Qui est Allen & Co, la discrète petite banque conseil de Facebook ?

La petite banque d'affaires américaine – qui a conseillé Facebook pour acquérir WhatsApp pour 19 milliards de dollars, la plus importante acquisition jamais réalisée par le réseau social - devrait empocher jusqu’à 40 millions de dollars de commissions, selon Freeman Consulting.
Christine Lejoux
L'acquisition de WhatsApp par Facebook propulse Allen & Co parmi les dix premières banques d'affaires mondiales. REUTERS.
L'acquisition de WhatsApp par Facebook propulse Allen & Co parmi les dix premières banques d'affaires mondiales. REUTERS. (Crédits : Reuters)

Le rachat de WhatsApp par Facebook le 19 février, pour la très coquette somme de 19 milliards de dollars, a fait bien des heureux. A commencer par les actionnaires du service de messagerie mobile, en particulier son cofondateur Jan Koum, devenu milliardaire par la grâce de cette opération, et Sequoia Capital, le seul fonds de capital-risque à avoir cru dans le potentiel de WhatsApp, et dont la participation serait aujourd'hui valorisée entre 3 milliards et 3,5 milliards de dollars, selon des sources citées par l'agence Bloomberg.

 Mais il est des bénéficiaires moins directs de l'acquisition de WhatsApp par le réseau social de Mark Zuckerberg. A savoir les banques d'affaires qui ont conseillé chacun des protagonistes d'une opération qui est celle de tous les superlatifs. Il s'agit en effet de la cinquième transaction la plus importante de tous les temps dans le secteur des nouvelles technologies, et du septième "méga-deal" (supérieur à 10 milliards de dollars) annoncé depuis le début de l'année, d'après Thomson Reuters.

 Allen & Co dans le "top 10" des banques d'affaires mondiales

Dans ces conditions, pas étonnant que les deux banques-conseil qui ont travaillé sur cette opération s'apprêtent chacune à empocher entre 32 millions et 45 millions de dollars de commissions. Mais qui sont-elles, ces deux heureuses élues ? Il y a d'abord la célèbre banque d'investissement américaine Morgan Stanley, qui a planché sur l'opération au côté de WhatsApp. On pourrait donc imaginer qu'un autre grand nom de Wall Street, comme Goldman Sachs ou JPMorgan, a épaulé le premier réseau social du monde.

 Il n'en est rien. Facebook, pour la plus importante acquisition de sa jeune histoire, s'est attaché les services d'Allen & Co. Cette dernière, qui avait déjà accompagné le réseau social dans le cadre de son introduction en Bourse, en 2012, se voit ainsi bombardée dans le "top 10" des principales banques d'affaires mondiales, tant d'après le classement réalisé par Thomson Reuters que selon le palmarès élaboré par Dealogic.

 Une entreprise familiale fondée en 1922

Allen & Co ? Le nom ne dit pas grand-chose, voire rien du tout, à l'inverse d'un Goldman Sachs ou d'un JPMorgan. Les dirigeants d'Allen & Co ne risquent pas de s'offusquer de cette ignorance, eux qui ont fait de la discrétion, de l'absence de publicité et de médiatisation leur religion. Inutile, d'ailleurs, de chercher le site Internet d'Allen & Co : la banque n'en possède pas, bien qu'elle se soit spécialisée dans les secteurs des médias et du divertissement, au fil des ans. Au fil des ans car cette petite banque d'affaires - appelée "boutiqueé dans le jargon financier - est tout sauf une nouvelle venue. Allen & Co est en réalité une respectable vieille dame de 92 ans, sise au numéro 711 de la très chic 5ème avenue de New York.

 C'est en effet en 1922 que les trois frères Allen - Charles Robert, Harold et Herbert - créent la banque qui portera leur nom. Aujourd'hui encore, c'est un Allen - et, qui plus est, un Herbert, petit-fils du premier - qui se trouve aux commandes de l'établissement. Demeurer une entreprise familiale relève de l'exploit, dans le secteur très concurrentiel de la banque d'affaires, qui a connu moult rapprochements depuis le siècle dernier. Sa (discrète) réussite, Allen & Co la doit à son patient tissage de relations très étroites, de longue durée, avec les dirigeants d'entreprises, ce qui lui permet de fidéliser ses clients, de travailler avec eux sur la longueur. Les transactions "one-shot", très peu pour la banque.

 La "Sun Valley conferenceé, le grand raout annuel d'Allen & Co

Ces relations avec les grands patrons se nouent, notamment, dans le cadre de la "Sun Valley conference", le grand raout annuel qu'Allen & Co organise chaque été depuis 1982 dans l'état de l'Idaho. C'est la seule concession faite par la banque à son culte de la discrétion, cet événement lui permettant de réunir tout le gratin de la finance, des technologies et des médias avec, à la clé, de possibles mandats de fusions et acquisitions.

 S'y sont justement pressés l'an dernier Mark Zuckerberg, Dick Costolo, le directeur général de Twitter (sur l'introduction en Bourse duquel Allen & Co a travaillé), James Murdoch, le plus jeune fils du magnat des médias Rupert Murdoch, ou encore Eric Schmidt, président exécutif de Google.

 Des collaborateurs anciens basketteurs ou sénateurs

 Le cas du moteur de recherche constitue précisément l'un des exemples les plus emblématiques du fonctionnement d'Allen & Co. Nancy Peretsman, l'une des collaboratrices de la banque, a profité de sa rencontre avec Eric Schmidt à l'université de Princeton pour bâtir, pas à pas, une relation de confiance avec le futur dirigeant de Google. Résultat, Allen & Co a fait partie, au côté de poids lourds comme Morgan Stanley, des banques retenues par le moteur de recherche pour son introduction en Bourse, qui fut l'événement de l'année 2004 sur les marchés financiers.

 Des collaborateurs dotés d'un carnet d'adresses aussi fourni que celui de Nancy Peretsman, la banque en compte bien d'autres, puisqu'il s'agit là de la clé de son succès. Dans ses rangs figurent ainsi Donald Keough, ancien président de Coca-Cola, George Tenet, qui fut l'un des patrons de la CIA, ou encore l'ancien joueur de basket et ex-sénateur Bill Bradley. C'est dire s'il est difficile d'être recruté par Allen & Co. Surtout que les collaborateurs de la banque restent en poste durant 15 ans, en moyenne. Une originalité supplémentaire d'Allen & Co, la plupart des banques d'affaires affichant un turn-over assez élevé

Christine Lejoux

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Commentaires 4
à écrit le 24/02/2014 à 15:13
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Pas de site ??? Allez sur alleninvestment.com

à écrit le 21/02/2014 à 18:52
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Mouais...c'est pas le gratin de New-York , loin de là...

le 21/02/2014 à 23:12
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Amusant, mais je connais de réputation deux autres secteur tout aussi obscur et opaque... Un qui fait peur aux banquiers centraux, et un qui leur plait.

à écrit le 21/02/2014 à 18:36
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Il me semble que l'année d’introduction de Google se trouve être 2004.

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