Hausse des taux : la lutte contre la fragmentation de la zone euro devient la priorité de la BCE

Lors d'une audition devant le Parlement européen, ce lundi, la président de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a confirmé la hausse des taux directeurs de 25 points de base lors de sa réunion monétaire de juillet puis à nouveau en septembre. Elle a surtout insisté sur la nécessité de mener cette nouvelle politique monétaire, pour atteindre l'objectif des 2% d'inflation dans la zone euro, en luttant contre le risque de fragmentation.
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, s'exprimait ce lundi lors d'une audition devant le Parlement européen.
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, s'exprimait ce lundi lors d'une audition devant le Parlement européen. (Crédits : Reuters)

Le resserrement monétaire est bel et bien enclenché. La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a confirmé, ce lundi, que l'institution monétaire relèvera ses taux d'intérêt directeurs de 25 points de base lors de sa réunion de politique monétaire de juillet. Elle prévoit également un nouveau relèvement en septembre.

Avec ce resserrement, la BCE espère endiguer l'inflation dont le taux atteignait 8,1 % en mai 2022, contre 7,4 % en avril (en glissement annuel) en zone euro. Christine Lagarde, qui s'exprimait à l'occasion d'une audition au Parlement européen, a d'ailleurs affirmé que « les hausses de prix se diffusaient dans tous les secteurs » et que « l'activité de la zone euro avait été freinée par les coûts élevés de l'énergie, l'intensification des ruptures d'approvisionnement et une plus grande incertitude ».

Un ton relativement alarmiste qui tranche avec la prudence et la volonté d'apaisement adoptée jusqu'au mois de mars 2022, sur une situation qui était déjà en train de s'aggraver. Longtemps, dans le débat sur la hausse des taux, Christine Lagarde avait invité à ne pas "surréagir".

Éviter la fragmentation

« Ces décisions confortent nos engagements antérieurs à ajuster tous nos instruments dans le cadre de notre mandat, en incluant de la flexibilité si nécessaire, pour assurer que l'inflation se stabilise à notre objectif de 2% à moyen terme », a-t-elle ajouté, faisant référence à la volonté de la BCE d'éviter le creusement des écarts de rendement entre les pays membres de la zone euro. « La lutte contre la fragmentation est une condition préalable au succès de la politique monétaire », a-t-il insisté.

 La précédente prise de parole de la présidente de la BCE avait déclenché une vive inquiétude sur les marchés. Elle avait, en effet, évoqué la possibilité que ce resserrement monétaire accentue le spread - c'est-à-dire l'écart - entre le taux à 10 ans de certains pays européens et celui de l'Allemagne. Le taux à 10 ans allemand est, en effet, pris comme référence pour calculer cet écart, l'Allemagne étant le pays qui emprunte au taux le plus bas dans la zone euro. Si le spread est trop important, il y a un risque de créer un déséquilibre entre les économies européennes. Illustrant les propos de Christine Lagarde, le taux d'emprunt italien à 10 ans avait alors bondi au-dessus des 4%, une première depuis 2014 creusant l'écart avec le taux allemand de 200 points de base.

Un outil "anti-fragmentation"

La BCE avait donc organisé une réunion en urgence à l'issue de laquelle elle s'est engagée « à agir contre la résurgence des risques de fragmentation », selon un communiqué diffusé par l'institut monétaire européen, et elle va donc « appliquer une certaine souplesse dans le réinvestissement des remboursements arrivant à échéance dans le portefeuille PEPP en vue de préserver le fonctionnement du mécanisme de transmission de la politique monétaire ». Le PEPP désigne un programme d'urgence d'achat d'actifs déployé dans le cadre de la crise sanitaire afin de faciliter l'accès des particuliers et des entreprises à des financements abordables.

Mais Christine Lagarde a prévenu lundi : la lutte contre la fragmentation est une condition préalable au succès de la politique monétaire de la zone euro.

La BCE promet donc de cibler les réinvestissements des remboursements dans le cadre de ce PEPP sur la dette de pays qui en ont besoin afin d'éviter de faire grimper leurs taux d'emprunt. La BCE a également annoncé son intention de réunir « les comités compétents » de l'Eurosystème pour « accélérer l'achèvement de la conception d'un nouvel instrument "anti-fragmentation" qui sera soumis à l'examen du Conseil des gouverneurs ».

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(Avec Reuters)

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