Une vidéo provoque la démission du vice-chancelier autrichien

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  629  mots
"Je voulais impressionner notre charmante hôtesse et me suis comporté comme un adolescent vantard", a reconnu Heinz-Christian Strache, avant d'ajouter: "Je ne veux en aucun cas que mon comportement inadéquat serve de prétexte à l'effondrement du gouvernement". (Crédits : REUTERS/Dominic Ebenbichler)
Un enregistrement montre Heinz-Christian Strache, chef de file de l'extrême droite, proposant des contrats publics à une ressortissante russe en échange d'un soutien politique et financier. L'affaire met en difficulté le chancelier Sebastian Kurz, qui doit s'exprimer dans la journée.

Le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, chef de file de l'extrême droite, a annoncé samedi sa démission, après la diffusion d'une vidéo embarrassante qui menace la coalition au pouvoir. L'enregistrement le montre proposant des contrats publics à une ressortissante russe qui se dit la nièce d'un oligarque en échange d'un soutien politique et financier. La vidéo, diffusée vendredi soir par la presse allemande, aurait été réalisée en 2017, peu avant les élections qui ont permis au Parti de la liberté (FPÖ), qu'il dirige, d'entrer au gouvernement.

"Un comportement typiquement macho, alimenté par l'alcool"

"J'ai été stupide, irresponsable et c'était une erreur", a reconnu Heinz-Christian Strache, lors d'une conférence de presse, tout en affirmant qu'il n'avait rien fait d'illégal.

"C'était un comportement typiquement macho, alimenté par l'alcool (...) Je voulais impressionner notre charmante hôtesse et me suis comporté comme un adolescent vantard.

"Je ne veux en aucun cas que mon comportement inadéquat serve de prétexte à l'effondrement du gouvernement", a-t-il ajouté.

Le chancelier Sebastian Kurz doit s'exprimer dans la journée. Certains observateurs pensent qu'il pourrait convoquer des élections anticipées, comme le réclame l'opposition. Le chef du gouvernement a souvent pris ses distances vis-à-vis du FPÖ. Heinz-Christian Strache a précisé qu'il serait remplacé, au poste de vice-chancelier comme à la tête du FPÖ, par le ministre des Transports Norbert Hofer, battu de peu lors de l'élection présidentielle de 2016, qui jouit d'une popularité plus importante.

Des contrats publics dans la construction de routes

La vidéo a été diffusée vendredi par l'hebdomadaire Der Spiegel et le quotidien Süddeutsche Zeitung. Elle montrerait une rencontre entre Heinz-Christian Strache, Johan Gudenus, président du groupe FPÖ au Conseil national, la chambre basse du parlement, et une personne qui serait donc la nièce d'un oligarque russe, dans une villa d'Ibiza en juillet 2017, quelques mois avant les élections législatives.

La jeune femme dit vouloir investir plusieurs centaines de millions d'euros au Autriche, selon les deux journaux allemands. Les deux hommes discutent des opportunités d'investissement pour elle, dont une participation de 50% dans l'influent tabloïd autrichien Kronen Zeitung afin de l'utiliser comme un moyen de porter la parole du parti pendant la campagne électorale.

"Si elle reprend le Kronen Zeitung trois semaines avant l'élection et nous fait terminer à la première place, nous pourrons alors parler de tout", déclare Heinz-Christian Strache, selon Der Spiegel.

Il envisage en outre de lui octroyer des contrats publics dans la construction de routes si elle aide le FPÖ à remporter les élections et souhaite que tout soit fait légalement.

"Le FPÖ est fini", titre samedi le Kronen Zeitung.

Une procédure juridique en vue

Christian Hafenecker, secrétaire général du Parti, a indiqué que les avocats du parti examinaient la vidéo. Les deux journaux n'ont pas dit comment ils l'avaient obtenue. Ni Heinz-Christian Strache ni le FPÖ n'ont jamais perçu ou octroyé d'avantages aux personnes concernées, a-t-il déclaré.

"Comme la vidéo a été évidemment enregistrée illégalement, nous préparons également les démarches juridiques appropriées", a-t-il ajouté.

Le parquet de Vienne s'est saisi de l'affaire, a déclaré une porte-parole du procureur.

Heinz-Christian Strache dirige le FPÖ depuis 2005 et l'a remis sur le devant de la scène aux dernières élections législatives de 2017. Le parti a recueilli 26% des suffrages.

La vidéo est également un casse-tête pour Sebastian Kurz, dont le parti est toujours en tête des sondages, sans pouvoir atteindre la majorité. Seuls Les sociaux-démocrates pourraient lui apporter l'appoint nécessaire pour y parvenir, mais leurs relations avec le jeune chancelier, partisan d'une ligne dure en matière d'immigration, sont tendues.