La Société Générale victime de l'extrême nervosité des marchés

Par Laura Fort  |   |  626  mots
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Pourquoi tant de haine ? Tout le secteur bancaire est chahuté, mais c'est la banque dirigée par Frédéric Oudéa qui attire le plus les foudres boursières. Sa chute en fait une cible.

Bouc émissaire des marchés, Société Générale  accumule les clôtures dans le rouge. Depuis le début de l'année, le titre a perdu 48,11 %. Jeudi dernier, les valeurs bancaires ont été malmenées, en partie du fait d'annonces de la Fed sur le niveau de liquidité des banques européennes. Mais Société Généralecute; Générale a trinqué plus que les autres, abandonnant 12,34 %, tandis que BNP Paribas et Crédit Agricole  perdaient respectivement 6,76 % et 7,12 %.

Image tourmentée

« Lorsque les valeurs bancaires sont dans la tourmente, il y a toujours une défiance plus forte envers Société Généralecute; Générale », constate Jérémy Gaudichon, gérant de fonds chez KBL Richelieu. Même constat pour Christophe Nijdam, analyste chez AlphaValue, « aujourd'hui, si les investisseurs doivent faire un choix pour alléger leurs positions sur le secteur bancaire français, ils risquent plutôt de se délester d'actions Société Généralecute; Générale que de BNP Paribas ».

L'image de la banque est tourmentée depuis l'affaire Kerviel, et ne cesse de susciter les rumeurs les plus folles. Dernière en date, celle lancée le 8?août par le « Mail on Sunday », fermement démentie. Le journal, qui a présenté ses excuses à la banque, annonçait que Société Généralecute; Générale allait avoir besoin d'un plan de sauvetage. Malgré le démenti et les prises de parole de Frédéric Oudéa, son PDG (dimanche encore, il intervenait dans les colonnes du « JDD » pour rassurer), la banque a souffert de ce mauvais scénario qui a fait chuter l'action jusqu'à 22,5 % en une journée.

S'ajoute à cela un avertissement sur résultats le 3?août. La banque a annoncé qu'elle ne pourrait pas tenir son objectif de résultat net part du groupe de 6?milliards à horizon 2012. De plus, d'aucuns remarquent que son plan, Ambition 2015, ?ne livre des objectifs financiers qu'à l'horizon 2012. De quoi susciter la méfiance des analystes et des investisseurs.

Sans compter sur un environnement économique et financier défavorable au secteur bancaire. La crise de la dette n'est pas résolue et concentre de nombreuses inquiétudes. Mais Société Généralecute; Générale est pourtant moins exposée aux dettes souveraines des pays périphériques de la zone euro que BNP Paribas : à fin juin, elle présente une exposition nette de 10 milliards d'euros, contre 39 milliards d'euros pour la banque aux étoiles.

Peut-on alors craindre une OPA hostile sur Société Généralecute; Générale, qui ne capitalise plus que 16 milliards d'euros après en avoir valu plus de 100 ? « À plus long terme, une OPA sur Société Généralecute; Générale est possible et envisageable. Mais pour un acquéreur hostile, elle est dotée de plusieurs pilules empoisonnées car elle a bâti de nombreux joint-ventures et les salariés détiennent 11,2 % des droits de vote », estime Christophe Nijdam. En outre, une offensive étrangère serait très certainement mise à mal par les instances publiques. Quant à de nouvelles visées de la part de BNP Paribas, on imagine mal la fusion de leurs deux réseaux après l'acquisition du Crédit Lyonnais par le Crédit Agricolegricole.

Pourtant, la banque au logo rouge et noir présente des fondamentaux robustes. Elle a annoncé qu'elle dépassera les 9?% de ratio de fonds propres durs à l'heure de l'entrée en vigueur de Bâle III en 2013, sans recourir à une augmentation de capital. À fin juin 2011, il s'établit à 9,3 % contre 8,5 % fin 2010.

Mais les marchés passent outre les bons résultats et le renforcement des fonds propres. « Actuellement, ils quittent le domaine du rationnel », reconnaît Christophe Nijdam.