La Grèce fait tanguer les marchés et glisser l'euro

Pour la première fois, l'Allemagne, dont les coûts d'émission ne cessent de se réduire depuis le début de la crise, a placé de la dette à un taux proche de 0 %.
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L'éventualité d'une sortie de la Grèce de la zone euro a fait tanguer les marchés ce mercredi. Pendant que les Bourses européennes enregistraient de fortes baisses (-2,62 % à 3.003,27 points pour le CAC 40), la devise européenne poursuivait sa glissade.

L'euro sous 1,26 dollar

Elle est passée sous la barre de 1,26 dollar ce mercredi, son plus bas niveau depuis l'été 2010. En cause : les inquiétudes autour d'une sortie de la Grèce de la zone euro et les interrogations sur l'issue du Conseil européen informel de ce soir. Toute la journée, les dirigeants européens ont répété qu'ils souhaitaient le maintien de la Grèce dans l'Union monétaire. Mais selon plusieurs sources, le comité de préparation de l'Eurogroupe a demandé à ses membres de préparer chacun de leur côté un plan d'urgence dans l'éventualité d'une sortie d'Athènes. Dans le Wall Street Journal, le premier ministre grec sortant Lucas Papademos lui-même a estimé qu'on ne pouvait exclure de planifier un abandon par la Grèce de la monnaie commune. "Bien qu'un tel scénario soit peu probable et qu'il n'est souhaitable ni pour la Grèce ni pour d'autres pays, on ne peut exclure que des préparatifs soient en cours pour contenir les conséquences potentielles d'une sortie grecque de la zone euro", a-t-il déclaré.

Record de faiblesse des taux allemands

Autre symptôme de la fébrilité des marchés, la tendance des investisseurs à chercher refuge vers les actifs considérés comme "sûrs". Le rendement de l'emprunt d'Etat allemand à 10 ans, le fameux Bund, a battu un nouveau record de faiblesse, à 1,38 % - les taux allemands à 30 ans, eux, sont tombés sous 2 % -, entraînant avec lui l'ensemble des titres de dette des pays « cœur » de la zone euro. Les taux français à 10 ans évoluaient autour de 2,60% en fin d'après-midi.

L'Allemagne emprunte quasiment gratuitement sur les marchés

Pour la première fois, l'Allemagne, dont les coûts d'émission ne cessent de se réduire depuis le début de la crise, a placé de la dette avec un coupon de 0 %. Le prix à l'émission des obligations ayant été fixé juste en-dessous de leur valeur nominale, le rendement de ces emprunts à 2 ans apparaît légèrement positif (0,07 %). Autrement dit, grâce à la crise grecque, l'Allemagne a pu emprunter 4,56 milliards d'euros quasiment gratuitement.

Les investisseurs s'intéressent plus au retour de leur investissement qu'à leur retour sur investissement

Comment expliquer l'attrait des investisseurs pour des titres qui non seulement ne leur rapporteront rien, mais, l'inflation étant positive, leur feront perdre de l'argent ? « Beaucoup de compagnies d'assurance ou de fonds de pension n'ont pas vraiment le choix », souligne René Defossez, responsable de la stratégie taux chez Natixis. N'ayant plus le droit d'acheter la dette émise par les pays du Sud de l'Europe et ne pouvant plus ignorer le pire des scénarios, celui d'une sortie de la Grèce et d'une contagion de la crise à un nombre de plus en plus important de pays de la zone euro, « ils choisissent la dette du pays le plus sûr », explique-t-il. Au moins ont-ils la certitude de récupérer leur argent.
Plusieurs spécialistes du marché obligataire estiment d'ailleurs que tant que la zone euro ne sera pas sortie de la crise, les investisseurs devront se contenter de rendements très faibles voire négatifs sur les emprunts d'Etat aux échéances les plus rapprochées. Une forme de prime d'assurance face au risque d'explosion de la zone euro. Les conséquences seraient telles que les investisseurs s'intéressent plus au retour de leur investissement qu'à leur retour sur investissement.
 

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Commentaires 3
à écrit le 23/05/2012 à 20:58
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Je veux savoir les causes profondes de cette crise...

le 23/05/2012 à 23:22
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Une seule cause : la cupidité.

le 24/05/2012 à 12:12
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+1 Martine.

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