Ikea fait son mea culpa pour tenter de restaurer la confiance des clients

Par latribune.fr  |   |  662  mots
Copyright AFP
Empêtré dans un vaste scandale, Ikea France a fait son mea culpa en regrettant des pratiques "intolérables" en son sein après des révélations de presse sur la surveillance de clients et collaborateurs. Le groupe a aussi annoncé une réforme de sa gouvernance pour restaurer une confiance entachée par cette affaire.

Ikea veut reprendre la main, passer l'éponge au plus vite sur cette affaire d'espionnage qui n'en finit plus de rebondir. Et pour cela, la fifliale française du groupe d'ameublement suédois a fait acte de contrition. Stefan Vanoverbeke, le directeur général d'Ikea France, a fait son mea culpa en regrettant des pratiques "intolérables" en son sein. "Nous avons fait le constat qu'il y a eu des pratiques chez Ikea qui ne sont pas à la hauteur ni de nos valeurs, ni de nos standards, éthiques", a-t-il déclaré. Il a également annoncé une réforme de la gouvernance pour restaurer la confiance des consommateurs, forcément entachée par cette affaire.

Interrogé sur le fond du dossier, Stefan Vanoverbeke a reconnu qu'il s'agit de "pratiques dans le champ de la recherche de renseignements sur la vie privée". Mises en évidence par des révélations du Canard enchaîné, fin février, sur le "flicage" de son personnel et de clients, ces pratiques ont conduit à une enquête interne. "Ces pratiques sont intolérables, inacceptables et je les regrette sincèrement", a insisté Stefan Vanoverbeke.

Les personnes mises en cause font toujours partie de l'entreprise

En raison des investigations judiciaires en cours sur ces faits, on n'en saura pas plus. "Ma priorité, ce sont les collaborateurs" de l'entreprise, a-t-il ajouté en indiquant vouloir "restaurer" leur confiance, celle des clients et des responsables syndicaux. Ikea France est sous le coup d'une enquête préliminaire du parquet de Versailles pour "utilisation frauduleuse de données personnelles", confiée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Elle a été ouverte après une plainte contre X déposée par le syndicat Force ouvrière (FO).

Dans le cadre de cette enquête, le siège d'Ikea France à Plaisir (Yvelines) a été perquisitionné mi-mars, de même que le domicile du responsable du département gestion du risque du groupe mis en cause dans cette affaire. Le groupe a de son côté décidé de mettre en disponibilité ce dernier ainsi que deux autres cadres mis en cause, parmi lesquelles figurent Jean-Louis Baillot, directeur général d'Ikea France de 1996 à fin 2009. A ce titre, Stefan Vanoverbeke a annoncé qu'une "décision" sera prise concernant les personnes impliquées ou mises en disponibilité.

Une réforme de la gouvernance avec la création d'une charte éthique

En revanche, le directeur d'Ikea France n'a pas souhaité évoquer de nouveaux éléments rapportés par le site d'information Mediapart mercredi, selon lequel un magasin Ikea de la banlieue parisienne "arrosait" de "bons cadeaux" des policiers locaux, auprès desquels un de ses responsables récupérait des informations sur des employés.

Stefan Vanoverbeke a en revanche annoncé le lancement d'un vaste chantier réformant le mode de gouvernance d'Ikea France destiné à redorer une image écornée par cette affaire. Ce plan se décline en quatre points sur lesquels un groupe de travail doit se pencher au cours des trois mois à venir, comprenant notamment la "mise en oeuvre d'une charte éthique" destinée à "clarifier le comportement attendu" des collaborateurs d'Ikea, a précisé l'entreprise dans un communiqué. Il prévoit également une "révision du modèle de gouvernance pour plus de clarté" ainsi que des procédures de recrutement qui devront être "en accord avec les valeurs d'Ikea" et "transparents vis-à-vis des candidats".

Des mesures qui s'imposent

Selon lui, ces mesures s'imposent d'autant plus que le groupe a plus que doublé en taille depuis 2005 en France, passant de 14 à 29 magasins et de 5 à 10.000 collaborateurs, sans vraiment changer son mode de fonctionnement. Ikea France tient vendredi un comité central d'entreprise, à l'occasion duquel sera abordé avec les organisations syndicales la mise en application de ce plan dans le but de les y associer, a indiqué le directeur général. Pas sûr, cependant, que cet acte de contrition et les efforts entrepris ne fassent oublier de sitôt le scandale.