Pour Mario Draghi, l'urgence est de relancer l'économie italienne

Par latribune.fr  |   |  726  mots
Mario Draghi sort du palais présidentiel vendredi à Rome après avoir accepté la proposition du président italien Sergio Mattarella de former et diriger le futur gouvernement. (Crédits : Reuters)
Bénéficiant d'un large soutien politique et populaire, le nouveau chef du gouvernement Mario Draghi, appelé à la rescousse pour sortir l'Italie de la crise sanitaire et économique, est confronté à de nombreux défis. Le plus important est celui de la reprise économique, le pays ayant connu en 2020 la plus importante chute de PIB de la zone euro.

Désormais à la tête du gouvernement italien, l'ex-président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, surnommé "Super Mario" pour avoir sauvé la zone euro en 2012 en pleine crise de la dette, va devoir redonner confiance à la troisième économie de l'Union européenne.

La composition de son cabinet, dévoilée vendredi, illustre sa volonté de mélanger "technocrates" et "politiques" au sein d'un gouvernement élargi soutenu par un large spectre, du centre gauche à la droite dure.

Côté politique, Luigi di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles, conserve le portefeuille des Affaires étrangères, tandis que Giancarlo Giorgetti, haut responsable de la Ligue, est nommé à l'Industrie, et qu'Andrea Orlando, du Parti démocrate, récupère le ministère du Travail.

Côté "techniciens", Luciana Lamorgese reste à la tête du ministère de l'Intérieur, Daniele Franco, numéro deux de la Banque d'Italie, hérite du ministère de l'Economie et Roberto Cingolani, un physicien spécialiste de l'intelligence artificielle, est désigné à la tête d'un nouveau ministère de la Transition écologique.

Le nouveau gouvernement sera investi ce samedi. Les débats à la Chambre des députés et au Sénat pourront reprendre en début de semaine prochaine lorsque Mario Draghi présentera son projet politique avant les votes de confiance, qui s'annoncent comme des formalités.

Parmi les principaux chantiers auxquels il va devoir s'atteler en urgence, il faut compter la reprise économique de la péninsule, qui, ravagée par l'impact de la pandémie, a subi en 2020 l'une des pires chutes du PIB de la zone euro, avec un plongeon de 8,9%.

"Le Covid-19 a aggravé la crise et l'Italie continue à être l'homme malade de l'Europe", résume pour l'AFP Fabio Pammolli, professeur d'économie à l'école de commerce Polytechnique à Milan.

En outre, au fil des années, l'Italie a accumulé une dette colossale de près de 2.600 milliards d'euros, soit 158% du PIB fin 2020, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

Pour relancer la croissance et réduire ainsi la dette, le gouvernement compte sur un plan de plus de 200 milliards d'euros financé par l'Union européenne, dont il doit impérativement présenter les grandes lignes à Bruxelles d'ici fin avril.

Le pays le plus touché par la pandémie

L'Italie est l'un des pays les plus touchés en Europe par la pandémie de Covid-19, avec plus de 92.000 morts pour plus de 2,6 millions de cas. La campagne de vaccination, lancée en grande pompe fin décembre, a subi de très forts ralentissements en Italie en raison de livraisons réduites de vaccins. Selon des chiffres du ministère de la Santé mis à jour jeudi, seulement 1,2 million de personnes, sur une population de 60 millions, ont été vaccinées.

Mario Draghi devra affronter ce problème immédiatement après sa prestation de serment. "Nous avons besoin de décisions prises rapidement, car la progression du virus et de ses variants n'est certainement pas ralentie par la crise du gouvernement", a rappelé jeudi la fondation scientifique sanitaire Gimbe. En outre, le décret interdisant les déplacements entre les régions pour limiter la diffusion du virus expire lundi et les experts estiment qu'il doit être absolument prolongé.

Un soutien politique éclectique

Le soutien politique dont devrait bénéficier Mario Draghi, à savoir une très large majorité parlementaire, pourrait se révéler à terme sa principale faiblesse. Allant de la gauche à l'extrême droite eurosceptique de la Ligue de Matteo Salvini, cette majorité aura de grandes difficultés à rester soudée sur le long terme, estiment les analystes, même si dans l'immédiat Mario Draghi n'a rien à craindre du fait de la grande popularité dans l'opinion publique italienne qui le voit comme le sauveur de la nation. Selon un sondage publié jeudi dans le quotidien La Stampa et réalisé le 5 février, 62% des Italiens ont confiance en Mario Draghi et son futur gouvernement.

"En politique, comme dans la nature, il y a des cycles : lune de miel, sommet, déclin. Même Draghi ne peut pas défier cette loi. Maintenant il est dans la phase "lune de miel" et personne n'osera le défier dans les prochains mois", selon le site d'analyse politique Policy Sonar.

(avec AFP et Reuters)