Euronext s’apprête à retrouver son indépendance… mais pour combien de temps ?

Euronext s’introduira en Bourse le 20 juin. L'opération valorisera le gestionnaire des places boursières de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne 1,75 milliard d’euros au maximum, contre 6,6 milliards pour le London Stock Exchange et 10,7 milliards pour Deutsche Börse.
Christine Lejoux
L'opérateur boursier américain ICE introduira en Bourse sa filiale européenne Euronext le 20 juin. REUTERS.

Bientôt le D-Day pour Euronext. Après sept années passées sous pavillon américain, le gestionnaire des places boursières de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne retrouvera son indépendance le 20 juin prochain, via sa propre cotation en Bourse sur ces mêmes places (exception faite de Lisbonne, où l'introduction d'Euronext interviendra d'ici au quatrième trimestre 2014).

 Pour mémoire, Euronext avait été racheté en 2007 par Nyse, l'opérateur de la Bourse de New York. Puis le groupe Nyse Euronext avait à son tour été acquis par son concurrent américain ICE (InterContinentalExchange), en 2013. Lequel n'avait jamais fait mystère de son peu d'intérêt pour les activités européennes de Nyse Euronext. Exception faite de l'activité londonienne de dérivés Liffe, qui demeurera dans le giron d'ICE, alors que ce dernier avait rapidement annoncé son intention de se délester du solde d'Euronext en l'introduisant en Bourse.

 Un noyau dur d'actionnaires qui détient un tiers du capital

 Une opération qui verra la mise sur le marché de quelque 42 millions d'actions Euronext au maximum, soit 60,15% du capital, d'où une levée de capitaux comprise entre 880 millions et 1,16 milliard d'euros, sur la base d'un prix d'introduction situé entre 19 et 25 euros, a indiqué mardi 10 juin Dominique Cerutti, directeur général d'Euronext. Outre cette part de 60,15%, un peu plus d'un tiers (33,36%) du capital a d'ores et déjà été acquis par un noyau dur d'actionnaires, comme le souhaitaient les pouvoirs publics, soucieux de l'indépendance d'Euronext.

 Parmi ces actionnaires dits de référence figurent BNP Paribas, sa filiale belge Fortis, la Caisse des dépôts, Bpifrance - la Banque publique d'investissement -, la chambre de compensation Euroclear, le groupe portugais Banco Espirito Santo, ou bien encore la banque néerlandaise ABN Amro et la holding publique belge SFPI. A ce noyau dur s'ajoutent deux autres investisseurs institutionnels, qui ont acquis chacun 1% du capital d'Euronext. Il s'agit du bancassureur néerlandais KBC et du groupe français d'énergie GDF Suez, dont le PDG, Gérard Mestrallet, n'est autre que le président de Paris Europlace, l'association chargée de promouvoir l'attractivité de la place financière de Paris.

 Une croissance annuelle de 5% en moyenne du chiffre d'affaires

 Dominique Cerutti s'est félicité d'un "tel engagement d'institutions de référence en Europe", engagement qui constitue "une reconnaissance du potentiel d'Euronext." Un potentiel qui, selon le directeur général de l'opérateur boursier, devrait se traduire "à moyen et long terme" par une croissance annuelle de 5% en moyenne du chiffre d'affaires, qui a atteint  433 millions d'euros en 2013. Un objectif fondé sur l'amélioration de la conjoncture économique en Europe - favorable à la poursuite de la reprise des introductions en Bourse -, sur une réglementation de moins en moins favorable aux opérations de gré à gré, sur un regain d'appétit des investisseurs étrangers pour les actions européennes, et, enfin, sur la désintermédiation croissante du financement des entreprises, appelées à recourir davantage aux marchés financiers qu'au crédit bancaire, dans les prochaines années.

 Couplé à un plan d'économies - essentiellement dans les services informatiques - de 60 millions d'euros sur les trois prochaines années, cet objectif de croissance de l'activité doit permettra à Euronext d'afficher une marge d'excédent brut d'exploitation de 45%, "à moyen et long terme" toujours, contre 42% l'an dernier.

 Une consolidation inéluctable en Europe

 Des perspectives qui pourraient à nouveau susciter des convoitises. De fait, le Nasdaq - la Bourse américaine des valeurs technologiques -, le London Stock Exchange (LSE) - qui gère les Bourse de Londres et de Milan - et Deutsche Börse - le gestionnaire de la Bourse de Francfort - sont régulièrement évoqués comme des acquéreurs potentiels d'Euronext. Pas immédiatement, bien sûr, les actionnaires de référence d'Euronext étant tenus de garder leurs titres durant trois ans.

 "Une consolidation aura lieu en Europe, et nous y jouerons un rôle, mais ce n'est pas pour aujourd'hui", a d'ailleurs reconnu Dominique Cerutti. Qui semble voir davantage Euronext dans le rôle d'un acheteur plutôt que dans celui d'une proie. Reste que le prix de son introduction en Bourse valorise ce dernier 1,75 milliard d'euros au maximum. Contre 6,6 milliards d'euros pour le LSE et 10,7 milliards pour Deutsche Börse…

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 11/06/2014 à 11:10
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On pense toujours consolidation en Europe, mais il y a le reste du monde, des places émergent en afrique, en amérique latine, au moyen-orient, en asie. L'expertise technologique d'Euronext peut être d'un grand atout, il n'est peut-être pas bon de tai...

à écrit le 11/06/2014 à 9:35
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Eh oui, mais qui sait, avec les ennuis de BNP, ce sera peut-être Deutsche Börse qui rachètera. es actifs auront été parqués aux US, le temps que la situation soit mûre...

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