Crédit Mutuel Arkéa : un accord vient d'être trouvé après onze jours de grève

Par Thierry Serrouya et Séverine Sollier  |   |  801  mots
Jean-Pierre Denis, président du Crédit Mutuel Arkea. Copyright Reuters
Un accord a été trouvé entre les syndicats et la direction du Crédit Mutuel Arkéa, vendredi en fin d'après-midi, sur les augmentations salariales. Après onze jours de mobilisation, la grève prend fin.

Depuis le 27 septembre, un conflit social opposait  la direction du Crédit Mutuel Arkéa (Fédérations de Bretagne, Massif Central et Sud-ouest) et ses salariés. Le bras de fer prend fin puisque un accord a été trouvé en fin d'après-midi vendredi 7 octobre entre les deux parties. Alors que les salariés avaient voté, lors d'une assemblée générale  tenue le matin même , la reconduction de la grève lundi.  Elle est donc suspendue. Toutefois d'un point de vue formel, l'accord ne sera signé que dans le courant de la semaine prochaine. Il est donc difficile de dire si la totalité des organisations syndicales le signeront. Mais la première dans l'entreprise, la CFDT a indiqué sa volonté de signer.

Des augmentationsde 100 euros par mois  pour les salariés gagnant moins de 30 000 euros par an

D'après un courrier de la direction adressée aux salariés que s'est procurée La Tribune.fr la quatrième série de propositions a emporté l'adhésion des représentants syndicaux.Les syndicats ont donc accepté l'augmentation de 40 points pour chaque collaborateur dont la rémunération est inférieure à 30 000 euros annuels bruts - soit environ 102 euros par mois sachant qu'un point vaut 2,5484 euros- et l'augmentation de 20 points pour chaque collaborateur (soit près de 51 euros) dont la rémunération est comprise entre 30 000 euro et 40 000 euros annuels bruts. Pour Pierre Jubil, délégué  CFDT du Crédit Mutuel Arkea, "il s'agit d'augmentation pérennes, c'est décisif car jusqu'à aujourd'hui la direction les refusait".

Des concessions de part et d'autre

Chaque partie a donc fait un pas important. L'intersyndicale (CFDT, UNSA, CGT, SNB CGE/CGC) a accepté de reduire ses objectifs. Elle réclamait au départ une augmentation de 2000 euros annuels pour tous, puis ces derniers jours elle avait révisé ses revendications et demandait une augmentation indiciaire des salaires de 60 points (environ 150 euros par mois) pour les salaires inférieures à 30 000 euros bruts par an. Une mesure dégressive. L'intersyndicale avait par ailleurs proposé que les personnes qui gagnent plus 50 000 euros bruts par an ne soient pas concernés.

Pour sa part, la direction de la banque a dû accepter des augmentations collectives auxquelles elle voulait mettre fin. Par ailleurs, le principe de la revalorisation du point (revalorisation annuelle selon l'indice INSEE) n'a pas été remis en question, se félicite Pierre Jubil de la CFDT. Or le point est l'unité de référence de toute la rémunération dans la banque.

4500 personnes concernées par les augmentations de salaires


Au final les deux mesures de l'accord concernent, selon le directeur général du Crédit Mutuel Arkea Ronan Le Moal, plus de 70% des salariés de l'union économique et sociale Arkade qui compte environ  6500 personnes pour près de 9000 salariés au total dans le groupe Arkea (filiales comprises).

Par ailleurs, l'accord prévoit également  une enveloppe de 30 000 points à distribuer en concertation avec les partenaires sociaux, dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire sur les salaires de 2012; et enfin, le versement dès à présent d'un complément d'intéressement. de 300 ? pour tous.


  La rémunération des dirigeants critiquée

 Il aura donc fallu 11 jours de grève pour que le conflit se dénoue. Placé en première ligne des négociations le directeur général Rona Le Moal avait d'abord adopté une attitude très ferme invoquant les engagements pris dans le cadre du plan stratégique de l'entreprise Horizons 2015 qui avait été globalement approuvé par les organisations syndicales. " Ce plan prévoyait la rénovation du contrat social...mais manifestement nous ne le comprenons pas de la même manière ", remarque Pierre Jubil.

Ce qui a vriament mis le feu aux poudres et qui explique sans doute la dureté du conflit très fortement suivi en Bretagne, c'est la révél&tion de l'augmentation des rémunérations globales des principaux cadres dirigeants : une variation de 15% de la part fixe soit au total 50% de rémunération supplémentaire pour atteindre 615 000 euros pour Jean-Pierre Denis, le président et 490 000 euros pour le directeur général Ronon Le Moal, indique un dossier de presse de l'intersyndicale.

Une société pour les cadres dirigeants

Par ailleurs, la découverte de la création, en juin, de Arkéa SCD (Société des cadres de direction) pour "accueillir" les 126 cadres dirigeants du groupe n'a fait qu'amplifier le mécontentement des salariés. Cette société a été présentée comme un moyen de gestion administrative de travail pour faciliter la mobilité à l'intérieur du groupe. C'est le statut de société anonyme que remettent en cause les syndicats, considérant que cela ne correspond pas aux valeurs mutualistes de la banque.