L'hallucinante interview du stratège de Lehman, une semaine avant sa faillite

Par Propos recueillis par Éric Chalmet  |   |  398  mots
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Une semaine avant la faillite de Lehman Brothers, son stratégiste actions pour le monde, Ian Scott, avait accordé un entretien à La Tribune. Le responsable qui avait accepté de parler des valeurs bancaires américaines, mais pas de Lehman Brothers, anticipait alors un rebond de Wall Street. Car la politique accommodante de la Fed devait soutenir les valeurs financières...

Où va la Bourse américaine ?

L'indice S&P 500 devrait finir l'année à 1.450 points, soit une hausse d'environ 13 % sur son niveau actuel (l'indice perdra en fait 27,2% entre cet entretien et la fin d'année et chutera jusqu'à 676 points en mars 2009, ndlr). Cela effacera l'essentiel du repli de cet été. Nous n'avons pas encore établi de projection formelle pour 2009, mais le rebond du marché américain, qui démarrera d'ici à la fin 2008, devrait se poursuivre.

Le contexte économique prête-t-il à l'optimisme ?

Non, le PIB des États-Unis devrait ralentir puis reculer de 0,5 % au dernier trimestre 2008. Toutefois, un allégement des pressions inflationnistes permettra à la Réserve fédérale d'abaisser son taux directeur de 50 points de base au premier trimestre de 2009, pour le ramener à 1,50 %. En d'autres circonstances, les incertitudes liées à l'élection présidentielle auraient davantage pesé sur Wall Street. Mais pour les opérateurs, seules la situation économique, l'inflation et la réponse qu'ils attendent de la Fed ont de l'importance.

En dehors des taux, quels facteurs justifient-ils votre optimisme ?

La valorisation des actions est plutôt attrayante. Si l'on prend pour référence le consensus des résultats, celui pour 2008 s'établit à 15, bien inférieur à la moyenne historique de 16. Par ailleurs, les investisseurs ont placé énormément d'argent sur le marché monétaire dont une partie devrait retrouver le chemin de la Bourse. Actuellement, ces placements s'élèvent à 3.000 milliards de dollars aux États-Unis, ce qui représente 23 % de la capitalisation des sociétés du S&P 500 ; un montant analogue à celui constaté juste avant le rally de Wall Street en 2002. Enfin, le rythme de la révision à la baisse des résultats des entreprises par les analystes va continuer à décélérer. Actuellement, aux États-Unis, le nombre de révisions à la baisse des résultats est supérieur de 5 % aux révisions à la hausse. En mars, cet écart s'inscrivait à 10 %.

Quelles sont les perspectives des valeurs financières ?

L'essentiel des actifs dépréciés ou susceptibles de l'être a été identifié et les efforts de recapitalisation ont été réalisés ou sont en cours. Le recul de l'inflation et la baisse des taux devraient soutenir les banques américaines. Voilà pourquoi nous conseillons à nos clients de « surpondérer » le secteur des financières, aux côtés de la haute technologie, des biens de consommation cyclique et de la santé.