Les objets connectés, une opportunité pour repenser la relation bancaire

La Caisse d’Epargne a lancé le 7 octobre une application des Google Glass pour les assurés automobiles. La Société générale vient d’organiser un "hackathon" autour des objets connectés. Ces derniers devraient représenter un marché de 500 millions d’euros en France en 2016, contre 150 millions en 2013.
Christine Lejoux
Les Google Glass, qui valent pour le moment 1.700 dollars environ, ne seront pas commercilisées en France avant 2015. REUTERS.
Les Google Glass, qui valent pour le moment 1.700 dollars environ, ne seront pas commercilisées en France avant 2015. REUTERS. (Crédits : <small>Wikipédia / Google</small>)

Les Google Glass, un gadget ? Ce n'est pas l'avis de la Caisse d'Epargne (groupe BPCE). En mars dernier, la banque avait dévoilé une application des lunettes connectées de Google pour son service de coffre-fort numérique. La voilà qui récidive, avec le lancement, mardi 7 octobre, d'une application provisoirement dénommée "Glassistance." Gratuite, celle-ci est destinée aux assurés automobiles de l'Écureuil. Concrètement, un conducteur victime d'un carambolage - et bien embarrassé pour remplir son constat - pourra contacter un gestionnaire de sinistre au moyen de ses Google Glass. Lesquelles permettront au dit gestionnaire de visualiser le véhicule accidenté et de guider l'assuré dans la rédaction de son constat.

 Ce qui n'est pas du luxe, "50% des constats étant mal remplis et donnant donc lieu à une mauvaise indemnisation", selon Michel Cabirol, directeur du développement de BPCE Assurances. Une fois le constat rempli, l'assuré n'a plus qu'à le photographier avec ses Google Glass puis à l'envoyer, toujours par l'intermédiaire de ces fameuses lunettes connectées, au gestionnaire. Et le tour est joué, "dans un délai incomparablement plus court" que le coup de fil traditionnel au centre d'assistance, affirme Michel Cabirol.

 Les clients souhaitent une relation bancaire davantage personnalisée

 Quelques jours plus tôt, les 3, 4 et 5 octobre, la Société générale avait organisé un hackathon (contraction de "hack" (pirater) et de "marathon"), au cours duquel 200 jeunes entrepreneurs, développeurs informatiques et étudiants se sont affrontés, afin de produire en un week-end des prototypes d'applications bancaires autour des objets connectés. Le projet "Wearable Intelligent Banking", qui sera "incubé" durant deux mois au sein de la direction informatique des réseaux France de la Société générale, permet aux conseillers bancaires d'identifier les clients entrant dans une agence, de consulter instantanément leurs dossiers et de leur proposer immédiatement les offres susceptibles de convenir à leurs besoins du moment, le tout grâce à la technologie Beacon [petits capteurs sans fil ; Ndlr], couplée à celle des Google Glass.

 "Les clients demandant une relation plus personnalisée et plus pratique, c'est-à-dire la possibilité de "consommer leur banque" partout et à tout moment, la plupart des banques développent une stratégie assez active, en matière d'objets connectés", explique Cédric Mignon, directeur du développement à la Caisse d'Epargne. "La personnalisation de l'information (des clients) passera par les objets connectés", insiste Denis Mancosu, directeur de la relation multi-canal chez BPCE, évoquant les données bancaires que les clients pourront par exemple choisir de recevoir sur leur montre connectée. "Nous travaillons très activement pour disposer d'une application d'usage bancaire, avec notamment la consultation de comptes, sur l'Apple Watch, dès sa sortie [début 2015 ; Ndlr]", complète Cédric Mignon.

 Un marché de 500 millions d'euros en France, en 2016

 "Les montres sont sans doute l'objet connecté qui recèle le plus grand potentiel d'applications bancaires, à court terme", reconnaît Antoine Pichot, directeur du multicanal à la Société générale. D'abord parce qu'il est autrement plus naturel de porter une montre connectée que les curieuses Google Glass, ensuite, et surtout, parce que l'Apple Watch, par exemple, ne coûte « que » 349 dollars, contre 1.700 dollars pour les Google Glass. Lesquelles ne devraient pas être commercialisées en France avant l'an prochain. "Le prix des Google Glass devra être divisé par quatre environ, pour qu'elles soient commercialisées en masse", admet Michel Cabirol, à la Caisse d'Epargne. Antoine Pichot, à la Société générale, estime lui aussi que "l'utilisation, par le grand public, d'applications bancaires sur les Google Glass, n'est pas encore d'actualité."

 Ce qui n'empêche pas la Société générale, comme la Caisse d'Epargne, de "rester en veille dans le domaine des Google Glass, lesquelles ont apporté de véritables idées dans le cadre du hackathon." Il faut dire que les Google Glass, les Apple Watch, les Oculus Rift (casques de réalité virtuelle) et autres objets connectés devraient représenter un marché de 500 millions d'euros en France, en 2016, soit un triplement par rapport à 2013, d'après le cabinet Xerfi. Alors, comme le dit Antoine Pichot, il n'y aura définitivement plus "le monde des objets connectés d'un côté, et le monde actuel de l'autre."

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 13/10/2014 à 16:21
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