Le « Tchexit » mettrait en danger le pays selon son Premier ministre (populiste)

Par Ondřej Plevák, Euractiv  |   |  720  mots
Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš (ANO) n'a pas manqué de rappeler que 83 % des exportations tchèques étaient destinées à l'UE. (Crédits : Reuters)
La sortie de l’UE est une menace pour l’avenir de la République tchèque, a déclaré le Premier ministre Andrej Babiš aux ambassadeurs. Un article d’Euractiv République tchèque, via notre partenaire Euractiv.

« Nous faisons inébranlablement partie de l'Occident, nous sommes un État membre de l'UE et nous sommes alliés dans le cadre de l'OTAN, personne ne peut contester cela », a rappelé le Premier ministre tchèque Andrej Babiš (ANO) à la conférence annuelle avec les ambassadeurs. « Quand quelqu'un parle de Tchèxit, il met en danger notre avenir. »

Il n'a pas manqué de rappeler que 83 % des exportations tchèques étaient destinées à l'UE, et que lors de son adhésion, la République tchèque avait reçu 700 milliards de couronnes tchèques nettes grâce aux fonds européens. Le PIB a également augmenté de 37 % sur la même période.

Lors de la conférence, le ministre des Affaires étrangères Jan Hamáček (ČSSD) a aussi pris la parole pour souligner l'importance de l'adhésion de la République tchèque à ces organisations. « Il est vrai que nous sommes un petit État, mais nous pouvons influencer le cours des choses en coopérant avec nos voisins, nos partenaires dans l'Union européenne, nos alliés nord-atlantiques, ou bien dans le cadre des organisations internationales » souligne-t-il.

Inquiétude des entreprises

D'après des sondages, la perspective d'un Tchèxit inquiète la majorité des entreprises opérant sur le marché du pays. Un tel événement ferait probablement partir un quart des entreprises étrangères établies en République tchèque. Parmi les partis politiques tchèques siégeant au parlement, le SPD de Tomio Okamura soutient la sortie de l'Union et le Parti communiste remet en cause la participation de la République tchèque à l'OTAN. Actuellement, le gouvernement de Babis compte sur les voix du parti communiste au parlement pour détenir la majorité.

Pour Andrej Babiš, le gouvernement se montre critique à l'égard de l'UE quand elle s'impose face à l'intérêt national tchèque, mais cela ne veut pas pour autant dire que le gouvernement a une attitude antieuropéenne. « L'Union européenne devrait revenir à ses fondements, à sa vocation fondatrice d'être un continent de sécurité et de prospérité, basé sur le marché intérieur » dit-il. Il espère que la nouvelle Commission européenne, qui sera nommée après les élections européennes de l'année prochaine, se focalisera sur la finalisation du marché intérieur.

Babiš farouchement opposé aux quotas de répartition des migrants

Pendant la conférence des ambassadeurs, le Premier ministre s'est également exprimé au sujet de la politique migratoire. Selon lui, il faut chercher une solution européenne à cette question. D'après le Premier ministre, cette solution consisterait en un accord avec des États d'Afrique du Nord permettant le retour des réfugiés, comme celui conclu entre l'UE et la Turquie qui a limité le flux de migrants sur la « route des Balkans ». Andrej Babiš a également catégoriquement refusé les quotas de répartition des migrants entre les États membres de l'Union. Une position tenue par le gouvernement tchèque depuis 2015.

En réaction aux commentaires du Premier ministre sur l'immigration, Miroslav Kalousek du parti TOP09 a déclaré sur Twitter : « [...] C'est un symbole de l'égoïsme, du manque de fiabilité et de l'incapacité à être un véritable partenaire dans la communauté européenne. Les autres États réussiront certainement sans nous. Il nous restera un respect international inexistant, la honte et le mépris... »

Enfin, Andrej Babiš s'est prononcé sur le montant des dépenses en matière de défense, débattu lors du dernier sommet de l'OTAN. Pour lui, il ne faut pas prendre en considération uniquement la part de cette dépense dans le revenu national brut, mais également son montant total. D'après l'accord conclu par les États de l'OTAN lors du sommet de Wales en 2014, chaque État de l'alliance doit consacrer au minimum 2 % de son revenu national brut à la défense. Le président américain Donald Trump appelle à nouveau à atteindre cet objectif. Actuellement, la République tchèque consacre 1,1 % de son revenu national brut à la défense et devrait atteindre 2 % en 2024 selon le programme du gouvernement.

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Par Ondřej Plevák, Euractiv République tchèque (traduit par Antonina Stepniak)

(Article publié le vendredi 31 août 2018 à 9:17, mis à jour à 9:42)

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