La France émet sans problème plus de 9 milliards d'euros de dette

La première adjudication de dette de la présidence Hollande est une réussite. Si les investisseurs ont encore confiance dans la signature "France", le succès de l'opération s'explique aussi par des facteurs plus techniques.
Copyright Reuters

La première adjudication de dette française de la présidence Hollande a permis de lever plus de 9 milliards d'euros ce matin.

Plusieurs lignes de dette existantes ont été abondées : deux BTAN (bons du Trésor à taux fixe et intérêts annuels) à 2 et 5 ans pour 2,5 et 3,7 milliards d'euros, deux OAT (obligations assimilables du Trésor) à 3 et 4 ans pour 945 et 895 millions d'euros et trois OAT indexées sur l'inflation à 10,11 et 15 ans pour un total de 1,2 milliard d'euros.

Un test réussi pour l'Agence France Trésor

Pour l'Agence France Trésor, le test est réussi. Elle se devait de placer la dette dans de bonnes conditions, car des rumeurs avaient circulé début mai autour d'une possible attaque de la dette française après les élections. Alors que les taux espagnols à 10 ans flirtaient avec les 6,50 % (le spread ou écart de taux avec l'Allemagne a dépassé pour la première fois les 500 points de base) ce matin et que l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro pèse sur l'ensemble des dettes dites « périphériques », l'AFT a placé sa dette à des rendements plus bas que lors des dernières opérations comparables. Le rendement offert pour l'emprunt à 5 ans (1,72 %) a même atteint son niveau le plus bas depuis la création de la zone euro, fait remarquer l'Agence France Trésor.

Le Bund, valeur refuge

De son côté, l'Allemagne, référence sur le marché des dettes souveraines de la zone euro, a adjugé 4,1 milliards d'euros de Bund à 10 ans, avec un ratio de couverture de 1,5 (contre 1,36 en moyenne depuis le début de l'année). L'émission s'est faite à un taux historiquement bas de 1,47 %. Mardi, sur le marché secondaire, le rendement du Bund à 10 ans était tombé à 1,43 %.

L'appétit pour la dette française : des raisons fondamentales ... et d'autres plus techniques

Comment expliquer, dans un contexte de marché aussi détérioré, une telle robustesse de la demande pour la dette française ? Plusieurs raisons peuvent être avancées :

- En dépit de la situation de leurs finances publiques, la France, les Pays-Bas et la Belgique ne sont pas considérés comme des pays à risque par les investisseurs. Ils peuvent donc continuer à offrir des primes de risque faibles, même si la discrimination avec les emprunts d'Etat allemands est de plus en plus marquée. Depuis les élections grecques, le taux français à 10 ans n'a grimpé que de 7 points de base (de 2,83 % à 2,90 %), alors que le taux espagnol a « gagné » plus de 55 points de base et que celui du Bund allemand (considéré comme la valeur refuge par excellence) s'est détendu d'une dizaine de points de base.

- Le président nouvellement élu, François Hollande, a affiché sa volonté de ramener les comptes publics à l'équilibre en 2017.

- L'hypothèse d'un éclatement de la zone euro est de plus en plus prise en compte par les opérateurs de marché. « Des investisseurs comme les compagnies d'assurance françaises qui achètent des obligations à dix ans ou plus pour les garder jusqu'à échéance ont tout intérêt à limiter la diversification géographique à l'intérieur de la zone euro : en cas de retour au franc, ils seront moins pénalisés avec de la dette française qu'avec de la dette allemande », remarque Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC.

- Enfin, techniquement, les adjudications de l'AFT sont organisées de façon à garantir un certain niveau de demande. Les vingt banques spécialistes en valeurs du Trésor agissent comme des grossistes de la dette. Après avoir renseigné l'AFT sur l'appétit des investisseurs pour telle ou telle ligne de dette la semaine précédant l'opération, elles participent aux adjudications, puis placent les valeurs du Trésor auprès des investisseurs. Elles sont incitées à participer « activement » pour conserver leur label de « SVT ». Celui-ci est précieux car la visibilité et la crédibilité qu'il leur donne leur permet ensuite de décrocher de lucratifs mandats. De plus, l'AFT met les banques en concurrence. Chaque année, elle publie un palmarès des SVT les plus actifs. « L'évaluation de l'activité des SVT prend en compte l'ensemble de leurs missions : la participation aux adjudications, la présence sur le marché secondaire, les aspects qualitatifs de la relation la qualité opérationnelle, la qualité du conseil, la proximité et la stabilité de la relation avec l'AFT », précise l'agence sur son site.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 13
à écrit le 18/05/2012 à 17:48
Signaler
Il y a une autre grille de lecture. Jusqu'à présent, la majorité de la dette était détenue par des étrangers. Leur faire appel aujourd'hui générerait des taux supérieurs et embarrassants. Ainsi, l'État force la main des banques hexagonales pour qu'el...

à écrit le 17/05/2012 à 14:34
Signaler
Au choix: a) 40 ans et plus pour rembourser la dette, ou, b) aller jusqu'au bout des emprunts et ......faire défaut, dévaluer et en 3 ou 4 ans être sorti de l'enfer !!!!!

le 17/05/2012 à 17:24
Signaler
Le défaut n'arrangerait rien du tout. Les banques françaises qui ont achetés de grandes quantités de bons du trésor feraient alors des pertes immenses ce qui les condamneraient à la faillite. On se trouverait alors dans une impasse : soit on laisse l...

le 18/05/2012 à 9:40
Signaler
@ mat Que les banques vendent tout leur immobilier pour se renflouer ! J'ai été dans les "affaires" et en difficulté passagère, les banques ne m'avaient pas fait de cadeau et m'avaient obligé à réaliser certains actifs immobiliers! pourquoi j'ai subi...

à écrit le 17/05/2012 à 13:19
Signaler
et les contribuables sont ravis de constater qu'ils vont payer de plus en plus d'impôts, et que la dette tue l'emploi tous les jours ! merci Il faudrait baisser de 40% la dépense publique et c'est facile, il suffit d'aller voir comment font les meill...

le 17/05/2012 à 13:39
Signaler
Les Alsaciens vont supprimer les 2 conseils généraux et le conseil régional pour n'avoir plus qu'une seule assemblée. Qui les imitera ? Sans oublier les 36 000 communes, les comccoms et les SIVOM.

à écrit le 17/05/2012 à 13:09
Signaler
A lire cet article, on pourrait croire que c'est un véritable succès alors que le trou ne cesse de se creuser. Toujours de l'emprunt et encore de l'emprunt et jamais d'économies. En fait c'est juste pour boucler la fin du mois (salaires des fonctionn...

à écrit le 16/05/2012 à 19:19
Signaler
Quelle naivite de la part de nos politiciens francais, le piege se referme la dette francaise de1,7 billion euros ne peut plus etre comblee. Il ne faut plus empreinter, la degradation par les agences de notation vont s'accentuees la faillite franca...

le 16/05/2012 à 21:03
Signaler
Je ne sais s'il y a un piège de la dette française mais ce qui est certain est qu'il y a un naufrage de votre orthographe et vocabulaire français: "billion" anglicisme pour milliard, "piège" sans accent, "etre comblee"idem, "empreinter" doit être un ...

le 16/05/2012 à 22:05
Signaler
Merci de m'indiquer mes fautes d'orthographe c'est un mauvais jour pour moi semble t-il.......Mais.1000 milliards correspond a un billion meme en France. Mon clavier n 'est pas francais.Merci

le 16/05/2012 à 22:16
Signaler
Ouuuuuhh ça casse ^^

le 17/05/2012 à 13:23
Signaler
he oui hectopascal, l'ortografe c'est bien plus important que l'analyse économique et le constat de la faillite et absence de mesures courageuses. Sans doute une remarque de l'usine à produire l'illettrisme et qui a voté pour rester au chaud et envoi...

le 17/05/2012 à 20:20
Signaler
Mauvaise foi, quand tu nous tiens!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.