L’union bancaire, prélude à une nouvelle vague de fusions-acquisitions ?

Depuis la crise financière de 2008, le montant des fusions et acquisitions dans le secteur bancaire européen a été divisé par quatre. Mais la mise en œuvre de l’union bancaire pourrait renverser la vapeur, notamment grâce au mécanisme de résolution unique, lequel fait toujours débat parmi les Européens.
Christine Lejoux
Le conseil Ecofin du 10 décembre 2013 devrait permettre de grandes avancées sur l'union bancaire européenne, a promis le ministère allemand des Finances, le 6 décembre. REUTERS.

Le serpent de mer de l'union bancaire européenne refait surface. Le vendredi 6 décembre, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a reçu ses homologues français, italien et espagnol, ainsi que le commissaire européen Michel Barnier, le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et le directeur de la BCE (Banque centrale européenne), Jörg Asmussen.

L'objectif : préparer le conseil Ecofin du mardi 10 décembre, qui devrait déboucher sur "de grandes avancées" au sujet de l'union bancaire, a promis vendredi un porte-parole du ministère allemand des Finances. Pour mémoire, s'il est acté que la BCE deviendra en novembre 2014 le superviseur unique du secteur bancaire, les Européens ne se sont en revanche toujours pas mis d'accord sur le mécanisme de résolution unique des crises bancaires, le second pilier de l'union bancaire.

La valeur des fusions et acquisitions a été divisée par 4 depuis 2008

 Une union bancaire dont Vitor Constancio, vice-président de la BCE, ne serait "pas surpris qu'elle ouvre une période de restructuration du secteur bancaire européen, en particulier via une hausse des opérations de fusions et acquisitions" émanant du "secteur privé", d'après un discours prononcé le 2 décembre à Dublin.

Des fusions et acquisitions dont la valeur a été divisée par quatre depuis la crise financière de 2008, à 10 milliards d'euros en 2012, a précisé Vitor Constancio. Il faut dire que les opérations de croissance externe n'ont pas été la priorité des banques ces dernières années, puisque les régulateurs et les marchés leur commandaient au contraire de réduire et d'assainir leurs bilans, dans le contexte de la crise de la zone euro.

 Les deux tiers des fusions sont des restructurations menées par les Etats

 Résultat, sur les 42,3 milliards d'euros de fusions et acquisitions annoncées dans le secteur européen des services financiers, au premier semestre 2013, les deux tiers sont en réalité des restructurations menées par des Etats, comme en Grèce, où le Fonds hellénique de stabilité financière a pris le contrôle des quatre principales banques du pays, rappelle le cabinet PricewaterhouseCooper's (PwC), dans une récente étude.

"En excluant ces opérations, la valeur des transactions dites privées affiche un recul par rapport à la même période de l'an dernier", précise PwC.

 Comment l'avènement de l'union bancaire pourrait-il changer la donne ? D'abord parce qu'un "mécanisme de résolution unique donnera davantage de possibilités d'utiliser la concentration comme moyen de résoudre les crises bancaires", explique Vitor Constancio.

Le vice-président de la BCE s'appuie sur l'exemple des Etats-Unis, où, sur les 500 banques dont la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) a dû gérer la faillite depuis 2008, pas moins de 450 ont été rachetées. Et ce, grâce aux transactions "Purchase and Assumption", un mécanisme de résolution dans le cadre duquel des banques en bonne santé s'engagent à racheter tout ou partie des actifs de concurrentes mal en point.

 Une rentabilité des fonds propres des banques européennes égale à 0%

 Ensuite, l'union bancaire, parce qu'elle implique une revue drastique de la qualité des bilans des banques par la BCE, renforcera la confiance des établissements de crédit dans leurs situations financières respectives. "Une fois l'union bancaire en place, nous disposerons de davantage de transparence", a ainsi estimé Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, dans un récent entretien au site Emergingmarkets.org.

Au point de considérer, lui aussi, l'union bancaire comme un probable accélérateur de la consolidation du secteur bancaire européen. BNP Paribas a d'ailleurs annoncé le 5 décembre le rachat de la banque polonaise BGZ, pour près d'un milliard d'euros, sa plus importante acquisition depuis celle de son concurrent belge Fortis, en 2008.

 Il est vrai que les banques européennes ont besoin de trouver des relais de croissance, afin de redresser une profitabilité en chute libre. L'an dernier, la rentabilité de leurs fonds propres est tombée à 0%, contre 17% en 2007, d'après le cabinet Roland Berger.

Et puis, l'industrie bancaire européenne est plus fragmentée qu'on le croit : en France, les cinq plus grandes banques détiennent moins de 45% du total des actifs bancaires, une proportion qui est inférieure à 40% en Italie et qui dépasse à peine les 30% en Allemagne, selon la BCE. De quoi envisager une concentration du secteur européen sans peut-être redouter pour autant la constitution de nouveaux géants bancaires "too big to fail."

 

 

 

 

 

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 08/12/2013 à 20:13
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L'union bancaire est une vaste fumisterie, dommage qu'il n'y ait pas plus de débat sur cela car nous allons tous en subir les conséquences... et là on sentira vraiment les effets de cette "union"

à écrit le 08/12/2013 à 9:01
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Goldman Sachs va fusionner avec la BCE la remise des clés est pour le 11.

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