Attentats : pourquoi les marchés financiers restent de marbre

Après les attentats qui ont ensanglanté Paris vendredi soir, l'indice CAC 40 a reculé de 0,08% seulement lundi 16 novembre. Les marchés semblent avoir intégré le risque terroriste.
Christine Lejoux
Les marchés actions n’ont guère été secoués par les attaques terroristes survenues dans la soirée du vendredi 13 novembre à Paris.

Une fois de plus, les marchés financiers ont évolué à contre-courant de l'âme humaine, lundi 16 novembre. De la même façon qu'ils bondissent généralement lorsque telle ou telle entreprise annonce des licenciements, les marchés actions n'ont guère été secoués par les attaques terroristes survenues dans la soirée du vendredi 13 novembre à Paris. Des attentats revendiqués par le groupe Etat islamique et qui, avec au moins 129 morts et 352 blessés, sont pourtant les plus meurtriers jamais survenus en Europe depuis les attentats de Madrid, en 2004. Il est vrai que les marchés étaient déjà restés de marbre début janvier, après les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.

Certes, le CAC 40, l'indice phare de la Bourse de Paris, a décroché de 1% à l'ouverture, lundi 16 novembre, mais il s'est bien vite rattrapé, pour terminer la séance sur une quasi stagnation (-0,08%, à 4.804 31 points). Ce n'est pas non plus à Londres que l'on pouvait chercher une once d'émotion, le FTSE 100 ayant gagné 0,46 %, à 6.146,38 points. Ni à Francfort, où le DAX a progressé de 0,05%, à 10.713,23 points. Même indifférence à Madrid, où l'IBEX 35 n'a pas cédé plus de 0,05%, à 10.111,40 points, ainsi qu'à Milan (-0,14%, à 21.842,56 points).

Un impact limité sur l'économie

C'est dire s'il semble loin, le temps où le CAC 40 dévissait de 7,39%, à l'annonce des attentats du 11 septembre 2001, aux Etats-Unis. Une tragédie qui avait même entraîné une fermeture de Wall Street durant quatre jours, afin d'éviter que la panique des investisseurs américains ne se propage aux autres places financières mondiales. Cette fermeture n'avait d'ailleurs pas empêché le S&P500 de chuter de 7% le lundi 17 septembre 2001, à la réouverture de la Bourse de New York. Plus récemment, les attentats perpétrés dans des trains de banlieue à Madrid, le 11 mars 2004, et dans les transports en commun londoniens, le 7 juillet 2005, avaient respectivement fait plonger le CAC 40 de 3% et de 1,39%.

Alors, quoi ? Les marchés financiers se seraient-ils accoutumés au risque d'attentats ? La réponse est « oui. » « Aussi froid que cela puisse paraître, oui, les événements de ce week-end [du 13 au 15 novembre ; Ndlr] sont rapidement pricés (intégrés) et oubliés par les marchés », admet le courtier XTB, dans une note publiée le 16 novembre. Il est vrai que les attentats de vendredi se sont produits après la clôture des marchés. Ce qui a laissé aux investisseurs deux jours pour tenter de mesurer leurs conséquences, avant la réouverture des places boursières, lundi matin.

Incertitudes autour du tourisme et des transports

Surtout, les investisseurs sont aujourd'hui conscients que les attentats ont généralement un impact limité sur l'économie. La preuve avec un rapport publié en 2004 par S. Brock Blomberg, Gregory D. Hess et Athanasios Orphanides : les 177 actes terroristes étudiés par ces trois professeurs d'économie américains, entre 1966 et 2000, se sont soldés en moyenne par un recul de 0,048% seulement du PIB (produit intérieur brut) par habitant, en base annuelle. D'ailleurs, six mois après les attentats du 11 septembre 2001, le S&P 500 n'avait-il pas déjà rebondi de 15%, preuve que, sur le plan économique, ce drame appartenait déjà au passé pour les investisseurs ?

Il n'en demeure pas moins que certains secteurs pourraient subir à court terme un fléchissement de leur activité, après les attentats de Paris. A commencer par le tourisme, qui représente près de 7,5% du PIB de la France, mais également les transports et le luxe. L'hôtelier AccorHotels a perdu 4,71% à 39,52 euros, le groupe aérien Air France-KLM 5,67% à 6,41 euros, le gestionnaire des aéroports de Paris ADP 3,73% à 107,05 euros et Groupe Eurotunnel 3,04% à 11,95 euros. Groupe Flo a décroché pour sa part de 11,42% à 2,25 euros. Dans le luxe, Kering a lâché 0,70% à 164,15 euros, LVMH 1,39% à 160,15 euros et Hermes International 1,35% à 328,05 euros.

Christine Lejoux

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Commentaires 4
à écrit le 19/11/2015 à 17:23
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Les marchés ont simplement intégré que le Moyen-Orient n'est plus "la tour de contrôle" du pétrole!

à écrit le 17/11/2015 à 7:09
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Un marche....???? non un drogue aux banques centrales qui se dit.... bazar...plus + de dope (creation monetaire)... Yahoo faisons la fete.... l economie relle...c est quoi ca????

à écrit le 17/11/2015 à 4:18
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Le trou d'air de cette nuit sur les futurs, vous en pensez quoi? Vous pensez également que ce sont les "marchés" qui ont fait remonter en ligne droite puis reprendre par WS plus de 400 points également en ligne droite? Et demain quoi? Ce sera +1.5%? ...

à écrit le 17/11/2015 à 0:34
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Eeet... depuis quand les "marchés" voient autre chose que les liquidités des bc..??

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