Face à un Macron moins intransigeant que prévu, Johnson clame : «Je veux un accord ! »

Par AFP  |   |  867  mots
(Crédits : Reuters)
Devant son homologue britannique qui s'est dit encouragé sur la voie d'un accord par sa rencontre avec Merkel, le président français, réputé inflexible, s'est rangé à l'idée de Merkel selon laquelle une solution sur la question irlandaise pourrait être trouvée "d'ici à 30 jours", mais il a insisté sur le respect de deux conditions concernant le "backstop" : "garantir la stabilité en Irlande" et "assurer l'intégrité du marché unique".

[Article publié le 22.08.2019 à 15:21 mis à jour à 16h25 avec précisions de Merkel et Bourse]

Le président français Emmanuel Macron a estimé jeudi qu'une solution pourrait être trouvée "d'ici 30 jours" sur la question de la frontière irlandaise (clause du "backstop") afin d'aboutir à une sortie ordonnée du Royaume-uni de l'UE.

"Dans le cadre de ce qui a été négocié, un travail doit pouvoir se faire", a-t-il déclaré en recevant le Premier ministre britannique Boris Johnson à l'Élysée, à deux jours du sommet du G7.

Le président réputé inflexible se dit sur la même ligne que Merkel

"Je suis, comme la chancelière Merkel, confiant sur le fait que l'intelligence collective, notre volonté de construire, doit nous permettre de trouver quelque chose d'intelligent dans les 30 jours s'il y a une bonne volonté de part et d'autre, et c'est ce que je veux croire", a-t-il ajouté devant la presse, estimant que "l'avenir du Royaume-Uni ne peut se trouver qu'en Europe".

Le "backstop", disposition controversée sur l'Irlande dans l'accord de Brexit négocié entre Londres et Bruxelles mais refusé par le Parlement britannique, prévoit que, faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, et pour éviter le retour d'une frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, le Royaume-Uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec l'UE.

Boris Johnson estime que ce dispositif porte atteinte à la "souveraineté de l'Etat britannique" et l'empêcherait de mener une politique commerciale indépendante des règles de l'UE.

"Les solutions techniques sont aisément disponibles", a assuré le Premier ministre britannique devant son homologue, ajoutant que le Royaume-Uni ne voulait "à aucun prix établir des contrôles à la frontière".

"Je veux un accord" martèle finalement Boris Johnson

"Je veux un accord", a martelé Boris Johnson. "Je pense que nous pouvons avoir un accord et un bon accord", a-t-il ajouté, se disant "encouragé" par sa rencontre mercredi avec la chancelière Angela Merkel.

Mme Merkel, en le recevant mercredi à Berlin, avait aussi jugé possible de trouver "dans les 30 prochains jours" un accord avec Londres pour éviter un divorce non négocié entre le Royaume-Uni et l'Union européenne le 31 octobre. Le président français, réputé plus inflexible, avait alors à l'inverse affirmé que "la renégociation dans les termes proposés par les Britanniques n'est pas une option qui existe". La présidence française avait également exprimé ses réserves quant aux chances d'éviter un "Brexit dur", largement redouté par le monde des affaires des deux côtés de la Manche, estimant qu'"aujourd'hui, le scénario central du Brexit est celui du 'no-deal'".

Devant son homologue, Emmanuel Macron a insisté sur le respect de deux conditions concernant le "backstop" : "garantir la stabilité en Irlande" et "assurer l'intégrité du marché unique".

Merkel précise qu'elle n'a pas seulement dit "dans les trente jours"

Ce jeudi après-midi, la chancelière allemande, Angela Merkel a tenu à préciser ses propos lors de sa conversation hier avec Boris Johnson, et notamment qu'un accord sur le Brexit avec le Royaume Uni était possible jusqu'au 31 octobre, pas seulement dans "les 30 jours".

"J'ai dit (à Boris Johnson Premier ministre britannique) que ce que vous voulez faire en deux ou trois ans, vous pouvez le faire en 30 jours, ou encore (...) d'ici le 31 octobre", a déclaré Mme Merkel en visite à La Haye.

 La livre bondit, signe d'optimisme après les propos de Merkel et Macron

Peu avant 16 heures, la livre sterling bondissait jeudi face à l'euro et au dollar, gagnant même temporairement plus de 1% face aux deux devises, signe d'un regain d'optimisme du marché quant à la possibilité d'un accord sur le Brexit.

Vers 13H40 GMT (15H40 à Paris), la livre gagnait 0,91% face au billet vert, à 1,2240 dollar, et 0,93% face à la monnaie unique, à 90,55 pence pour un euro. Une demi-heure auparavant, elle est montée jusqu'à 1,2265 dollar et 90,41 pence pour un euro, des niveaux plus vus depuis trois semaines.

"Les investisseurs réagissent aux derniers propos rassurants d'Angela Merkel sur le filet de sécurité irlandais", a expliqué à l'AFP Pierre Veyret, analyste pour ActivTrades.

"Mme Merkel a déclaré qu'il est possible de trouver une solution au filet de sécurité qui maintiendrait l'intégrité du marché unique et respecterait les principes de l'accord de Belfast de 1998", a complété David Madden, analyste pour CMC Markets.

Le mécanisme dit de "filet de sécurité", ou "backstop", prévu dans l'accord conclu entre Londres et l'UE en novembre 2008 a été rejeté à plusieurs reprises par le Parlement britannique.

Cette disposition controversée, sorte de "police d'assurance" pour l'UE, vise à éviter qu'émerge à nouveau après le Brexit une frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande au sud, au risque de réveiller le conflit sur l'île.

Les derniers propos de la chancelière allemande, en déplacement à La Haye aux Pays-Bas, s'ajoutent à ceux d'Emmanuel Macron qui s'est déclaré un peu plus tôt dans la journée "confiant" qu'une solution puisse être trouvée "dans les 30 prochains jours" entre Londres et les 27, même s'il s'est montré plus prudent que le Premier ministre britannique Boris Johnson.