La BCE confirme le resserrement de sa politique monétaire dès le 3eme trimestre

Pour l'institution basée à Francfort, le programme de rachat net de dettes prendra fin entre début juillet et début septembre, a confirmé ce jeudi son vice-président. La fin du "bazooka monétaire", qui a assuré la stabilité du financement des dettes des pays de la zone euro ces dernières années, n'impose pas automatiquement un relèvement des taux directeurs, même si ceux-ci pourraient connaître une hausse, 11 ans après leur dernière réévaluation. L'enjeu pour la BCE est de limiter l'inflation.
Comme envisagé par Christine Lagarde, la présidente de l'institution bruxelloise, la BCE devrait bien mettre fin à sa politique de rachat d'actifs fin juillet, soit au troisième trimestre 2022, ouvrant la voie à un relèvement des taux directeurs, maintenus à des niveaux historiquement bas malgré l'inflation galopante en Europe.
Comme envisagé par Christine Lagarde, la présidente de l'institution bruxelloise, la BCE devrait bien mettre fin à sa politique de rachat d'actifs fin juillet, soit au troisième trimestre 2022, ouvrant la voie à un relèvement des taux directeurs, maintenus à des niveaux historiquement bas malgré l'inflation galopante en Europe. (Crédits : RALPH ORLOWSKI)

La Banque centrale européenne (BCE) confirme son calendrier au sujet de l'arrêt de son programme d'achat net de dettes. Comme envisagé par Christine Lagarde, la présidente de l'institution bruxelloise, la BCE devrait bien mettre fin à sa politique de rachat d'actifs fin juillet, soit au troisième trimestre 2022, ouvrant la voie à un relèvement des taux directeurs, maintenus à des niveaux historiquement bas malgré l'inflation galopante en Europe.

C'est le sens de la déclaration du vice-président de la BCE, Luis de Guindos, dans un entretien accordé à l'agence Bloomberg. Le calendrier précis de la première hausse de taux dépendra des projections qui seront publiées lors de la prochaine réunion de la BCE le 9 juin, a toutefois déclaré M. de Guindos. "Dans la perspective actuelle, juillet est possible et septembre, ou plus tard, est également possible", a déclaré M. de Guindos, généralement considéré comme l'un des membres du conseil des gouverneurs les plus favorables à une politique monétaire accommodante.

Un programme d'urgence qui dure depuis 8 ans

Pour comprendre les tenants et les aboutissants du débat, il faut rappeler le modèle de financement des États. Pour financer leur budget, les pays de la zone euro émettent de la dette. Elle est achetée par les banques privées sur le marché principal. Ensuite, la banque centrale européenne rachète les actifs détenus par ces investisseurs privés sur le marché secondaire.

La BCE utilise pour cela un "bazooka" monétaire, l'outil à sa disposition pour mener à bien sa politique de Quantitative easing (QE), un programme massif de rachat de dette. Deux armes monétaires ont coexisté ces dernières années : le programme traditionnel de rachat d'actifs, lancé en 2014, et le PEPP, doté de 1.850 milliards d'euros, mis en route en pleine pandémie afin de soutenir les mesures d'urgence des Etats et ainsi contribuer à la stabilité du système, notamment afin d'éviter une crise des dettes souveraines. Le programme d'urgence a été arrêté fin mars par la BCE.

Quant au programme traditionnel, son allégement a été annoncé ces derniers mois par Francfort, avec une réduction des achats nets d'actifs mensuels de 40 milliards d'euros en avril, de 30 milliards d'euros en mai et de 20 milliards d'euros en juin.

Au total, depuis 2014, la BCE a racheté pour près de 5.000 milliards d'euros de dette publique et privée depuis 2014 dans le cadre de sa stratégie d'"assouplissement quantitatif".

Ces instruments monétaires sont accompagnés par une politique de taux d'intérêt bas décidée par la BCE, permettant aux États d'emprunter à des coûts faibles. En effet, le programme de rachat d'actifs par la Banque centrale donnait jusqu'ici un "effet signal" aux investisseurs, qui réduisait la volatilité et l'incertitude sur les marchés.

L'institution de Francfort est en effet sous pression pour amorcer le relèvement de ses taux, mouvement déjà largement entamé par les autres grandes banques centrales dans le monde, afin d'essayer de juguler la flambée des prix accentuée par la guerre en Ukraine. Ses taux directeurs (0,5 %, 0% et -0,5%) sont inchangés depuis près de huit ans.

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L'inflation est la principale cause de cette mise sous pression. Dans la zone euro, la hausse des prix atteint le record de 7,5% en mars, bien au-dessus de l'objectif de 2% visé par la BCE à moyen terme. Les banques centrales utilisent les hausses de taux comme un outil pour tenter de maîtriser l'inflation, mais appuyer sur la gâchette trop tôt risque de nuire à la croissance à un moment sensible pour l'économie européenne, fragilisée par les tensions géopolitiques.

Pas de stagflation en vue pour la BCE

Les anticipations d'inflation sont les principaux facteurs à prendre en compte lors de la définition de la politique monétaire, a expliqué le responsable de la BCE dans l'entretien accordé à Bloomberg. Les deux tiers de l'inflation que nous subissons actuellement sont dus aux prix de l'énergie, c'est donc de l'inflation importée. La politique monétaire ne peut pas faire grand-chose pour faire face à ce type d'inflation".

Luis de Guindos estime notamment que "l'inflation commencera à baisser au second semestre de l'année. Mais même ainsi, elle sera supérieure à 4 % au dernier trimestre", a-t-il précisé, estimant que la zone euro ne rentrerait pas dans une situation de stagflation, du fait qu'une "récession technique "  à partir de "deux trimestres consécutifs de croissance négative - ne fait pas actuellement partie de nos projections", ni "de croissance négative d'une année sur l'autre."

Dans la séquence prévue par la BCE, une hausse des taux - la première depuis 2011 - est censée intervenir "quelques temps après" la fin des achats de dette, sans plus de précision. "Mais nous devons garder à l'esprit que nous avons maintenant clairement dissocié la fin de l'APP de la première hausse des taux, de sorte qu'une hausse des taux n'a pas besoin de se produire automatiquement une fois l'APP terminée", a-t-il recadré. Et de préciser que la BCE sera attentive à l'évolution des données économiques.

Au sein du Conseil des gouverneurs, les partisans d'un resserrement rapide de la politique monétaire se font de plus en plus entendre, craignant que la BCE agisse trop tard et ne puisse plus rien faire pour enrayer la hausse des prix.

Parmi ces "faucons", le dirigeant de la Banque centrale allemande Joachim Nagel s'est de nouveau inquiété, mercredi, d'une hausse incontrôlée des prix et a plaidé pour un sevrage aussi rapide que possible.

Commentaires 2
à écrit le 21/04/2022 à 15:07
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La BCE gère l'Europe n'importe comment, tout comme la FED avec les USA, d'ailleurs. Ces deux organismes ne font qu'amplifier les crises monétaires, ils ne régulent rien du tout. Ils n'anticipent rien, n'amortissent rien

le 21/04/2022 à 15:43
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Que auraient-t-ils du faire? Les états sont dépendants au QE et risquer de trop anticiper était pire que ne pas anticiper. En tout cas les européens et les français encore plus apprendront que pour avoir du pouvoir d'achat il faut travailler et pa...

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