Italie : les populistes eurosceptiques et antisystème aux portes du pouvoir

Par latribune.fr  |   |  709  mots
Le chef de la Ligue, Matteo Salvini (au centre), accompagné de Giorgia Meloni, la présidente du mouvement des Frères d'Italie, et de Silvio Berlusconi (à droite), président du mouvement Forza Italia, s'adresse au président de la République italienne, Sergio Mattarella, lors d'un discours à Rome le 7 mai 2018 au palais du Quirinal (l'équivalent du palais de l’Élysée, en France). (Crédits : Handout .)
L'Italie, 3e économie de la zone euro, pourrait, ce lundi, livrer son destin à deux partis antisystème et eurosceptiques : le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue, qui ont trouvé samedi un accord de gouvernement. Ils seront reçus cet après-midi par le président de la République italienne, Sergio Mattarella.

Luigi Di Maio et Matteo Salvini (extrême-droite) ont fait un pas de plus samedi vers la formation du premier gouvernement antisystème en Italie et en Europe occidentale, ces deux responsables politiques assurant être tombés d'accord sur de nombreux points.

Tous deux doivent être reçus lundi après-midi au Quirinal, le palais présidentiel, pour présenter les détails de cet accord.

"Nous sommes sur la bonne voie", a déclaré Luigi Di Maio, 31 ans, le chef politique du Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste) à l'issue d'une nouvelle journée de tractations avec son homologue de la Ligue (extrême-droite), Matteo Salvini, 45 ans, lequel affirmait qu'"il y a en substance un accord sur les points clés".

Pour la composition du gouvernement, Ligue et M5S devront aussi s'entendre sur leurs poids respectifs : face aux 32% obtenus par le M5S aux législatives du 4 mars, M. Salvini s'appuie sur les 37% de la coalition de droite formée par la parti de Silvio Berlusconi et la Ligue, cette dernière ne pesant que 17% des voix.

Baisse des impôts, départ en retraite, légitime défense...

"Si l'on parvient à un accord sur la baisse des impôts, à faire partir à la retraite les gens qui y ont droit, à insérer le droit à la légitime défense, je préfère donner (à l'Italie) un gouvernement qui prend ces engagements devant les Italiens plutôt qu'un gouvernement neutre", a ajouté M. Salvini.

Les deux hommes rendront compte dimanche, à l'issue d'une dernière rencontre, de leurs discussions au président Mattarella, qui pourrait nommer dès lundi le chef du gouvernement.

Selon les médias italiens, les deux partis s'accordent sur la nécessité de revenir sur une réforme faisant progressivement retarder le départ à la retraite.

Ainsi, après avoir passé au crible un vingtaine de points, la Ligue et le M5S se seraient accordés sur la nécessité de revenir sur une réforme retardant progressivement l'âge de départ à la retraite. Il est actuellement fixé à 66 ans et sept mois, avant de passer à 67 ans en 2019. Il est probable que soit introduit le barème 100, à savoir la possibilité de quitter le travail lorsque la somme de l'âge et des années de cotisation est égale à 100 (par exemple 64 ans et 36 ans de cotisations).

Points de désaccord sur la question de l'immigration

Un compromis pourrait aussi être trouvé sur un report à 2019 du revenu de citoyenneté, une idée forte du M5S, ainsi que sur une reconfiguration de la "flat tax" voulue par la Ligue. Selon le M5S, ce taux d'imposition unique de 15% pour les Italiens pèserait trop lourdement sur les comptes publics.

Parmi les points de désaccord figure la question de l'immigration, "l'approche de la Ligue étant plus musclée que celle du M5S", explique le quotidien Il Corriere della Sera.

MM. Di Maio et Salvini devraient débattre dimanche de l'épineuse question du candidat au poste de Premier ministre qui devra être acceptable par leurs deux partis mais aussi compatible avec les exigences du président de la République.

Le chef de l'Etat met en garde contre la "tentation souverainiste"

Garant du respect par l'Italie de ses engagements internationaux, le chef de l'Etat est particulièrement attentif au profil du futur chef du gouvernement.

Au cours d'un forum à Florence jeudi, il a mis en garde contre la tentation souverainiste, assurant qu'"aucun défi auquel notre continent est aujourd'hui exposé ne peut être affronté par un quelconque pays membre de l'Union européenne pris isolément, quelle que soit sa dimension".

La réforme de l'Union européenne en péril

L'Italie gouvernée par des eurosceptiques antisystème ? Cette percée populiste en Italie à l'occasion des élections de mars dernier, avec le possible retour des anti-migrants au pouvoir, pourrait mettre à mal la volonté franco-allemande de réformer l'Union européenne, tout juste relancée par la conclusion d'un accord de gouvernement à Berlin, selon les analystes.

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 Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Ci-dessus, un tableau comparatif des positions d'une sélection de partis populistes européens sur l'immigration, l'Europe et les dépenses sociales. Crédit : Statista* ]

(*) Un graphique de notre partenaire Statista.

(Avec AFP)