), ou de ne pas avoir d'accord, ce qui sera mis sur le dos de l'UE ...

à écrit le 21/08/2020 à 20:40
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On se fait avoir, nous sommes le pigeon de l’UE, «La France ne va “recevoir” que 39 milliards d’euros, mais va payer entre 80 et 100 milliards d’euros»!, heureux anglais, UPR, Frexit, vite ..

le 22/08/2020 à 11:48
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Tiens, les anti européens existent encore ? ....

à écrit le 21/08/2020 à 19:22
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C'est pourtant simple, les Anglais ne veulent pas d'accord, ils ne veulent pas des règles de l'UE, ils sont sortis A CAUSE de ces règles ! Dont acte. Ne perdons pas de temps à discutailler, ils gardent leur poisson qui sera taxé par l'UE, "on" retir...

à écrit le 21/08/2020 à 19:15
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Sans surprise. Le RU et l'UE ont d'autres priorités. Le RU va se réveiller le 30 décembre.

à écrit le 21/08/2020 à 18:59
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....quand on entre dans l'UE on adhere surement a un ensemble de conventions qui couvrent entrée et sortie ! Il n'y a qu'a les appliquer mais avec les anglais dont la devise est "moi d'abord et les autres RAB " c'est surement trés difficile ...

le 21/08/2020 à 19:18
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Et revoir notre litigieuse entré dans l'union, aussi... je suppose?!

à écrit le 21/08/2020 à 18:25
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Plus vous avancerez dans l'épreuve de force et moins quelqu'un cédera quel que soit le sujet! Mr Barnier représente un conglomérat d'intérêt, l'UK représente son peuple!

le 21/08/2020 à 23:42
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" un conglomérat d'intérêt"...de 450 millions d'habitants, représentant 27 peuples...bof! une paille, face aux intérêts des Brit. Allez Barnier !! A la niche !

à écrit le 21/08/2020 à 18:22
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Mr Barnier, sur ordre a tout fait pour pourrir la décision démocratique des anglais. Il ne faut pas s’étonner de la mauvaise volonté de la Grande Bretagne.

à écrit le 21/08/2020 à 17:34
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M. Barnier a montré qu'il est au niveau et on peut lui faire confiance En face; les interlocuteurs se succèdent et aucun ne fait le poids Les anglais sont pragmatiques et ils se plieront en dernier ressort J'aimerai pouvoir en dire autant des eur...

à écrit le 21/08/2020 à 17:30
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Il sont quand meme comiques barnier et l'UE... "concurrence équitable pour les UK...." alors que l'UE vient de décider de faire des dons à hauteur de 350 milliards et donndnt tous les ans depuis 40 ans des milliards aux agriculteurs... Sur l...

le 22/08/2020 à 16:13
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Ben qu'est ce qu'ils attendent alors pour conclure le no deal et attaquer l'UE devant l'OMC ?? On voit pas très bien votre logique ...

à écrit le 21/08/2020 à 17:18
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Tout ce que l'UE touche prend de longs mois voir de longues et longues années; pourquoi pas le Brexit. On est habitué

le 21/08/2020 à 19:14
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On dirait que vous n'avez pas entendu parler de la crise politique au RU après le referendum et des rebondissements réguliers sur le sujet. Ou alors vous faites mine d'avoir oublié parceque ça ne s'oublie pas.

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