Avis de grand froid sur le capital-risque américain

Aux Etats-Unis, le "venture capital" a levé 1,7 milliard de dollars, au troisième trimestre, deux fois moins qu'un an plus tôt. Les IPO se tarissant, le capital-risque devient moins rémunérateur.
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Le "venture capital" ne fait plus recette aux Etats-Unis. Au troisième trimestre, le capital-risque, qui finance les start-ups de la high-tech, a levé seulement 1,7 milliard de dollars. C?est deux fois moins qu?il y a un an, selon les données de la National Venture Capital Association (NVCA) et de Thomson Reuters. C?est également le montant le plus faible levé par les capital-risqueurs américains depuis le troisième trimestre 2003.
La raison de ce coup de froid est d?une terrible simplicité : si le «venture capital» ne séduit plus les investisseurs, c?est parce qu?il rapporte beaucoup moins qu?avant. Et ce, en raison du report ou de l?annulation pure et simple de projets d?introductions en Bourse, comme celui du site d?achats Groupon, l?extrême volatilité des marchés actions depuis la mi-juillet rendant toute valorisation difficile. Or, c?est en revendant leurs participations dans le cadre d?introductions en Bourse que les sociétés de capital-risque gagnent de l?argent. Argent qui servira à rémunérer leurs actionnaires.
Ces derniers n?ont pas eu grand chose à se mettre sous la dent ces derniers mois : aux Etats-Unis, seulement cinq start-ups détenues par des «VCs» (capital-risqueurs) se sont cotées en Bourse, au troisième trimestre, contre 14 un an auparavant. Le montant ainsi levé s?est limité à 443 millions de dollars, soit une chute de 64,6% en douze mois, d?après la NVCA. Jamais, depuis le quatrième trimestre 2009, les IPO (initial public offerings)n?avaient rapporté aussi peu d?argent. Ce qui décourage les souscripteurs des fonds de «venture capital» de remettre au pot et ne permet pas d?attirer de nouveaux investisseurs.
Certes, les fonds de capital-risque peuvent également céder leurs participations dans le cadre d?opérations de fusions et acquisitions, même si cela est traditionnellement moins rémunérateur qu?une sortie via une IPO. Une centaine de jeunes pousses américaines - comme l?éditeur de jeux PopCap Games, cédé au géant Electronic Arts - ont permis à des VC de réaliser leur investissement au troisième trimestre. Mais cette porte de sortie risque elle aussi de se fermer, la chute des valorisations boursières incitant les acquéreurs potentiels de sociétés non cotées à négocier des prix plus bas. "La conjoncture économique, incertaine, pourrait réduire le nombre de fusions-acquisitions offrant un retour sur investissement élevé", reconnaît Mark Heesen, président de la NVCA.
Ce dernier ne se fait guère d?illusions : "à moins d?un rebond durable des introductions en Bourse, les souscripteurs resteront frileux et l?activité du capital-risque continuera à se contracter." Au troisième trimestre déjà, les VCs ont investi à peine 7 milliards de dollars dans de jeunes pousses américaines. Un montant certes en hausse de 31% sur un an, mais qui accuse un plongeon de 12% par rapport au deuxième trimestre 2011. Les temps sont durs pour les Facebook et Google en herbe.

 

 

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