Les bons mots du patron de La Banque Postale

Par Laura Fort  |   |  792  mots
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Jeudi, lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, le dirigeant de La Banque Postale n'a pas lésiné sur les formules chocs. Dette grecque, crédit, assurance vie, augmentation de capital, tout y passe... Florilège.

"Depuis que des chinois et des lombards ont fondé les banques, notre tâche est double : gérer le risque et le temps"

Les banques ont besoin de stabilité pour gérer les risques. Dans le contexte actuel, Philippe Wahl met en avant le fait que les banques ont de plus en plus de mal à absorber les chocs. Il serait bon, selon lui, de réfléchir à l'impact de la volatilité des règles comptables sur le secteur bancaire.

"Dans le contexte actuel, La Banque Postale continue à tracer sa route"

Même si la banque a elle aussi été impactée par la Grèce, son plan de marche commercial ne s'en trouve pas affecté. Après avoir lancé en 2010 le crédit à la consommation et l'assurance dommages, La Banque Postale vient d'obtenir l'agrément pour proposer une offre de financement aux entreprises et associations. Elle distribuera une offre d'assurance santé avec La Mutuelle Générale d'ici la fin de l'année. La banque compte atteindre un produit net bancaire de 6,7 milliards d'euros en 2015, contre 2,7 milliards aujourd'hui, et un résultat brut d'exploitation de 1,6 milliards d'euros contre 441 millions d'euros.

"Aujourd'hui, il n'existe pas de prix de marché pour les titres grecs. Une décote de 21% a été décidée, et nous l'avons suivie. Celui qui connaît le prix de marché se fie à des impressions. Laissons les impressionnistes à la peinture !"

La banque n'a pas été épargnée par la Grèce. La Banque Postale détient 750 millions d'euros de titres grecs d'une maturité inférieure à 2020. Après la prise en compte de 104 millions d'euros de décote sur les titres grecs détenus en portefeuille, le résultat net part du groupe accuse une perte de 31,9% à fin juin 2011.

"Historiquement, c'est la fin de notre longue marche pour disposer de l'ensemble des produits de banque de détail. Maintenant commence une nouvelle étape : celle des preuves et des résultats"

La Banque Postale a obtenu le 5 septembre l'agrément de l'Autorité de contrôle prudentiel, qui lui permet de proposer des financements aux personnes morales (PME, TPE, associations, bailleurs sociaux...). A l'automne, une offre de facilité de caisse et de crédit-bail mobilier leur sera proposée, avec l'aide de Franfinance (filiale de Société Générale). D'ici fin 2011, la banque distribuera du crédit moyen terme pour la création et la reprise d'entreprise. Le marché des associations et des bailleurs sociaux est appelé à devenir le 2ème marché de la banque d'ici 2015. Il représente aujourd'hui 6% de son PNB.

" Premiers crédits en automne, premiers risques au printemps "

A la question de savoir si la banque a bien évalué le risque que peut représenter sa nouvelle activité de financement aux entreprises, Philippe Wahl a répondu sereinement. Pour lui, il n'y a pas de raison que la sinistralité des entreprises soit plus élevée que pour les autres banques. D'autant plus que la banque va d'abord équiper les entreprises déjà clientes, ce qui lui permet de bien apprécier ce risque.

"L'augmentation de capital va se consommer doucement"

La banque a lancé le 26 septembre la première augmentation de capital de son histoire, d'un montant de 860 millions d'euros. Cette somme sera prélevée sur les 2,7 milliards d'euros déjà levés en avril auprès de l'Etat et de la Caisse des dépôts par le groupe La Poste. Elle est avant tout destinée à soutenir le développement commercial de la banque, à commencer par celui des crédits, très consommateurs de capital. Elle est aussi vouée à renforcer ses fonds propres et sa solvabilité.

"L'assurance vie a pâti d'une instabilité fiscale et législative. Je reste dans la litote... "

La Banque Postale affiche une baisse de sa collecte brute de 10,6% à fin juin, quasiment dans la même mesure que le marché (-11%). Au premier semestre, plus de 130 000 contrats d'assurance vie ont néanmoins été ouverts, dont 26 500 contrats Cachemire.

"Nous n'avons pas l'intention de perdre notre âme"

Philippe Wahl souhaite continuer à développer l'aide bancaire et financière aux « clientèles fragiles », cible historique de la banque. Pour cela, la banque va s'appuyer sur l'Union nationale des centres communaux d'action sociale pour lancer une offre destinée à accompagner les personnes en situation e fragilité financière. Par ailleurs, depuis l'an dernier, la banque a lancé un dispositif visant à prévenir le risque d'endettement avec l'association CRESUS : 171 accompagnements budgétaires ont été réalisés dans ce cadre.

Les chiffres clés du premier semestre 2011 :

Produit net bancaire : 2671 millions d'euros (+1,2%)
Résultat brut d'exploitation : 441 millions d'euros (-3,3%)
Résultat net part du groupe : 258 millions d'euros (-31,9%) * (Hors impact Grèce : -4,5%)
Charges d'exploitation : 2230 millions d'euros (+2,1%)
Ratio Core Tier One : 10,6% (13,2% après l'augmentation de capital)