Caisses d'Epargne : les principaux dirigeants écartés

Par latribune.fr  |   |  880  mots
Les numéros un et deux de la Caisse d'Epargne, Charles Milhaud et Nicolas Mérindol, ont démissionné après la perte de 600 millions d'euros essuyée par la banque. Autre partant, Julien Carmona, également membre du directoire, en charge des finances et des risques. Christine Lagarde se déclare satisfaite de cette décision. D'après le Monde, l'ex-patron de l'Ecureuil, Nicolas de Merindol, va prendre la tête du Crédit Foncier.

L'annonce vendredi d'une perte de trading de 600 millions d'euros en pleine tourmente financière a coûté cher à la direction des Caisses d'Epargne. Un conseil de surveillance s'est réuni dimanche pendant plus de six heures pour discuter des conséquences à tirer de cette perte. Mais contrairement aux autres affaires et notamment à celle de la Société Générale où Daniel Bouton a pu conserver son poste, la sanction aux Caisses d'Epargne a été sans appel. (Retrouvez les derniers communiqués  de la Caisse d'Epargne).

Après quarante-quatre années au sein du groupe, le patron de la banque mutualiste, Charles Milhaud (65 ans)  a été contraint dimanche soir de présenter sa démission. Il n'est pas le seul à être sanctionné puisque le numéro deux du groupe, Nicolas Mérindol est lui aussi écarté. Le directeur général, présenté jusqu'alors comme le l'héritier de Charles Milhaud, reste toutefois "au service du groupe". Il devrait prendre d'autres fonctions au sein de la banque, selon une source proche du dossier. Il laisse un groupe élargi mais fragilisé par des acquisitions coûteuses. En moins d'un an, Nicolas Mérindol a bouclé trois opérations majeures: la création de Natixis, fruit du partenariat avec les Banques Populaires dans la banque de financement et d'investissement, l'accord avec le promoteur Nexity en vue de créer, autour du Crédit Foncier, un pôle immobilier coté, et la prise de contrôle du courtier Meilleurtaux. Mais ces opérations, réalisées alors que les marchés financiers et immobiliers sont au plus haut, et qui sont censées constituer des "relais de croissance" pour le groupe, se révélent source de fragilité quand la bulle éclate au printemps 2007. Autre partant de la direction: Julien Carmona, également membre du directoire, en charge des finances et des risques.

D'après des informations du Monde daté de mardi, le désormais ancien PDG du groupe Caisses d'Epargne, Nicolas de Mérindol, devrait prendre la direction du Crédit Foncier. Il était déjà président du conseil d'administration de l'établissement, mais de façon non-exécutive, tandis que François Blancard en était l'actuel directeur général. Désormais, Nicolas de Mérindol devrait prendre la direction opérationnelle du groupe.

Charles Milhaud, qui ne touchera pas de "parachute doré", sera remplacé par Bernard Comolet, actuel président du directoire de la Caisse d'Epargne d'Ile-de-France.  Alain Lemaire, président du directoire de la Caisse d'Epargne Provence-Alpes-Corse, a lui été nommé directeur général en remplacement de Nicolas Mérindol. Les deux autres membres du directoire, Guy Cotret (chargé des ressources humaines et informatique) et Alain Lacroix (développement), qui n'ont pas démissionné dimanche, restent au directoire "avec les mêmes attributions". Au cours de ce très long conseil extraordinaire, les instances dirigeantes de la Caisse d'Epargne ont confirmé la "pertinence du projet de fusion avec les Banques Populaires" qui devrait donc être poursuivi malgré le changement de direction.


Dans la foulée de l'annonce de la démission en bloc des principaux dirigeants, la ministre de l'Economie Christine Lagarde s'est déclarée "satisfaite" de cette décision  estimant que "cela va permettre aux Caisses d'Epargne de repartir", selon l'entourage de la ministre.

Même si Charles Milhaud assurait ce week-end au Journal du Dimanche que cette affaire n'était pas "une nouvelle affaire Kerviel", cette perte de trading de 600 millions d'euros est survenu au pire moment pour le groupe, alors que les gouvernements français et des autres pays européens planchent d'arrache-pied sur des plans de soutien au secteur bancaire. Charles Milhaud indiquait  par ailleurs se "sentir responsable" sans parler ouvertement de démissionner. "Cela fait quarante-cinq ans que je suis aux Caisses d'épargne, les Caisses c'est toute ma vie. Alors oui, je me sens responsable", déclarait-t-il. "Croyez-moi, cet incident est grave et me touche profondément". Sur l'"incident" lui-même, Charles Milhaud réfutait l'idée qu'il s'agisse d'une "nouvelle affaire Kerviel", en référence aux lourdes pertes subies en janvier par la Société Générale attribuées au trader Jérôme Kerviel. "D'abord chez nous, tout s'est joué en quelques jours. Ensuite, personne n'a cherché à dissimuler quoi que ce soit", expliquait le responsable. "Il n'y a pas non plus de volonté d'enrichissement personnel ni de malversation".

Il précisait qu'une procédure de licenciement a été engagée à l'encontre du "gérant de portefeuille et de son équipe, du responsable du compte propre de la Caisse nationale des caisses d'épargne, du directeur de la gestion financière".

Les révélations par la Tribune vendredi de cette perte avaient suscité de nombreuses réactions. Depuis le Québec, où il était en déplacement, le président Nicolas Sarkozy avait exigé que les responsables de cette affaire "en tirent les conséquences", et ce à tous les niveaux. La ministre de l'Economie Christine Lagarde avait, elle, fait part de sa "colère". Samedi, le premier secrétaire du PS, François Hollande, a estimé que des sanctions "devaient tomber". "Nous verrons bien si, à la direction de la Caisse d'Epargne, si proche du pouvoir actuel, toutes les conséquences de ces errements sont tirées".