Irving Kahn : huit décennies de trading et de lutte contre la spéculation

Par latribune.fr  |   |  381  mots
Doyen de Wall Street, Irving Kahn aurait développé le concept de marge de sécurité.
Il est l'un des rares traders a avoir vécu à la fois le krach financier de 1929 et la crise de 2008. Irving Kahn, investisseur méticuleux et respecté, est décédé.

Le plus âgé des investisseurs de Wall Street, Irving Kahn, 109 ans, est décédé mardi 24 février. Né en 1905, il a traversé le krach boursier de 1929, la croissance des années d'après-guerre, la dérégulation financière des années 1980, la bulle Internet et même la crise de 2008. Huit décennies après son premier échange d'action à Wall Street, en juin 1929, l'investisseur se déplaçait encore régulièrement jusqu'à son bureau de Manhattan pour suivre les affaires de sa société.

Un trader "méticuleux"

Fondé en 1978, la Kahn Brothers Group, société de courtage et de conseil en investissement, est aujourd'hui présidée par Thomas Kahn, fils d'Irving Kahn, et gère un milliard de dollars au travers de ses filiales. Le soin apporté par le trader à l'étude des sociétés dans lesquelles il voulait investir a en effet porté ses fruits. Fort d'une longue carrière à Wall Street et notamment au sein de Lehman Brothers, le trader était "très méticuleux dans ses calculs", rapporte le New York Times. "Il ne mesurait pas son retour sur investissement sur un trimestre, mais sur cinq ans."

"Si vous voulez investir, pensez 'valeur'"

Recruté comme assistant professeur auprès de Benjamin Graham dès le début de sa carrière, c'est auprès de celui qu'il considère comme "l'homme qui a écrit la Bible du marché" qu'Irving Kahn élabore sa technique d'investissement. Il aurait développé le concept de marge de sécurité, incitant les investisseurs à "acheter des actions largement au-dessous de la valeur intrinsèque de l'entreprise", selon The Economist.

"Si vous voulez investir, pensez 'valeur'. Pensez 'risque de retournement du marché'. (...) Évitez les options. Cherchez des titres sécurisés et conservez-les pendant trois à cinq ans. (...) Protégez-vous", expliquait-il dans les colonnes de Bloomberg en 2012.

Des cellules et des conseils pour la postérité

Sept ans après l'une des plus importantes crises financières de l'Histoire, ses conseils, maintes fois répétés, lui survivront-ils ? Ses cellules d'ADN, elles, resteront. Troisième enfant d'une fratrie de centenaires, tous décédés aujourd'hui, Irving Kahn a confié ses cellules à l'Institut de recherche sur le vieillissement du collège de médecine américain Albert Einstein.