Standard de paiement Sepa : la pression se renforce sur les PME pour éviter le bug du 1er février 2014

La Fédération bancaire française (FBF), la CGPME et le Medef exhortent les PME à « passer à la vitesse supérieure » dans l’adoption de Sepa (Single Euro Payments Area), le nouveau standard de paiement européen qui entrera en vigueur le 1er février 2014. Sans quoi les entreprises risquent de faire face à de sérieux problèmes de trésorerie.
Christine Lejoux
56% des PME françaises n'ont jamais entendu parler de la nouvelle norme européenne de paiement Sepa, selon la FBF, la CGPME et le Medef.

Le compte à rebours s'accélère. Les entreprises n'ont plus que 87 jours, c'est-à-dire jusqu'au 1er février 2014, pour se mettre en conformité avec Sepa (Single Euro Payments Area), le nouveau standard européen pour les prélèvements et les virements, qui représentent quelque sept milliards d'opérations chaque année en France. Passé ce délai, les paiements encore effectués selon les formats nationaux seront purement et simplement refusés par les banques.

 Autrement dit, une entreprise qui n'aura pas adopté la norme Sepa au 1er février 2014 ne sera plus en mesure de payer ses salariés et ses fournisseurs, pas plus qu'elle ne pourra encaisser les règlements de ses clients. "Tout s'arrêtera, il y aura un effet couperet, avec un impact sur la trésorerie des entreprises", insiste Thibault Lanxade, président du pôle entrepreneuriat et croissance au Medef.

 Signe qu'il y a véritablement urgence en la matière, la Fédération bancaire française (FBF) et les organisations patronales CGPME et Medef ont organisé une conférence de presse commune, mardi 5 novembre, afin d'exhorter les PME à migrer vers cette nouvelle norme de paiement. Il y a quelques semaines, le 23 septembre, c'est le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, et le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui s'étaient fendus d'une conférence de presse pour rappeler Sepa au bon souvenir des PME.

 53% seulement des virements sont aux normes Sepa

 "Ces nouveaux moyens de paiement s'appliqueront à tous les acteurs économiques, qu'il s'agisse des banques, des grandes entreprises, des PME, des entrepreneurs individuels ou des administrations",

martèle Jean Clamon, président du comité d'orientation des moyens de paiement à la FBF.

 Or, à moins de trois mois de l'entrée en vigueur de Sepa, l'état des lieux "n'est pas très brillant ", soupire Bernard Cohen-Hadad, président de la commission financement de la CGPME. C'est un euphémisme : en France, à peine de plus de la moitié (53%) des virements sont actuellement aux normes Sepa, une proportion qui tombe à… 2,9% dans le cas des prélèvements.

 56% des PME n'ont jamais entendu parler de Sepa

 Si les banques, les grands facturiers comme Orange et EDF et les administrations sont prêts, il en va tout autrement pour les PME, 56% d'entre elles n'ayant jamais entendu un traître mot au sujet de Sepa.

"Les PME ont du mal à se sentir concernées par ces nouvelles normes de paiement, jugées très techniques, leur attention est accaparée par la conjoncture économique, la faiblesse de leurs marges, l'instabilité fiscale",

reconnaît Bernard Cohen-Hadad.

 Pour autant, "ce n'est pas aux banques de rappeler aux chefs d'entreprise qu'ils doivent mettre leurs opérations de paiement en conformité avec Sepa, c'est à ces derniers d'initier cette migration", s'agace Bernard Cohen-Hadad.

 Le reste de l'Europe n'est guère plus avancé que la France

 Or la migration vers Sepa ne se fait pas d'un claquement de doigt. Elle nécessite une mise à jour des logiciels de paie et de facturation, une formation des salariés, ainsi qu'une phase de tests pour remédier aux inévitables "bugs." Bernard Cohen-Hadad invite donc les PME à se rapprocher rapidement de leurs banques, de leurs fournisseurs de logiciels, des organisations patronales et des chambres de commerce et d'industrie, afin d'organiser leur passage à la norme Sepa avant le mois de janvier. "Après ce sera trop tard ", prévient le patron de la commission financement de la CGPME.

 Thibault Lanxade essaie, lui, le registre de la séduction :

"Le passage à la norme Sepa permettra aux entreprises d'harmoniser et donc de fluidifier leurs paiements en Europe, elles n'auront plus à passer par une dizaine de chambres de compensation." Et d'ajouter : « pour la majorité des petites entreprises, le coût du passage à Sepa sera relativement faible car il s'agit surtout de développement interne. »

Maigre consolation : le reste de l'Europe, et en particulier l'Allemagne, n'est guère plus avancé que la France.

 

Christine Lejoux

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