Australie : la banque centrale tente de relancer une économie pas assez diversifiée

Par latribune.fr  |   |  636  mots
Des économistes ont estimé que l'essoufflement de l'économie allait se poursuivre, ce qui pourrait conduire à une nouvelle baisse des taux.
La banque centrale d'Australie a abaissé mardi son taux d'intérêt directeur de 25 points de base, à 2,25%, un niveau qui marque sa volonté de stimuler la croissance économique. Le pays pâtit de sa dépendance au secteur minier et à l'immobilier.

Croissance économique "morose", "inférieure au niveau tendanciel", "inflation faible"... ce sont les raisons qui ont poussé la RBA, la banque centrale d'Australie (Reserve Bank of Australia), à abaisser mardi 3 février son taux d'intérêt directeur de 25 points de base. Il se situe désormais à 2,25%, un niveau encore jamais atteint jusqu'à présent et qui marque sa volonté de stimuler la croissance économique.

"Une bonne nouvelle pour l'Australie"

Il s'agit de la première baisse de ce type depuis 18 mois. Cette décision devrait "soutenir davantage la demande, afin de nourrir une croissance durable ainsi que des taux d'inflation conformes aux objectifs", explique la banque centrale.

"C'est une bonne nouvelle pour l'Australie", a commenté le Trésorier, Joe Hockey, l'équivalent du ministre des Finances, ajoutant que la RBA pouvait aller plus loin dans la baisse des taux, compte-tenu du recul des cours de l'or noir, qui éloigne d'autant les risques d'inflation. "Cela va aider l'économie, cela va aider à créer des emplois car les entreprises s'endetteront à moindre coût", de même que les ménages, a-t-il ajouté.

La baisse du pétrole n'avait pas créé la reprise attendue

En raison de la forte baisse des cours du pétrole, qui soulage le portefeuille des automobilistes, certains économistes avaient pourtant prédit que les taux d'intérêt resteraient inchangés.

"La baisse du prix du pétrole devait créer une reprise de la consommation, cela n'a pas été le cas", explique Pascal de Lima, chef économiste à Economic Cell, laboratoire d'observation des marchés et d'études économiques.

Prochaine étape, la dévaluation du dollar australien?

"Le dollar australien (AUD) a baissé de manière notable face à un dollar américain en hausse, bien que la baisse soit moindre face à d'autres devises", relève la banque centrale. Mais "l'AUD reste surévalué (...), en particulier compte-tenu du déclin important des prix des principales matières premières", ajoute la RBA. "Un taux de change plus faible est vraisemblablement nécessaire pour parvenir à une croissance équilibrée."

Le dollar australien s'était affaibli après l'annonce de la baisse du taux directeur, à 76,61 cents contre 78 cents de dollar américain. Mais il est remonté à 77,5 cents, mercredi 4 février à 16 heures (heure française).

Craintes d'une bulle immobilière

Cependant, Pascal de Lima juge que cette baisse du taux directeur fait courir de gros risques à l'économie du pays:

"Le risque majeur se situe du côté des prix immobiliers, qui peuvent repartir à la hausse et faire craindre l'arrivée une bulle immobilière."

Mais la Banque de réserve australienne a expliqué "travailler avec d'autres régulateurs pour évaluer et contenir les risques économiques qui pourraient venir du marché de l'immobilier".

Une économie pas suffisamment diversifiée

Des économistes ont estimé que l'essoufflement de l'économie allait se poursuivre, ce qui pourrait conduire à une nouvelle baisse des taux. "Le ton du communiqué [de la banque, Ndlr] est assez conciliant, avec des préoccupations évidentes concernant la demande intérieure", note l'économiste Warren Hogan, de la banque ANZ (Australia and New Zealand Group): "Notre estimation initiale est que la RBA pourrait très bien continuer sur sa lancée en mars, et cela ouvre la perspective que le taux soit inférieur à 2% cette année", a-t-il ajouté.

Pour Pascal de Lima, le problème de fond de l'Australie, c'est qu'elle souffre d'une économie qui n'est pas assez diversifiée:

"L'Australie a fondé son économie sur les investissements dans le secteur minier, mais aussi dans l'immobilier, deux secteurs qui sont aujourd'hui en baisse. La petite reprise des investissements dans les banques et les services ne compense pas. Le pays vit le contrecoup d'une économie qui n'est pas assez diversifiée. Trente ans après le début de sa mise en place, ce système s'essouffle."