Le "Kerviel suisse" n'en était pas à son coup d'essai

Par Christine Lejoux  |   |  334  mots
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Le trader qui a fait perdre deux milliards de dollars à la banque UBS se serait rendu coupable de fraudes comptables dès 2008, selon l'acte d'accusation dévoilé vendredi. Il est défendu par le cabinet d'avocats qui a tenté en vain d'innocenter Nick Leeson, le courtier pyromane de la Barings.

"C'est la première fois." Kweku Adoboli ne pourra pas invoquer cet argument pour se défendre. Le trader  londonien de 31 ans - accusé jeudi d'avoir fait perdre deux milliards de dollars à son employeur, la banque suisse UBS, en raison de transactions illégales - n'en est pas à son coup d'essai. Selon l'acte d'accusation lu lors de sa première comparution devant la justice britannique vendredi, le jeune homme aurait commis une première fraude comptable à partir du 1er octobre 2008, fraude qui aurait duré jusqu'au 31 décembre 2009. Une deuxième aurait suivi, du 1er janvier 2010 au 14 septembre 2011, veille de son arrestation à Londres, où il travaillait. A cette dernière fraude s'ajouterait un abus de position, lequel aurait couru du 1er janvier 2011 au 14 septembre.

Maintenu en détention, il éclate en sanglots

Face à ces charges, les magistrats britanniques ont ordonné le maintien en détention du jeune homme. Ce dernier comparaîtra à nouveau devant la justice le 22 septembre. A l'énoncé du verdict, Kweku Adoboli, qui était responsable du courtage sur les fonds indiciels cotés au sein de la filiale londonienne d'UBS, a éclaté en sanglots. Il faut dire que les précédents de Jérôme Kerviel et de Nick Leeson n'incitent pas à l'optimisme : le trader qui avait fait perdre près de cinq milliards d'euros à la Société Générale en 2008 a été condamné l'an dernier à trois ans de prison ferme, et le courtier à l'origine de la faillite de la banque Barings en 1995 est resté en cellule durant quatre ans et demi.

Un cabinet d'avocats déjà présent dans l'affaire Barings

C'est précisément le cabinet d'avocats qui avait défendu Leeson - le cabinet Kingsley Napley - qui tentera d'innocenter Kweku Adoboli, ou tout au moins d'atténuer la sentence judiciaire. Un exercice a priori très difficile, au regard des répercussions désastreuses de cette affaire sur la réputation d'UBS et de ses salariés, qui redoutent du coup de nouvelles suppressions de postes.