Fusions et acquisitions : les acheteurs boudent les PME françaises

La France n’a représenté que 26% des opérations de fusions et acquisitions réalisées sur le "mid-market", dans la zone euro, au troisième trimestre, contre 40% au premier semestre, selon l’indice publié par Argos Soditic.
Christine Lejoux
Au troisième trimestre, sur le segment des entreprises non cotées valant entre 15 millions et 150 millions d’euros, le marché européen des fusions et acquisitions a rebondi de 87% en valeur. REUTERS.

Les PME de la zone euro ont à nouveau la cote. Au troisième trimestre, sur le segment des entreprises non cotées valant entre 15 millions et 150 millions d'euros, le marché européen des fusions et acquisitions a rebondi de 87% en valeur, et de 37% en volume, par rapport au deuxième trimestre, d'après l'indice publié le 12 novembre par la société de capital-investissement Argos Soditic.

Un rebond à mettre sur le compte de l'amélioration de l'environnement macro-économique de la zone euro, dont la sortie de récession a encouragé les fonds de LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement) à se remettre en quête de cibles.

 Ces dernières, tout au moins celles présentant un fort potentiel, ne courant pas les rues, les fonds de LBO - dont les capitaux levés mais non encore investis demeurent importants - ont joué la surenchère, n'hésitant pas à payer leurs acquisitions 7 fois l'excédent brut d'exploitation, en moyenne, au troisième trimestre, contre un multiple de 6,7 au cours de la période d'avril à juin, soit une hausse de 4,5%.

 La France n'a représenté que 26% des transactions réalisées au troisième trimestre

 Mais tous les pays n'ont pas profité de ce regain d'appétit pour les PME. Ainsi,

"dans la zone euro, la France est maintenant un peu à l'écart, en termes de transactions, elle est peu dynamique",

constate Gilles Mougenot, président d'Argos Soditic. De fait, la France n'a représenté que 26% des transactions réalisées au troisième trimestre sur le marché européen du mid-market, contre 40% au premier semestre.

 A l'inverse, la part des PME allemandes est passée de 15% à 21% et l'Italie a vu son poids porté de 20% à 22%. Mieux, les PME espagnoles et portugaises ont représenté 12% des opérations de fusions et acquisitions réalisées sur le mid-market européen, au troisième trimestre, contre 3% seulement au cours des six premiers mois de l'année.

 "Les investisseurs gardent une vision négative de l'environnement fiscal français"

 Si les PME françaises sont restées à la traîne du rebond des fusions et acquisitions sur le segment du mid-market en Europe, c'est notamment parce que les investisseurs institutionnels ne savent plus sur quel pied danser, notamment en matière de fiscalité, entre les annonces et les reculades du gouvernement. Ce qui ne les incite guère à confier leur argent à des fonds de capital-investissement spécialisés sur le marché français.

 « Les investisseurs sont restés sur des visions négatives de l'environnement fiscal français, ils ne sont pas forcément conscients que certaines mesures annoncées il y a un an ne seront finalement pas appliquées »,

explique Gilles Mougenot. Le cas emblématique étant celui du projet d'alourdissement de la taxation des plus-values de cessions de valeurs mobilières, dévoilé en septembre 2012 lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2013, mais sur lequel le gouvernement a fini par faire machine arrière, après la fronde des "Pigeons."

 Conséquence, "même les réformes positives mettront du temps à être intégrées par les investisseurs, car ces derniers ne comprennent plus comment la France tourne", soupire Gilles Mougenot. Le patron d'Argos est d'autant plus amer que

« la France dispose de PME d'une qualité exceptionnelle, mais cela ne suffit pas à faire venir dans des fonds de private equity français des investisseurs dont le spectre d'investissement est mondial. »

 

Christine Lejoux

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Commentaires 6
à écrit le 13/11/2013 à 11:19
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90% des fusions acquisitions n'ont aucun intérêt pour les entreprises touchées. En général après quelques années on s'aperçoit qu'en matière d'emploi comme de chiffre d'affaire 1+1 = 1.5 et non pas 2.5. Les seuls gagnants dans cette histoire sont les...

à écrit le 13/11/2013 à 9:15
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Vous investiriez, vous, dans des entreprises françaises, alors que la fiscalité peut être alourdie, même rétroactivement, du jour au lendemain malgré les promesses? Même les ministres ne le font pas !

à écrit le 13/11/2013 à 8:28
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Et bien c'est simple on paye les pots cassés de cette politique de fous. Si ILS connaissaient autre chose que leur coucouche panier, ils arreteraient leurs betises. Maitenant il ne reste qu'une solution: la demonstration par l'absurde : Au sabordage....

à écrit le 13/11/2013 à 8:26
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nous avons la preuve que notre gouvernement a tout détruit ,bonnet d'ane aussi à bruxelles qui ferme les yeux sur les betises françaises

à écrit le 12/11/2013 à 22:09
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Hélas, je ne peux que confirmer c'est ce que je constate depuis juillet 2012 ...

à écrit le 12/11/2013 à 20:19
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Législation + Charges Sociales + Impôts + 35h + cgt = cocktail explosif Il faudrait être fou

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