Union bancaire : le patron de la BCE met la pression sur les dirigeants européens

Alors que le Conseil européen des 24 et 25 octobre doit à nouveau débattre du mécanisme de résolution unique (MRU) des crises bancaires, Mario Draghi rappelle que le MRU est un "pilier" de l’union bancaire, et qu’il entend bien le voir en place d’ici à 2015.
Christine Lejoux
Mario Draghi, le président de la BCE, presse les dirigeants européens de s'entendre sur le mécanisme unique de résolution des crises bancaires. REUTERS.

Angela Merkel mettra-t-elle un peu d'eau dans son vin, lors du dîner de ce jeudi 24 octobre à Bruxelles, qui verra les chefs d'Etat et de gouvernement européens remettre une énième fois sur le métier l'épineux dossier du mécanisme de résolution unique (MRU) des crises bancaires ? En tout état de cause, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a de nouveau accentué la pression sur les dirigeants européens, afin que ces derniers s'accordent au plus vite sur le sujet.

 "La BCE estime que le mécanisme de résolution constitue un pilier très important du projet d'union bancaire européenne, et compte bien le voir en place d'ici à 2015",

a rappelé Mario Draghi, dans un entretien à l'agence Reuters, le mercredi 23 octobre.

Une facture de 20 à 100 milliards d'euros pour les banques

Ce rappel à l'ordre ne doit rien au hasard. Mercredi, la BCE a détaillé la méthodologie qu'elle emploiera pour évaluer la qualité des bilans des banques européennes, avant d'endosser, en novembre 2014, son rôle de superviseur unique des établissements de crédit européens, premier pilier du projet d'union bancaire. Or ce check-up des banques promet d'être si sévère qu'il mettra inévitablement au jour des insuffisances en capital chez certaines d'entre elles.

De fait, selon un sondage mené par les analystes de Morgan Stanley auprès de grands investisseurs institutionnels, 41% d'entre eux estiment que les banques européennes pourraient devoir lever entre 20 et 50 milliards d'euros. Et 20% tablent même sur une facture de 50 à 100 milliards d'euros. Ce qui ne serait pas si grave s'il existait un outil pour combler ces failles, à savoir le fameux mécanisme de résolution unique.

Mais, en l'absence de ce dernier, les investisseurs risquent de paniquer à la vue de certains des résultats du bilan de santé des banques, que la BCE publiera en octobre 2014. Une perspective d'autant plus regrettable que le projet d'union bancaire vise justement à restaurer la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire européen.

"La supervision unique, c'est bien, mais elle n'a pas énormément de sens s'il n'y a pas de mécanisme de résolution unique", confirme un responsable de la BCE.

 Angela Merkel pourrait adopter une attitude plus conciliante

 Si les discussions achoppent sur le mécanisme de résolution unique, c'est en grande partie parce que l'Allemagne voit dans ce MRU le risque de perdre toute autorité sur son propre réseau de banques régionales et de caisses d'épargne. Surtout, Angela Merkel n'a aucune envie que son pays - qui a assumé la plus grande partie du sauvetage de certains pays de la zone euro lors de la crise des dettes souveraines - soit de nouveau mis à contribution pour renflouer des banques étrangères.

Mais la chancelière allemande pourrait adopter une attitude plus conciliante, lors du Conseil européen des 24 et 25 octobre : selon le Süddeutsche Zeitung du 23 octobre, Angela Merkel devrait enfin se prononcer en faveur d'un MRU, mais à trois conditions.

 Les dirigeants européens ont tout intérêt à s'entendre sur le MRU d'ici à la fin 2013

 D'abord, ce mécanisme ne devra concerner que les 128 banques qui se trouveront sous la supervision unique de la BCE, à partir de novembre 2014, et non la totalité des 6.000 banques européennes. Ensuite, toute recapitalisation d'une banque par le mécanisme de résolution unique devra être soumise au vote de chacun des Etats membres. Enfin, la recapitalisation d'un établissement de crédit incombera en premier lieu à ses actionnaires et à ses créanciers privés.

 Ce compromis satisfera-t-il les autres Etats européens, en particulier la France, l'Italie et l'Espagne, partisanes d'une ligne beaucoup plus souple, selon laquelle les 17 membres de la zone euro s'engageraient à soutenir les banques en difficulté, quel que soit leur pays d'origine ? En tout état de cause, les dirigeants européens doivent accorder leurs violons sur le MRU d'ici à la fin 2013, pour ce que celui-ci ait une chance d'être adopté par le Parlement avant les élections européennes du printemps 2014.

Christine Lejoux

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Commentaires 15
à écrit le 28/10/2013 à 15:44
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Mario Draghi ferait mieux de donner des instructions aux états pour qu'ils réduisent le nombre d'élus et de niveaux administratifs de chaque pays, grands responsable de la dette en accord avec les financiers. mais bon il va pas couper la main qui le ...

à écrit le 28/10/2013 à 15:42
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on va ainsi continuer a faire payer aux peuples le renflouement des créanciers des banques qui sont des financiers spéculateurs.

à écrit le 26/10/2013 à 10:18
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Comment peut on faire confiance à Mario Draghi, qui est un ancien de Goldmann Sasch, la banque même qui a mis la Grèce sous coupe réglée, il est aidé en cela par d'autres anciens de Goldmann au sein même de la BCE, la Tribune pourrai peut être faire ...

à écrit le 26/10/2013 à 9:11
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Dans les v?ux de Merkel un mot fait peur..... c est aux créanciers privés...Suis je un créancier privé ?

à écrit le 25/10/2013 à 17:00
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Le MRU pourrait être trop risqué pour les états solvables sans connaissance des risques des grandes banques. La mise à nu des risques bancaires de certaines banques pourrait créer l'embarras des états concernés s'il n'existe pas de MRU. Ce n'est pas ...

à écrit le 25/10/2013 à 14:34
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Vu que c'est Merkel qui trainouille pour éviter la supervision des banques allemandes, le gars Draghi n'est pas arrivé. Et comme derrière Merkel c'est la cour constitutionnelle allemande, c'est encore moins gagné.

à écrit le 25/10/2013 à 14:25
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Si c'est une étude de Morgan Stanley auprès des grands investisseurs institutionnels qui le dit, c'est du solide, aucun doute ! Et ça n'a rien à voir avec la propagande pour réaliser le cadenassage complet de l'Europe par la finance du coup

à écrit le 25/10/2013 à 8:02
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Merkel a peur que l'on découvre que les banques régionales ont des actifs toxiques bien planqués. Cela risque de plomber la soi-disante bonne santé des finances allemandes.

à écrit le 24/10/2013 à 23:21
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La pression! foutre la pression!! c'est quoi ce monde à la con ????non, mais! MARRE de tous ces charlatans qui ne pensent qu'aux banques, qu'au fric OVERDOSE !que de tout ça!

le 25/10/2013 à 11:35
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Dis garçon, t'es pas dans Pif magazine, ici, laisse les gens causer de finance, et va rouspéter ailleurs!

à écrit le 24/10/2013 à 22:38
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les dirigeants européens foutent les voilent !! Parole de Breton .... Il n'y a plus que des citrons a presser , mais le temps qu'il s'en rende compte ....Après nous les mouches , lui c'est un rat ....

à écrit le 24/10/2013 à 22:07
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"une facture de 50 à 100 milliards d'euros" ??? J'ai des doutes car l'étude KPMG d'octobre 2012 a mis en évidence un total de l'ordre de 1500 milliards de créances douteuses dans les banques européennes. Ces actifs pourris, il faudra bien les passer...

le 25/10/2013 à 9:56
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Paulo vous avez raison ,on serait plutôt dans ces ordres de grandeur là.

le 25/10/2013 à 16:46
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@ Paulo @Kirk Si l'etude que vous citez a plus d'un an sachez aue depuis lors les banques ont entrepris des reductions massives de leur bilan. Et cela depend aussi des banques sur lesquelles l'examen portait :)

à écrit le 24/10/2013 à 18:42
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(Angela Merkel n'a aucune envie que son pays - qui a assumé la plus grande partie du sauvetage de certains pays de la zone euro lors de la crise des dettes souveraines - soit de nouveau mis à contribution pour renflouer des banques étrangères) Ben vo...

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