Le gouvernement belge tangue face au Pacte migratoire

Par Manon Flausch, Euractiv  |   |  510  mots
Les tensions sont vives depuis des mois au sein du gouvernement Charles Michel. (Photo: le Premier ministre belge à son arrivée à Bruxelles pour le sommet européen du 18 octobre dernier.) (Crédits : Reuters)
En Belgique, le Pacte mondial pour les migrations divise la coalition gouvernementale de droite réunissant le MR et la N-VA. Au point de la faire tomber ? Un article de notre partenaire Euractiv.

Le Pacte mondial pour les migrations a été approuvé en juillet par les 193 membres de l'ONU, à l'exception des États-Unis. Il devrait être officiellement ratifié par les chefs d'État et de gouvernement les 10 et 11 décembre à Marrakech.

Pourtant, un certain nombre de gouvernements européens ont finalement décidé de s'y opposer. En Belgique, la N-VA, un des partis de la coalition, dont le discours à l'égard des migrants est digne de l'extrême droite la plus radicale, refuse le pacte et menace de faire tomber le gouvernement.

Face au durcissement du gouvernement vis-à-vis des migrants, Charles Michel se rebiffe

Le Premier ministre, Charles Michel, issu du Mouvement réformateur (MR, droite) accepte depuis des mois le durcissement de l'attitude du gouvernement vis-à-vis des migrants, sous l'impulsion de ses partenaires de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA, droite nationaliste flamande).

Aujourd'hui, face au refus du parti flamand de ratifier le pacte, il se rebiffe. La Belgique a donné son accord au texte en septembre et ses voisins devraient tous le ratifier. Changer d'avis porterait un coup dur à la crédibilité internationale du pays, estime-t-il.

Selon les informations obtenues par le quotidien belge francophone Le Soir, l'opposition au Pacte mondial sur les migrations a débuté suite à des pressions de l'Autriche au niveau européen. Jusque-là, la N-Va et son secrétaire d'état à l'Asile et aux migrations, Theo Francken, ne s'y opposaient en effet pas.

Le Premier ministre prêt à faire chuter la coalition au pouvoir si besoin

Le MR et la N-VA sont les principaux partenaires de la coalition gouvernementale en Belgique, mais on y retrouve aussi l'Open VLD (libéraux) et le CD&V (démocrates chrétiens) qui ne s'opposent pas non plus à la signature du pacte.

Charles Michel a donc décidé de faire trancher le parlement. Parmi les partis d'opposition, seule l'extrême droite du Vlaams Belang s'oppose frontalement au texte. Le MR tente de rassembler « un consensus le plus large possible » avant de faire voter les élus. Une réunion de la commission des affaires extérieures de la Chambre a déjà été repoussée, faute de consensus.

Le Premier ministre a annoncé qu'il se rendrait au sommet de Marrakech la semaine prochaine pour défendre la position qui aura été exprimée par les députés, quitte à faire chuter la coalition au pouvoir depuis octobre 2014.

« Nous ne soutenons pas un gouvernement qui irait à Marrakech », avait déclaré Bart De Wever, président de la N-VA le 4 décembre.

Aux dernières nouvelles, la N-VA ne comptait pas se retirer du gouvernement si le parlement votait pour la signature du pacte, malgré les déclarations menaçantes de son chef de file.

Huit États membres ont annoncés qu'ils ne ratifieraient pas le pacte, l'Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie.

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Par Manon Flausch, Euractiv.fr

 (Article publié le mercredi 5 décembre 2018 à 14:49)

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