La France perd patience avec le Royaume-Uni : "Sortez, et vite ! "

Hier soir, dans sa première conférence de presse à l’Élysée, le président de la République a souligné les désaccords avec l'Allemagne, notamment sur le Brexit. Selon une source française, cité par Reuters, "les Britanniques doivent quitter l’Union, sinon c’est l’avenir de notre continent qui est menacé. Et le plus tôt sera le mieux".
(Crédits : Francois Lenoir)

La France est pressée de voir le Royaume-Uni quitter l'Union européenne au plus vite pour remettre en mouvement une construction européenne paralysée, quelles qu'en soient les conséquences économiques, au grand dam d'une Allemagne qui espère voir les Britanniques se raviser pour éviter le choc.

Ce différend s'ajoute à longue liste des désaccords franco-allemands qui, de la zone euro au dossier migratoire en passant par la réponse à apporter aux pressions commerciales exercées par Donald Trump, empoisonne la relation entre Paris et Berlin.

"C'est vrai que sur le Brexit, nous n'avons pas aujourd'hui tout à fait la même ligne", a déclaré jeudi Emmanuel Macron lors de la première conférence de presse de son mandat à l'Elysée.

En privé, les responsables français abandonnent toute prudence diplomatique pour se montrer très abrupts.

"L'erreur" d'avoir contourné le "non" à la Constitution européenne

"Les Britanniques doivent quitter l'Union, sinon c'est l'avenir de notre continent qui est menacé. Et le plus tôt sera le mieux", dit une source française.

La France, estime ce responsable de haut rang, a fait "l'erreur" en 2007 de faire approuver par le Parlement le traité de Lisbonne pour contourner le "non" français à la Constitution européenne exprimé par référendum (le 29 mai 2005), ouvrant la voie à 15 années de violente contestation de la légitimité de cette décision.

"On le paye encore aujourd'hui. Ne refaisons pas la même erreur avec le peuple britannique", dit-il en soulignant qu'à trop tarder, le risque est de donner aux eurosceptiques "un espace politique considérable. Ils pourront dire 'vous ne respectez pas la volonté du peuple britannique'".

Mais, un peu moins de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 sur l'appartenance à l'Union européenne, le Royaume-Uni semble incapable de sortir de l'impasse politique.

Le maintien dans l'UE serait pire que le "Brexit dur"

Conclu en novembre 2018 entre les Vingt-Sept et la Première ministre britannique Theresa May, l'accord de retrait - "Withdrawal Agreement" - a été rejeté trois fois par la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement britannique.

Après avoir repoussé une première fois la date du divorce, du 29 mars au 12 avril, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont convenus le 10 avril d'offrir à Theresa May un nouveau report "flexible" jusqu'au 31 octobre, juste avant l'entrée en fonction de la nouvelle Commission.

"Les choix politiques doivent l'emporter sur les considérations économiques", ajoute le responsable français. "Il y a pire que le Brexit dur, il y a le maintien du Royaume-Uni contre l'avis du peuple britannique."

Merkel et Macron en désaccord ouvert

Cette opinion est combattue en Allemagne et a fait l'objet d'un désaccord ouvert entre Angela Merkel et Emmanuel Macron lors du Conseil européen du 10 avril.

"Il y a eu de profondes divergences de vues au Conseil européen", explique un autre responsable français selon lequel "depuis trois ans, tous les Conseils européens sont pollués par le Brexit" et les choses n'avancent plus, alors que la zone euro est loin d'être équipée pour résister à un choc violent.

"Pour la France, c'est une farce qui dure depuis un peu trop longtemps et il ne faut pas que ça affecte le fonctionnement de l'Union. Le plus tôt, le mieux et à un moment il faudra bien que ça se passe. Ce qu'on souhaite, c'est qu'ils ne participent pas aux élections européennes et qu'ils sortent le 1er juin."

Paris sait que Berlin est d'un avis contraire.

"Pour l'Allemagne, le Royaume-Uni a besoin d'aide. Sous-entendu : il faut les aider à rester", explique le second responsable. "Cela tient aussi à une évaluation différente des conséquences d'un 'no deal' : pour les Allemands, c'est la catastrophe absolue, aussi fort que la crise de 2008."

"Nous devons partir rapidement et proprement" (Jeremy Hunt, Foreign Office)

Pour Paris, l'espoir est que le spectre d'une participation aux élections européennes puisse faire basculer la balance des conservateurs en faveur d'un départ rapide, même sans approbation de l'accord de sortie, ce que souhaite d'ailleurs le ministre britanniques des Affaires étrangères, Jeremy Hunt.

"S'il y avait un choix binaire à faire entre le 'no deal' et l'absence de Brexit, je choisirais le 'no deal' parce que [sinon] je pense que le risque démocratique serait élevé et que c'est quelque chose que toute personne sensée souhaiterait éviter", a-t-il dit jeudi.

"En ce qui concerne le Brexit, mon opinion est très claire: nous devons partir, nous devons partir rapidement, nous devons partir proprement."

Commentaires 35
à écrit le 29/04/2019 à 10:34
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Soyez-en sûrs, c’est un moment critique pour la démocratie. Cela fait presque trois ans que 17,4 millions de personnes ont voté pour quitter l’UE – le plus large vote populaire dans l’histoire politique britannique. Mais aujourd’hui, à cause d’un gou...

à écrit le 29/04/2019 à 9:08
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Le vote référendaire n’a pas été appliqué pour la simple et bonne raison que le gouvernement May et les députés sont contre le Brexit. L’UE montre qu’il est impossible d’en sortir et est prête à tout pour écraser les voix des peuples. Arrêtons de t...

le 29/04/2019 à 12:15
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A oui, où est le bon temps où on pouvais se faire la guerre tranquillement entre européens. 60 ans de paix et de prospérité il est grand temps que ça se termine franchement c'est trop. pff non mais sérieusement!!

à écrit le 28/04/2019 à 8:10
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"..... violente contestation de la légitimité " de l'Europe mais surtout des politiques ! Le populisme se nourrit de l'incurie de cette classe et de sa soumission a l'argent et au liberalisme !

à écrit le 27/04/2019 à 12:19
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Le Brexit est une affaire sérieuse : cela fait 1000 ans que les empires anglais, germaniques, français font l'Europe à la manière "game or thones". L'Union européenne est le fondement de la paix actuelle. Le "No deal", c'est l'Europe qui considère UK...

à écrit le 27/04/2019 à 8:24
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Pendant ce temps : Souriez, vous êtes fichés. Le Parlement européen a donné son accord mardi 16 avril pour la création d’une base de données biométrique géante, annonce le journal trimestriel Usbek & Rica. La mesure prévoit la mise en place d’ici ...

le 27/04/2019 à 15:44
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C'est à dire que tous les européens "normaux" seront fichés mais pas tous ces migrants. Ensuite viendront les points comme en Chine.

le 28/04/2019 à 10:38
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@lachose "Pendant ce temps" pourrait très bien être remplacé par "Sinon ça n'a rien à voir mais "

à écrit le 27/04/2019 à 1:47
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La France devrait être pressé d arrêter de donner des leçons à la terre entière

le 27/04/2019 à 9:25
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Oui, comment a renover une cathedrale.

à écrit le 26/04/2019 à 22:29
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Barnier er la France ont pris une position maximaliste, UK sort, puis on negocie des accords bi lateraux contraignants a l UK, mais voila Westminster veux negocier les accords futures en prealable a la sortie.

le 28/04/2019 à 1:18
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Ce sont bien les britanniques qui ont décidé de partir, pas les européens ni même les français. Donc maintenant ils assument et s’en vont.

à écrit le 26/04/2019 à 20:06
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Si les parlementaires britanniques cherchent à obtenir le beurre et l'argent du beurre, c'est largement parce que l'Union Européenne leur laisse cette marge de manoeuvre. Pourquoi donc avoir laissé dépasser le délai initial si ce n'est parce que l'Un...

à écrit le 26/04/2019 à 19:47
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Le problème c'est que si le Brexit était à nouveau soumis à référendum au Royaume-Uni, une majorité se prononcerait contre la sortie de l'UE. L'irréversibilité du vote de 2016 laisse songeur, surtout en invoquant des prétextes démocratiques.

le 26/04/2019 à 20:17
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Faux, jamais le peuple a anglais n' a été aussi massivement prêt au Brexit et ça monte tous les jours; que les parlementaires trainent les pieds est une autre histoire, l' oligarchie connivente aux fesses tente de refaire le coup du ...

le 26/04/2019 à 21:27
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52% de "leave" avec une participation de 72%, c'est loin d'être un résultat écrasant. Cher Biglouton qui semblez si sûr de vous, vous devriez convenir qu'il n'y aurait aucun risque à demander au peuple britannique de confirmer son choix un peu ambigu...

le 26/04/2019 à 23:14
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Le 1 million anglais et anglaises habitant sur le "vieux continent" etaient intentionellment exclus du scrutin - car nous aurions bien entendu tous vote pour rester et nos voix auraient suffit pour changer le resultat. En outre, nous savons maintenan...

à écrit le 26/04/2019 à 19:38
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Royaume-Uni : un sondage donne le Parti du Brexit de Nigel Farage favori aux européennes Il arrive en tête avec 27 % des intentions de vote, devant les partis travailliste (22 %) et conservateur (15 %), selon un sondage de l’institut YouGov réalis...

le 26/04/2019 à 21:29
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Les enragés du leave représentent donc 27%...

le 27/04/2019 à 8:06
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@bruno Comme s 'il n' y avait que Farage pour le leave ...!

le 28/04/2019 à 16:23
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Farage dédent ses idées contre d'autres qui font de même. Il est le seul à être cohérent. Les autoproclamés européistes sont la plupaet du temps anti-européens. Message d'un ancien Erasmus.

à écrit le 26/04/2019 à 19:18
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Merkel à peur que Trump taxe les exportations de Mercedes et le président polonais craint pour pour tous ses milliers d'ouvriers qui sont en GB C'est ça qui bloque le Brexit Chacun défend ses intérêts au lieu de défendre l' UE

le 27/04/2019 à 10:25
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merkel n'a pas plus peur que ca trump essaie d'isoler les pays en appliquant a chaque petit pays la loi americaine, et en faisant fi du bloc qui existe en fait en face de lui.... si trump sort ses taxes sur les voitures, ca ne sera pas des sanctio...

à écrit le 26/04/2019 à 18:07
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Merci de rectifier dans l'article : "La France a fait l'erreur" en 2007 (et non pas 2005) de faire approuver par le Parlement le traité de Lisbonne". Il ne faudrait pas qu'on retire à César l'infamie qui appartient à César...

le 26/04/2019 à 21:38
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César avait très clairement indiqué ses intentions en la matière lors de sa campagne. Il a malgré ça (et peut être même grâce à ça car il a pu capter des voix d'électeurs pro-européens du centre gauche pas enthousiasmés par le positionnement plus amb...

à écrit le 26/04/2019 à 17:49
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L Allemagne et l argent ne veulent pas obliger les Anglais à partir . Macron rêve d une Europe fédérale , l Allemagne et la finance non . Cette Europe sous la coupe de Bruxelles et peut être aussi des mafias leur convient , ils ne veulent pas en cha...

à écrit le 26/04/2019 à 16:40
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Ah, ce couple Franco-Allemand qui ne s'aime pas mais ne veut pas divorcer, certes un mariage de raison ca dure mais à quel prix et un divorce ca coûte, il n'y a pas d'enfants mais plein de petits fonctionnaires qui demanderont une prestation compensa...

à écrit le 26/04/2019 à 15:56
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Mais pourquoi sont-ils autorisés à voter l'avenir de l'Europe s'ils la quittent ? C'est un total paradoxe: Farage doit s'occuper de l'avenir de la GB pas de celui de l'EU. Nous devrions neutraliser les votes anglais aux européennes en mai.

à écrit le 26/04/2019 à 15:04
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Les sondages des Européennes le montrent : le nouveaux parti de Nigel Farage est en tête, les Tories parlent de s'abstenir, le Labour continue de se diviser en débattant sur le bon diamètre des breakfast sausages et sur l’antisémitisme de Corbyn.... ...

à écrit le 26/04/2019 à 13:42
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Rule Britannia!

à écrit le 26/04/2019 à 13:29
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En reculant sans cesse leur date de départ les britanniques semblent le faire exprés pour saper un peu plus la cohésion européenne, voire détruire ce que l'on a déjà tant de mal à harmoniser. chronique d'une catastrophe.

à écrit le 26/04/2019 à 13:17
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P.S: "sinon c’est l’avenir de notre continent qui est menacé" Le premier espoir que suscite enfin notre président ! Croisons les doigts pour que cette prédiction arrive...

à écrit le 26/04/2019 à 13:16
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Les masques tombent. Les Allemands se contrefichent de l'Europe politique. L'Europe n'est qu'un marché pour donner des débouchés à l'industrie allemande. Le RU doit rester le plus longtemps possible dans l'UE pour Berlin. En revanche la France, elle...

le 26/04/2019 à 14:49
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@ Louis Axe Etats-Unis Allemagne ou chevaux de Troie? L'Allemagne est comme cul et chemise avec les Pays-Bas et le Luxembourg, paradis fiscaux, qui ont toujours fait le lien avec les fonds UK et US. Les premiers investisseurs aux Pays-Bas sont les ...

à écrit le 26/04/2019 à 13:16
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Après leur avoir accordé un délai de 10 mois supplémentaires donc, que c'est cohérent tout ça, c'est bien les gars encore une fois vous faites vachement crédibles... -_-

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