UniCredit : Alessandro Profumo poussé à la démission

Sauf coup de théâtre, le départ d'Alessandro Profumo, administrateur délégué de la première banque italienne, sera acté ce mardi soir. Il paye ainsi la montée en puissance des actionnaires libyens dans le capital de la banque et des résultats inférieurs à ceux de ses concurrentes.

Dieter Rampl, président d'UniCredit , va être nommé ce mardi soir administrateur délégué par intérim de la première banque italienne afin de remplacer Alessandro Profumo, qui devrait démissioner en fin de journée, jusqu'à ce qu'un successeur lui soit trouvé, selon des sources concordantes. Tout aurait été décidé lors d'une réunion dimanche dernier entre les fondations italiennes actionnaires de la banque et Dieter Rampl.

Le quotidien italien Il Corriere della Sera rapporte de son côté, sur son site Internet, qu'Alessandro Profumo a démissionné de ses fonctions, information toutefois démentie par un porte-parole de la banque.

Des sources financières ont auparavant rapporté qu'Alessandro Profumo pourrait être contraint de démissionner, fragilisé par la montée en puissance des actionnaires libyens et des résultats de la banque inférieurs à ses concurrentes.

L'actuel administrateur délégué d'UniCredit, qui a menacé de quitter le groupe s'il n'obtenait pas le soutien des actionnaires sur sa stratégie, devrait remettre sa démission lors d'une réunion spéciale du conseil d'administration qui débutera ce mardi à 16 h GMT. Alessandro Profumo est à l'origine de la transformation d'UniCredit en établissement d'envergure européenne, et certains analystes craignent que son départ ne laisse la banque à la dérive alors qu'elle a du mal à se rétablir depuis la crise financière, et après avoir réalisé plusieurs acquisitions.

Pour remplacer à terme Alessandro Profumo, la presse italienne cite notamment les noms de l'ancien dirigeant de Goldman Sachs, Claudio Costamagna, et de Matteo Arpe, ancien administrateur délégué de la banque Capitalia, rachetée par UniCredit en 2007.

En cas de choix en interne, les quatre administrateurs adjoints Sergio Ermotti, qui dirige la banque d'investissement, Paolo Fiorentino, à la tête de la division banque internationale, Roberto Nicastro, chef de la banque de détail, et Federico Ghizzoni, patron des activités en Europe centrale et orientale, figurent parmi les favoris.

Vers 13 h GMT, le titre UniCredit cédait 1,86%, après avoir chuté de près de 4% en matinée, tandis qu'au même moment l'indice Stoxx 600 regroupant les principales valeurs européennes gagnait 0,67%.

Certains investisseurs estiment que le changement d'administrateur délégué apportera du sang neuf et de nouvelles idées pour améliorer l'activité traditionnelle du groupe et réduire les créances douteuses, alors qu'Alessandro Profumo est l'un des plus anciens dirigeants en place à la tête d'une banque européenne, a déclaré un courtier milanais à Reuters.

Les relations entre Alessandro Profumo et Dieter Rampl s'étaient dégradées au cours des six derniers mois, le dernier accroc en date étant le silence de l'administrateur délégué sur les investisseurs libyens, a précisé une source interne à HVB, filiale munichoise de la banque italienne.

Les analystes ajoutent qu'Alessandro Profumo est également fragilisé par les résultats de la banque, qui subissent encore les effets de la crise financière.

Le rendement des fonds propres d'UniCredit est de 2,85%, soit à peu près la moitié de ce qui est constaté pour les banques de la zone euro, selon les données de Thomson Reuters. Son coût du risque, qui repose sur le montant des charges de créances douteuses provisionnées, n'a en outre baissé que légèrement au deuxième trimestre.

Les actionnaires d'UniCredit emmenés par les fondations italiennes politiquement liées aux régions de la péninsule ont dû subir deux augmentations de capital pour un montant total de sept milliards d'euros pendant la crise financière, ainsi qu'un dividende en titres sur les résultats de 2009, la banque voulant ainsi renforcer ses fonds propres.

Lors de son arrivée au siège de la banque mardi, Alessandro Profumo ne s'est pas adressé aux journalistes présents.

Une source avait déclaré à Reuters en mars qu'Alessandro Profumo avait menacé de démissionner à la suite d'un désaccord avec les fondations italiennes sur son plan de restructuration en Italie. L'administrateur délégué avait toutefois nié cette information.

La Banque d'Italie et le ministère italien de l'Economie s'inquiètent des effets sur l'économie de l'instabilité d'UniCredit, ont rapporté mardi les journaux Il Corriere della Sera et La Stampa.

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