Le microcrédit fait le maximum pour le chômeur qui veut créer son entreprise

La 10e semaine du microcrédit se déroule du 3 au 7 février, sous l’égide de l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie). En 25 ans, cette dernière a octroyé 132.000 microcrédits, et participé ainsi à la création de quelque 94.000 sociétés.
Christine Lejoux
L'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique) distribue des microcrédits d'un montant maximal de 10.000 euros. REUTERS.

Nicolas et Adel ont dix ans d'écart, mais un parcours professionnel similaire. Il y a une vingtaine d'années, Nicolas Garry, aujourd'hui âgé de 43 ans, se retrouve au chômage. Ce préparateur en pharmacie caresse alors un rêve : monter sa propre agence d'événementiel, à Rennes.

"Mais, compte tenu de mon manque d'expérience et du secteur quelque peu atypique dans lequel je voulais me lancer, les banques m'ont fermé la porte au nez",

raconte-t-il. Pas l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique), vers laquelle l'oriente l'ANPE de l'époque, et qui lui prête les 30.000 francs (4.000 euros environ) nécessaires au lancement de son agence. Laquelle compte aujourd'hui 16 salariés, deux implantations supplémentaires, à Nantes et à Paris, et réalise 5 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.

C'est également pour sortir du chômage qu'Adel Abderrahim, âgé de 33 ans, a voulu créer sa propre société de nettoyage, il y a un an et demi, après avoir perdu son travail de gouvernant dans l'hôtellerie. Comme Nicolas Garry, son statut de chômeur ne lui permet pas d'obtenir un crédit bancaire classique. C'est encore l'Adie qui lui prêtera 3.000 euros pour démarrer son activité. Dix-huit mois plus tard, le jeune homme emploie déjà deux salariés.

 L'Adie consent jusqu'à 10.000 euros de crédit

 Pour Catherine Barbaroux, présidente de l'Adie, Nicolas et Adel sont la preuve que le microcrédit constitue "un moyen efficace de retour à l'emploi."

"Depuis plusieurs mois, les pouvoirs publics invitent les acteurs de l'économie sociale et solidaire à changer d'échelle. Encore faut-il que le microcrédit soit mieux connu ! C'est un outil qui a fait ses preuves, qui crée plus de 200 emplois par semaine, parlons-en !",

insiste Catherine Barbaroux. A cet effet, et alors que la France affiche le triste record de 3,3 millions de demandeurs d'emplois, l'association organise la 10e édition de la semaine du microcrédit, du 3 au 7 février, au sein de ses 120 antennes nationales, mais également chez des partenaires comme Pôle Emploi, les chambres de commerce et d'industrie, les bureaux de poste, et même les banques.

 En effet, "l'Adie ne s'oppose pas aux banques", précise Catherine Barbaroux. L'association et les établissements de crédit classiques sont en réalité complémentaires, la première octroyant aux chômeurs et aux titulaires des minima sociaux désireux de créer leur entreprise les quelques milliers d'euros que les banques refusent de leur accorder. Et si l'Adie est à même de consentir des petits crédits (jusqu'à 10.000 euros) à ces aspirants entrepreneurs en difficulté, c'est parce qu'elle-même emprunte de l'argent à des banques comme BNP Paribas ou la Société générale, à des taux préférentiels.

 58% des entreprises financées par l'Adie passent le cap des trois ans d'existence

Au cours de la seule année 2013, l'Adie a ainsi distribué 14.646 microcrédits, un chiffre en hausse de 12% par rapport à l'année précédente, ce qui a permis la création de quelque 10.000 emplois. Au total, en 25 ans d'existence, l'Adie a financé 132.000 microcrédits, et participé à la création de 94.000 sociétés environ. Des entreprises qui, dans 58% des cas, parviennent à passer le cap difficile des trois ans, un chiffre "rigoureusement" semblable à la moyenne nationale pour l'ensemble des entreprises individuelles, assure Catherine Barbaroux. Résultat, le taux de remboursement des emprunts contractés auprès de l'Adie dépasse les 97%.

 Il faut dire que le coup de pouce de l'Adie ne se limite pas à un crédit. Il comprend également un accompagnement du futur auto-entrepreneur par l'un des 450 salariés ou des 1.300 bénévoles de l'association.

"Durant deux ans, j'ai eu des rendez-vous trimestriels avec Sébastien, mon accompagnateur de l'Adie, qui m'a notamment aidé pour les questions relatives à la TVA, aux déclarations administratives, dans la mesure où j'ai dû rapidement embaucher quelqu'un",

relate Nicolas Garry. Quant à Adel Abderrahim, "les conseillers de l'Adie (l') ont aidé à élaborer (son) business plan."

 Des capitaux privés qui ne prennent que lentement le relais des financements publics

 Pour autant, pas question de verser dans l'angélisme.

"Compte tenu de la crise, la montée en puissance du chiffre d'affaires des entreprises que nous finançons est plus lente, aujourd'hui. Et leurs dirigeants doivent attendre plus longtemps qu'avant pour se verser un salaire assez correct",

reconnaît Catherine Barbaroux. Les conséquences de la crise, l'Adie - dont le budget de fonctionnement s'élève à 25 millions d'euros environ - les ressent également sur ses propres finances, avec une "lente érosion des financements publics", auxquels "les financements privés et la philanthropie ne se substituent que très progressivement."

Quid de Bpifrance, la Banque publique d'investissement, qui s'est engagée à apporter 500 millions d'euros à l'économie sociale et solidaire, et qui pourrait prendre une participation dans l'Adie, via des titres associatifs ? "Nous n'avons encore rien vu de concret", regrette Catherine Barbaroux.

 

Christine Lejoux

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Commentaires 3
à écrit le 04/02/2014 à 14:51
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Le probleme est justement l'Adie, entre les frais de dossier, et le taux on arrive a un taux exorbitant et cela seulement si vous avez de la garantie ou un garant sinon l Adie ne vous calcul même pas. Il y a d autres moyens beaucoup moins cher pour...

à écrit le 04/02/2014 à 11:48
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Faut pas chercher loin une explication. le monde économique est organisé, notamment par les plus grands cabinets occidentaux, autour de "l'out-sourcing". L'on segmente en figeant avec oeillères partout, pour évacuer le risque et la responsabilité, c...

à écrit le 04/02/2014 à 11:29
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rappelons que c'est une polonaise qui a créer l'ADIE. Maria Nowak

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